Depuis l’album 1988 paru en 2017, BIGA*RANX ne nous a jamais déçu en nous proposant invariablement des productions qui alliaient personnalité et qualité. Son Vapor Dub assez minimaliste n’a cessé de nous envouter grâce à son charme langoureux. Le bonhomme parvenant souvent à nous surprendre avec ses petites trouvailles sonores. C’est donc avec plaisir qu’on le voit revenir avec pas moins de seize nouveaux titres, pour ce qui est son huitième album. On y retrouve le style qui a fait sa renommée. Ce mélange de Reggae, d’Electro, de Funk proposé dans une version plutôt lente et Lo-fi. C’est brumeux, planant, parfois un peu sale et truffé d’effets sonores assez rugueux générant une ambiance assez nonchalante. Ce Vapor Dub dans lequel il excelle.
Et une fois de plus il fait souvent mouche.

C’est ainsi le cas avec "Velib", un titre assez minimalisme, possédant un côté entêtant. Le mélange de poésie et de rythmiques lourdes nous emportent sans peine dans ce qui pourrait être une sorte de mètre étalon du style. Mais BIGA*RANX sait se faire aussi plus percutant comme il le montre avec le plus rythmé et chaloupé "Pull Up mon disque". Clairement une des réussites de l’album.

Et des bons moments, ce Rainshine en comporte plusieurs. On peut ainsi citer "Tao Paï Paï". Ce morceau qui ressemble à un hommage au titre "Banzaï" de LA SOURIS DEGLINGUEE qui serait interprété par TONTON DAVID, est également un moment fort de l’album. Mais on peut aussi faire ressortir le très bon "Natural Woman" avec le chanteur KEA NV, qui peut lui évoquer certaines ambiances de la carrière solo de STING. La saveur très Reggae de ce titre apporte un agréable rayon de fraicheur. Le très efficace "Les Refleu", mérite aussi d’être mentionné, tant il a tout de la carte de visite très crédible et représentative du talent de BIGA*RANX.

Et cela continue avec l’émouvante version de "Never Take", un morceau qu’il avait sorti originalement en 2024 avec NAAMAN, et qui est l’occasion de retrouver ce dernier qui nous a malheureusement quitté en début d’année.
On le voit, les très bons morceaux sont nombreux. Pourtant, il serait faux de dire que le charme opère tout au long de ces seize morceaux. En effet, l’album se relève parfois un peu trop massif pour convaincre totalement. Ou plus précisément pour convaincre rapidement.

Certains titres se révèlent plus dispensables à l’image de "Moonshine" qui peine à séduire réellement. Plus que dispensables, certains morceaux sont en fait plus difficile à digérer. Cela tient probablement en partie au phrasé si particulier de BIGA*RANX. Le fait que celui-ci s’exprime parfois de manière un peu obscure, est à la fois une source de charme et une part de son identité. Mais c’est également un facteur d’homogénéisation de ses compositions. Et de manière générale, si la qualité intrinsèque de cet album est bien présente, celui-ci est si dense qu’on a parois un peu de difficulté à le digérer.

Je ne dirais pas qu’il aurait fallut se montrer plus sélectif sur le choix des morceaux car, pris individuellement, ceux-ci sont majoritairement très bons. Mais les proposer dans deux albums distincts, avec six mois de d’écart, leur aurait certainement donné plus justice. Et nous aurait permis de mieux les ingérer, les savourer. De très bons morceaux, au sein desquels on trouve même de belles pépites, donc. Mais un album à l’efficacité un peu lente à se révéler, et que l’on doit prendre le temps d’apprivoiser.