Coup de théâtre dans la carrière de Ringo STARR : en janvier 2008, il est de retour chez EMI Records après presque trente-trois ans d'absence (1975) ! Plus âgé donc mais en meilleure santé, un bel exploit, tout comme de continuer à sortir des disques contre vents et marées, passions trop succinctes ou désintérêt... Sans oublier les frictions 'en interne'.

Ç'aurait pu être le cinquième album consécutif tout bien préparé par Mark Hudson, mais une fois toutes les chansons écrites ensemble, avec Steve Dudas et le plus récent Gary Burr, puis enregistrées, dès le stade où l'album commence à être produit, second coup de théâtre ! STARR et Hudson se brouillent pour une raison qui leur appartient et la scission survient, irrémédiable.

Le travail commencé de l'infortuné Hudson est repris au pied levé par un monsieur mieux connu encore, à savoir Dave Stewart, l'ex-moitié et tête à penser musicale de EURYTHMICS. Certains ont pu dire que c'est l'attirance de Ringo pour le côté synthé & co de Stewart qui a conduit à la rupture avec Hudson, mais notre batteur-chanteur a démenti de telles assertions. De plus, des synthés, sur Liverpool 8, on n'en trouve point à foison.

L'album garde la couleur des précédents, avec son pop-rock rétro dont on se délecte dès le morceau-titre en introduction. Parler de Liverpool et de carrière en rétrospective (cri des groupies pour bien illustrer ce que fut un certain moment), en profitant bien du retour au sanctuaire EMI, sacré Ringo ! La nostalgie folk acoustique est fort belle, tout comme ces cordes-piccolos enfantins, la voix de notre principal intéressé emplie de bonnes intentions...

Ensuite, Hudson & co opèrent une présence folk-rock des plus brillantes, et Ringo se laisse porter par son émotion, notamment sur un bon refrain entêtant ('Liverpool, I left you, but I never let you down'). Aussitôt après, "Think About You" plonge dans le blues-rock urbain à la "Taxman", tandis que "For Love" et ses grands airs tout roses sur fond sombre tempèrent les choses. Doté d'un piano électrique Rhodes bien senti, "Now That She's Gone Away" balance un rythme à la Bo DIDDLEY en alternance avec un refrain sentimental. Les guitares avec effet chorus planent, miam miam !

On entre vraiment dans le vif du sujet avec "Gone Are the Days" dont l'intro céleste mêlant sitar et mellotron reste aussi étrange qu'hypnotisante. À la moitié de la chanson, Ringo revient à un esprit folk-rock plus classique, néanmoins convaincant. Ensuite, il y a son grand amour pour la country comme sur "Tuff Love" et surtout ce grandiose "R U Ready?" de fin, un de ses meilleurs titres en la matière, où il dédouble carrément sa voix et où on a droit à une belle déferlante de piano bastringue.

Pas de cuivres sur l'album (hormis dans l'orchestre conduit par Suzie Katayama sur le premier morceau), pas non plus de guests/amis de marque, une première depuis longtemps ! Le petit comité n'en participe pas moins à la qualité non négligeable, même si certaines chansons apparaissent plus redondantes. "Pasodobles" par exemple où Ringo croone gentiment, juste peu moins réussie que "Give It a Try" dans le ton latino, tout pépère avec son harmonica, sa chorus guitare etc, un titre positif, léger et très classe.

Il y a d'ailleurs là quelques accointances Sun Sound du plus bel effet, idem sur la merveilleuse "Love Is", débutée par un arpège si délicat qu'on sent que l'on va vite regretter Mark Hudson. Dave Stewart, comme on l'a dit, n'est pas si envahissant, loin s'en faut, amenant le minimum de machinerie et co-signant deux titres parmi les meilleurs de l'ensemble ("Liverpool 8", "Gone Are the Days").

Restent donc au programme un "Harry's Song" jazzy, pour le moins appréciable autant que "If It's Love That You Want" certes plus habituel avec sa beauté pop-rock qui favorise l'évasion (routière). Un album sans tube réel, un de plus, mais qu'on écoute avec plaisir, davantage que le précédent. Preuve de plus à l'idée d'un album sur deux franchement réussi !