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1981 To Each....
1982 Sextet
2020 Acr Loco
2023 1982
2024 It All Comes Down To This

A CERTAIN RATIO - Sextet (1982)
Par K-ZEN le 19 Juillet 2025          Consultée 54 fois

Il y avait bien ce minuscule bar, au fin fond de l’Europe centrale, Prague pour être précis, la Bohème et le reste, pas très loin de la fameuse boîte de nuit sur trois étages, quartier Starometska si mes souvenirs ne sont pas trop altérés, auquel on accède via le tram numéro on s’en fout. Ce troquet était encastré dans une toute petite allée piétonne, entre les maillots de foot bon marché et les bouteilles de vodka parfumées au cannabis d’un souk digne de Marrakech. Ice Pub qu’il s’appelait ce bar – sans doute une chaîne puisque j’en vis un portant le même nom au cœur de la capitale romaine… La ficelle est grosse.

Il devait être pas loin de 17h dans cette étouffante après-midi et près du double en termes de centigrades mais à l’intérieur, c’était une autre affaire : -8°C au compteur ainsi qu’une espèce de chronomètre décomptant dix minutes, l’intitulé de l’établissement voulait bien dire ce qu’il suggérait. Accueil. Photos hors de prix recouvrant le mur, tout ça pour siéger sur un trône de glace, rêve ultime de tous les fans de la série à laquelle vous pensez maintenant. Mais moi je songeais plus à Star Wars et son empereur inquiétant voire aux imageries black metal convoquant ce genre de fauteuils luxueux ou moyenâgeux.

L’entrée reste abordable, malgré le piège à touristes que cela semble déployer. Un cocktail est en outre offert, corsé bien évidemment et préparé dans un verre de glace par un colosse tchétchène avec qui il vaut sans doute mieux ne pas plaisanter concernant la manière dont il récupère ces contenants pour sûrement les réutiliser une fois fondus. Soumis à ce blizzard non venteux, la vodka, occupant 50 % du breuvage, descend toute seule. Le corps s’habitue assez bien au glacis environnant, peut-être car psychologiquement on sait d’avance que cela ne durera pas, au contraire des semelles des chaussures collant au sol comme à l’intérieur d’un quelconque fast-food.

Ce jeu des contrastes, telle cette oasis de fraîcheur s’octroyant une place non négligeable dans un air plus tiède, A CERTAIN RATIO y excelle, jusqu’à faire figurer un spectre coloré assez complet sur la pochette de son troisième recueil studio, atmosphère dont on peine toutefois à déterminer précisément si elle annonce ou clôture une journée. Deux lignes de texte arborant une écriture soignée complètent cette tête de gondole, titrant l’œuvre assez naturellement. Sextet.

Le groupe mancunien avait déjà adopté l’organisation à six membres afin d’enregistrer To Each… mais peut-être l’explicitation claire de son statut à l’instant T asseyait une totale volonté d’indépendance auparavant esquissée via la sortie d’un single sans Martin Hannett en tant que producteur, Waterline matérialisant concrètement la volonté de A CERTAIN RATIO de s’éloigner de JOY DIVISION pour acquérir sa propre personnalité et tracer un chemin inédit.

Malgré tout, Sextet conserve certains fondamentaux, au premier plan desquels ces plans de basse telluriques, ceux-là même exhortant "Lucinda" à postuler au titre d’ouverture d’album la plus tueuse de tous les temps. Via les miaulements féminins simultanés de la protagoniste suggérée – Martha en réalité – avant une mélodie rappelant ensuite assez étrangement Super Mario, la composition inaugure également une tendance du disque à délaisser significativement le chant, notamment le masculin qui se fait extrêmement discret.

Succédant à un To Each… déjà bien austère, Sextet pousse ainsi le bouchon un cran plus loin, proposant neuf titres expérimentaux à l’aridité manifeste. Même les carnavals artificiellement recréés ("Gum", "Skipscada") ne seraient que louches interludes, battant au cœur d’un disque mêlant cette world music à funk et jazz acide. "Rialto" et son voisin immédiat inquiétant "Below the Canal" convoqueraient les fresques musicales composées par Miles DAVIS quand l’imposant "Knife Slits Water", judicieusement choisi en tant que single, serait la pièce de maître du recueil, mystérieuse symphonie prenant place dans un bois auprès de mages dont le riche habit bleu emprunterait ses couleurs à un coin céleste dégagé.

La réédition menée par Factory Benelux en 2014 adjoint à l’album original du matériel inédit de grande qualité, au premier rang duquel les superbes "Who’s to Say" ou "Piu Lento" ainsi que des Peel Sessions, digressions diverses allant même chasser avec un bonheur égal sur les terres du dub.

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   K-ZEN

 
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- Donald Johnson
- Jeremy Kerr
- Martha Tilson
- Martin Moscrop
- Peter Terrell
- Simon Topping


1. Lucinda
2. Crystal
3. Gum
4. Knife Slits Water
5. Skipscada
6. Day One
7. Rub Down
8. Rialto
9. Below The Canal



             



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