Le dix-septième album studio d'Elton JOHN est de l'avis de tous, son meilleur des années 80, et lui permet en pleine traversée du désert de renouer avec les premières places des charts. Car il y a des tubes, mais aussi quelque chose de magique en plus, ne serait-ce parce qu'Elton a rappelé son ancienne équipe. C'est la première fois que Bernie Taupin est (sur la propre insistance de ce dernier) rappelé pour écrire toutes les paroles depuis Blue Moves, et que Davey Johnstone, Dee Murray et Nigel Olsson collaborent avec lui le temps d'un album entier (l'expérience se révèlera concluante et il continueront un peu par la suite). Ray Cooper fait aussi quelques apparitions. Et après, il y a toutes les surprises musicales.

A l'écoute de "Cold as Christmas", on se croirait tout droit revenu au temps de "Candle in the Wind" et consorts. Ce style de ballade rassure concernant la santé d'Elton à en écrire, tout comme sur "One More Arrow". Même avec un son différent, elles ont tout à fait le classicisme des plus mythiques, et on apprécie cette voix, ce piano, ces choeurs comme à la grande époque. En plus sur "Cold as Christmas", Elton a fait revenir Skaila Kanga, la harpiste que l'on pouvait entendre sur son deuxième album !

"I'm Still Standing" est évdemment le tube de l'opus, avec cette énergie pop très années 80 et une harmonisation qui va dans le même sens. La chanson est marrante et jouissive (notamment grâce au rythme et au petit solo de Davey Johnstone), signifiant bien effectivement que même largement remis en question par ses fans, le chanteur est "toujours debout". Un autre tube de l'album est "I Guess That's Why They Call It the Blues" dont le style musical est évident depuis le titre, et où Elton a invité son copain le funkyman aveugle Stevie à l'harmonica. Bon ceci dit, ça reste un blues très variété, dans la grande tradition du Elton d'alors !
Le reste de l'album est encore à l'avenant. "Religion" ainsi que "Wipping Boy" témoignent de la qualité d'Elton à écrire des chansons pop-rock franchement inspirées. La première est aussi particulièrement tubesque, et l'arrangement des guitares y est excellent, au point qu'elle brille de mille feux. "Kiss the Bride" ne révolutionnera pas la grande histoire des riffs, mais reste efficace. Seule "Crystal" se révèle un peu moins intéressante, du fait de sa longueur non justifiée.

Deux chansons sont quant à elles particulièrement denses, avec là par contre une durée idéale pour installer ces ambiances. La première est "Saint", avec ses fausses trompettes grandiloquentes en intro, développe un style de chanson lente au cri puissant (d'ailleurs comme souvent, la guitare de Johnstone intervient au moment où il faut). La seconde est "Too Low for Zero", où des percussions viennent renforcer la boîte à rythmes, et délivrant autant que les claviers et la mélodie une atmosphère très prenante. Peut-être ma préférée de l'ensemble.

Un très bon album, prouvant qu'Elton garde la forme, et à ne pas limiter à "I'm Still Standing".