Il existe deux sortes de Britanniques : les Écossais, et ceux qui aimeraient l'être. Ce dicton, cher à nos cousins de la belle Calédonie, sied parfaitement à COAST. Originaire de Southampton, à l'extrême sud de l'Angleterre, ce groupe œuvre dans un rock celtique habituellement pratiqué de l'autre côté du mur d'Hadrien ! S'étant fait connaître grâce à une première démo parue en 2008 et à ses nombreuses reprises de titres phares de RUNRIG, LE groupe culte écossais s'il en est, COAST propose en cette fin d'année 2009 un premier album qui devrait ravir les amateurs du style.

Doté d'un son irréprochable, ce premier album témoigne d'un groupe au talent incontestable dont la maturité n'est déjà plus à démontrer. Naturellement influencé par les maîtres du rock écossais que sont RUNRIG et BIG COUNTRY, COAST propose un album rendant hommage à ses influences, se démarquant complètement d'un scène rock britannique en perdition. Dès le premier titre, le ton est posé : accordéon et guitare acoustique énergique se taillent la part du lion sur "Oceanos", à l'écoute duquel tout organisme normalement constitué ne pourra que se mettre à taper du pied et se diriger rapidement vers le pub le plus proche. Sublimé par la voix medium, à la fois puissante et sobre du chanteur Paul Eastham (la tête pensante du combo), "Oceanos", petit tube en puissance dans les milieux concernés (et rappelant l'ambiance de l'album The Stamping Ground de RUNRIG), constitue la meilleur entrée qui soit pour un premier album.

Le reste de l'album est à l'avenant. "To the Windward", titre plus lent et chargé en émotions, laisse s'exprimer une guitare aérienne évoquant simultanément Mark Knopfler (DIRE STRAITS) et Malcolm Jones (RUNRIG). Bien que fidèle à ses influences, COAST n'hésite pas à proposer du neuf en intégrant à ses compos des éléments électroniques, à l'image des samples utilisés sur le single "America", dont le sujet est l'émigration souvent forcée vers les Etats-Unis - thème cher aux Ecossais auxquels le groupe s'associe. Alternant entre ballades faisant la part belle au piano ("Keep Loving", "The Reckless Engineer") et titres définitivement plus positifs (l'entêtant "Big Blue Sky", quintessence du talent de l'ensemble des membres du groupe, ou "These Walls", reliquat de la démo du groupe), COAST parvient à installer l'auditeur dans une ambiance simultanément épique et sereine, tout en évoquant des paysages grandioses et envahissants. Atmosphère renforcée à l'écoute des trois titres instrumentaux de l'album : "Song of Angus" (qui propose une formidable mélodie à la cornemuse), "Ruabhal" (où la guitare aérienne et « marine » de Chris Lappage prend toute son ampleur) et le mélancolique "Sunset Over Vallay Strand" (qui voit le piano glacial de Paul Eastham nous emmener vers les côtes venteuses d'une Ecosse hivernale).

Le seul point faible de COAST reste donc cette difficulté à s'éloigner de ses influences, RUNRIG en tête. Que ce soit dans les thématiques abordées, le son de guitare, la construction même des morceaux, difficile d'innover dans un domaine ou énormément de choses ont déjà été faites. Gageons néanmoins que les cinq jeunes Anglais, forts d'un succès déjà conséquent au Royaume-Uni, au Danemark et en Allemagne (les trois patries du rock celtique ?) parviendront à s'émanciper pour proposer une musique plus personnelle à l'occasion d'un prochain album, qui se fait d'ores et déjà attendre impatiemment !