Ringo STARR se fait un beau cadeau d'anniversaire à lui-même ainsi qu'aux fans qui lui restent en simultané : il annonce le jour de ses 77 ans, en juillet 2017 qu'il sort un album, deux mois avant que cela ne se produise. Appelé Give More Love, il ne paie pas de mine avec la photo de notre batteur aussi cool que poseur et entouré de graffitis hippies et néanmoins, on ne peut résister au plaisir d'entendre un album nouveau, tout en l'espérant meilleur que les trois qui ont précédé, entre 2010 et 2015. Chacun avait son lot de bons titres, mais en quantité plus limitée que d'ordinaire ! C'est devenu une habitude, Ringo produit ses disques seul, mais pour ce qui est de les remplir, en termes de retenue, il est loin de l'être.

Sur les quatre premiers titres de Give More Love, il réunit déjà, pêle-mêle et pas tous ensemble, son cher vieil ami Paul McCARTNEY et le presque tout aussi important Joe Walsh (l'ex-EAGLES étant d'ailleurs, par la force des choses, son beau-frère depuis une décennie puisqu'il a épousé Marjorie Bach, la soeur de Barbara !), Peter FRAMPTON, Steve Lukather de TOTO, Timothy B. Schmit (un autre des Aigles), Edgar WINTER (frère de Johnny le bluesman), Benmont Tench (Tom PETTY & the HEARTBREAKERS), cette chère Amy Keys (choriste de Phil COLLINS puis de Johnny HALLYDAY)... Et le pire, c'est que tous ces morceaux sont de petites tueries !

Sur les chapeaux de roue, "We're on the Road Again" sonne bien rock et même trucker-rock, de quoi faire la joie des camionneurs ou de n'importe quel usager particulier ayant le sens du road-trip. Jim Cox, vieux collègue lui aussi, égrène son piano avec énergie tandis que Ringo nous sort une cymbale crash de l'espace en plus de chanter en double avec mister Macca (sans oublier une sacrée basse pour lui) cette mélodie réjouissante, ce vent d'air frais. Pour le plaisir de filer sur la route également (mais attention, à plus de 5 km/h en trop par rapport au panneau et sans rectification notable, on enlève le permis), il y a "Speed of Sound", parfait avec son refrain exubérant, où brillent Keys et FRAMPTON qui apporte sa chère talk-box mythique.

"Laughable", avec ce dernier lui aussi, est un titre railleur bien senti, poursuivi par "Standing Still" et sa pop-country en acoustique, avec les choeurs plus juvéniles et délicieux de Georgia MIDDLEMAN, notre Ringo jouant les séducteurs sans mal. Pas trop quand même, car la nostalgie guette, la belle et toute à l'honneur de sa chère et tendre épouse Barbara, sur "Show Me the Way" où il retrace leur bientôt quatre décennies amoureuses. Les petits licks de Steve Lukather y sont particulièrement savoureux, sachant qu'il joue des claviers là aussi, et que dire encore de ces choeurs soul sans excès ? Une merveille de slow en grande amplitude !

Une fois passé ce début, les choses se calment un peu. Il y a notamment cet étrange "Electricity" soul-funk urbain quelque peu perdu au milieu du reste, et où hélas pointe l'Auto-tune que Ringo utilise régulièrement désormais. Un titre redondant (avec en sus l'empreinte de Glen Ballard, ex-producteur d'Alanis MORISSETTE), à l'inverse du très chouette reggae ensoleillé "King of the Kingdom" et d'autant plus efficace. On peut remercier notre Beatle à forte pilosité buccale de mettre si bien les talents d'Edgar WINTER au saxophone en avant (sa participation la plus connue en la matière restera "The Best" de Tina TURNER).

Après un "So Wrong for So Long" qui fait écho à "Standing Still", toujours en compagnie de Georgia MIDDLEMAN mais aussi d'Auto-tune hélas, "Shake It Up" balance un boogie pas piqué des hannetons mais pas mémorable non plus. Cette seconde partie se tient donc plus ou moins, mais à un degré honnête. Et on termine le tout avec le morceau-titre, bien emballé et soupesé avec Ringo the hippie qui n'a pas changé, favorisant la pop sentimentale sans toutefois oublier les guitares Rickenbacker l'ayant suivi depuis sa jeunesse. Minute papillon, il reste un quart d'heure ! C'est vrai.

Les bonus proposés à l'album sont quatre nouvelles versions de titres phares du répertoire de Ringo STARR, dont un chanté avec les BEATLES. Niveau sélection, on a droit à une de l'album Ringo (1973), forcément, qui est "Photograph", mais une des meilleures avec ce petit piquant rythmique 'paso doble' qu'incorpore STARR à la batterie, et une autre de son album Stop and Smell the Roses (1981) qui symbolise le début du mariage de sa vie.

"Back Off Boogaloo" est de facture supérieure ici, avec ses choeurs féminins et la guitare vrombissante de Jeff Lynne (ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA), encore un copain qu'on a déjà eu l'occasion de croiser. Chose amusante, ce farceur de Ringo nous offre une chanson de ce qu'aurait dû être l'album de 81 à l'origine, avec pour titre éponyme "Can't Fight Lightning", en souvenir de l'éclair meurtrier auquel lui et Barbara ont survécu. Un blues rural très chouette en compagnie du duo londonien ALBERTA CROSS.

Quant à "Don't Pass Me By", issue de l'Album Blanc des BEATLES (1968), elle est, au même titre que la séduisante "Photograph", enregistrée avec une Rose Guerin des plus charmantes et d'autres membres du groupe américain VANDAVEER pour un nouveau rendu country doux et planant, peut-être de quoi la rendre plus appréciable aux yeux de certains. Ringo leur fait d'ailleurs un clin d'oeil double en glissant, à la fin et à répétition, 'I'd like to be under the sea...' L'humour anglais, d'autant plus précieux en conclusion d'un album qui avait justement besoin de cela et des autres refontes en bonus pour qu'on le retienne davantage !

Note réelle : 3,5