Le giga succès du single "Can’t Fight This Feeling" a improbablement sauvé les REO SPEEDWAGON de la relégation en seconde division puis de l’oubli réservé aux loosers. Précisons que leur musique assez monochrome risque fort de passer à la trappe rapidement. Mais ce titre légendaire est sorti juste à temps pour relancer leur carrière. Il faut désormais surfer sur ce succès et, à cette fin, les gars de l’Illinois n’ont rien trouvé de mieux qu’une toile composée de 4 couleurs, ce qui nous change quelque peu, il est vrai, des sempiternelles images concoctées par Hypgnosis. Il s’agit du douzième opus du groupe et la mode ne va pas vraiment dans leur sens en cette presque fin de décennie.

Trois singles ! Les intonations de "That Ain’t Love" doivent en revanche tout à la pop et les synthés sonnent terriblement datés, c’est un des legs des eighties. Et cela handicape fortement le son de ce titre. Ce premier single a pourtant trusté le top 20. Nous continuons avec cette terrible sucrerie qu’est "In My Dreams", dont je déconseille vivement l’écoute tant elle sonne kitsch. Mais c’est un nouveau top 20. Je suis donc plus fan du "Variety Tonight" de Neal, même si nous sommes désormais tellement loin d’un quelconque son Hard rock, j’entends même quelques intonations New wave ici, sauvés que nous sommes par les fulgurances de Gary à la six cordes, on atteint avec peine le top 60.

On embraye aussitôt avec le rythme trépidant de "New Way To Love", doté d'un piano bien dynamique de Neal Doughty et d'un solo toujours aussi bien senti de Gary Richrath qui, s’il a perdu la main sur son groupe, reste un guitariste racé et injustement sous-estimé. Ce chouette titre a été envisagé pour faire partie de la B.O de Top Gun. Nul doute que cela aurait changé la donne pour le groupe. On apprécie les aspects cuivrés et jazzy de "Tired Of Getting Nowhere", dont le superbe solo de Neal Doughty est fort bien troussé. Kevin Cronin retrouve un peu de sa superbe sur ce titre bien troussé.

L’équipe Kelly/Steinberg vient en aide à nos rockeurs sur 3 compos. Le duo fait preuve d'un brio certain : "Like A Virgin" de MADONNA ou "Eternal Flame" des BANGLES. C’est eux ! Alors oui, Gary a composé avec moi "Screams And Whispers", et il faut admettre qu’il manque des couilles à ce refrain pauvret. Bien sûr, la gratte de Gary reste là, toute belle, mais le titre se révèle proche de l’indigence, malgré son métronome à la "Are You Experienced" du Jimi HENDRIX EXPERIENCE. Le résultat sur "Can’t Get You Out Of My Heart", composé avec Kevin, est vraiment hors de propos car nous quittons les rivages de l’AOR pour nous rapprocher d’une pop variété sans éclat. Tout ceci est bien trop édulcoré pour mes pauvres oreilles ! Enfin, "Over The Edge" sonne comme du sous Bryan ADAMS.

Au milieu de cette débauche de sucreries, on a l’impression que Kevin peut se réveiller et de nouveau taquiner des gros riffs. Hélas, la première impression n’était pas le bonne et "One Too Many Girlfriend" reste juste un titre à la gloire des séducteurs impénitents. Que puis-je dire, ce sont les années huitante. On n'a pas d’excuses. Bruce Hall a comme à l’accoutumée droit à sa petite composition, qu’il chante. Cette fois, il s’agit de "Accidents Can Happen" et ce titre carrément New Wave est d’une platitude rare.

Il est indéniable que le rebond sera de courte durée. Les singles ne sont pas passés inaperçus, mais on sent bien que la pente descendante s’amorce. Les tensions montent dans le groupe : Gary Richrath et le batteur Alan Gratzer claquent la porte avec fracas après la sortie de cet opus. On accuse une forte baisse de niveau et cela se ressent dans la note : deux étoiles pointés !