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MUSIQUES TRADITIONNELLES  |  STUDIO

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- Style + Membre : Nuit Celtique

Carlos NUñEZ - Un Galicien En Bretagne (2003)
Par MR. AMEFORGÉE le 9 Décembre 2004          Consultée 13360 fois

C’est l’histoire d’un homme coincé entre les quatre murs d’un appartement, perdu dans la forêt obscure d'immeubles d’une grande ville, impersonnelle et grise, hiératique et froide, polluée et minérale. Puis cet homme sort d’un petit boîtier un objet circulaire et plat qu’il s’est récemment procuré. Il le place avec déférence dans une boîte autrement plus grosse, plus finement ouvragée. Il appuie sur ce qui ressemble à un bouton. Et alors, les premières notes retentissent, musique ancestrale ou moderne, mais indéniablement inspirée, et peu à peu elles se distillent dans l’atmosphère… Bientôt l’homme ne se trouve plus dans son appartement, il est au milieu d’une vaste plaine, acclamé par les vents à l’arôme salin, au bord d’une falaise où la mer vient se blottir, encore et encore, tempétueux ressac du flot écumeux. Les embruns lui caressent le visage, il est ailleurs, un monde rêvé des temps anciens, où la magie a encore cours et où l’imagination est reine…

Voici de manière légèrement romancée, l’effet que m’a fait cet album à la première écoute. Indéniablement, je suis tombé sous son enchantement. Evocateur, varié, non hermétique et malgré tout technique, intégrant l’influence du rock à la tradition, un Galicien en Bretagne est un pur joyau de musique celtique. Notamment grâce au talent de son auteur, Carlos Núñez, surnommé avec raison, me semble-t-il, le « Jimmy Hendrix de la cornemuse » (et on pourrait ajouter « de la flûte » aussi). Tour à tour dansant, intimiste, épique ou lyrique, l’album est en quelque sorte un voyage au pays de la musique celtique, mené avec inspiration et passion, que je vous invite à faire. Suivez le guide !

1) Tro Breizh : ce premier morceau est une bonne introduction et permet de nous immerger dans l’ambiance celtique de l’album : rythmes dansants, presque tribaux, faisant intervenir tout l’éventail des instruments traditionnels, tout d’abord une flûte à laquelle viennent rapidement s’adjoindre bombardes et cornemuses (entre autres). Carlos Núñez nous montre ici son sens de la construction musicale et notamment un effet de style qu’il affectionne particulièrement (et que l’on retrouvera à différents degrés tout au long de l’album) : la montée en puissance. L’on aura droit, donc, à plusieurs montées en puissance successives ici, plus ou moins rapides, plus ou moins entraînantes, arrêtés par autant de breaks bienvenus, chants et percussions, jusqu’au point final, où tous les instruments se retrouvent dans un entrelacement épique.

2) Noite Pecha & 3) Gavotte-Pandeirada : Ces deux morceaux sont considérés comme une continuité. Le premier, calme, de couleur mélancolique, met en avant la voix d’Alan Stivell et ses accords à la harpe, pendant que le second, comme un torrent qui prend sa source dans le premier morceau, est une lente montée en puissance dans un environnement plus expressif, menée comme toujours par la flûte, jusqu’à son apogée, sobre mais au rythme plutôt dansant et libérateur.

4) Une Autre Fin de Terre : L’un des meilleurs morceaux de l’album. Ici, nous avons un duo de « voix » : la guitare électrique de Dan Ar Braz et la flûte de Carlos Núñez, qui s’entremêlent pour tisser une mélodie sensible, soutenues par une batterie de composition rock, auxquelles viennent s’ajouter, en renfort, les multiples instruments, piano, violon, orgue, mandoline, uileann pipes. Le thème se répète dans une gradation de puissance contenue, jusqu’au break touché de lyrisme. Puis alors, le souffle des bagads retentit, en un déferlement épique et frissonnant de cornemuses, prodigieuses, portant le morceau jusqu’à sa conclusion finale.

5) Karante Doh Doue : Remettons-nous de nos émotion avec ce morceau plus posé, plus grave, qui fait intervenir un chœur d’hommes, à la voix profonde et mélancolique. Au second plan, les flûtes, les violons et les cornemuses dessinent le paysage musical, baigné de pénombre et de brumes mystérieuses.

6) Polka de Karnoëd : L’un de mes morceaux préférés. Impossible de ne pas avoir une envie furieuse de danser avec cet instrumental allègre et entraînant. Mené tambour battant, si l’on peut dire, par une flûte monstrueuse de virtuosité, diaboliquement joyeuse, et qui adresse, du haut des sommets où elle virevolte, des pieds de nez taquins aux guitares acoustiques qui tentent de la suivre. Excellent.

7) An Hini A Garan : Il s’agit d’une ballade romantique qui joue sur le contraste entre la profonde voix grave de Gilles Servat et de la claire voix de la chanteuse bretonne Bleuwenn. Ce morceau, sympathique mais sans excès, montre une nouvelle facette du pays musical que nous sommes en train de parcourir.

8) The Three Pipers : Mon morceau préféré. Comme son titre l’indique, les trois héroïnes de ce morceau sont les trois plus célèbres cornemuses du monde celtique, à savoir les highland bagpipes, les uillean pipes et la gaïta, trois cornemuses pour trois tonalités différentes, qui se réunissent ici pour un moment de pur bonheur, alchimie élémentaire. Chacune, à la suite, pose une ligne d’une certaine couleur à la mélodie, lui insufflant une vibration épique incroyable, de par leurs modulations respectives, mais aussi par contraste et sublimation mutuelle. A la fin, les trois cornemuses se rejoignent pour relire la phrase mélodique ainsi formée, multicolore, ondoyante, clé d’un enchantement qui ouvre les portes de l’imaginaire… Comme Apollon menant les Muses, Carlos Núñez mène ici les Cornemuses, avec brio, pour un court instant pénétré d’émotion et de magie. (J’espère que je n’aurai pas l’air trop emphatique…)

9) Saint Patrick’s An Dro : On peut rapprocher ce morceau de Une Autre Fin de Terre (4), de par sa construction toute en montée en puissance, avec l’arrivée du souffle monstrueux des cornemuses sur le final. Ici, la flûte est le fil conducteur, menant la danse, hypnotique, entraînant la longue suite des instruments dans sa sillage. A noter l’usage de percussions d’un ordre en peu inhabituel : des stalagmites… Un titre excellent, encore une fois, donc.

10) Yann Derrien : Une chanson toute en délicatesse, munie d’un bon refrain, soutenue par une batterie légère. On remarquera surtout son interprète exceptionnelle, l’irlandaise Eimar Quinn, dont la voix, cristalline, éthérée ou elfique (choisissez l’adjectif que vous préférez), est impressionnante de douceur… Un bon morceau qui rajoute une corde à l’arc de Carlos Núñez.

11) Bretoña : Un court instrumental aux accents mélancoliques mais assez accrocheur.

12) Un Galicien Libre à Paris : Encore une fois, on pensera à Une Autre Fin de Terre (4) et au Saint Patrick’s An Dro (9), avec la participation de Dan Ar Braz à la guitare et une batterie rock pour le rythme. S’il n’est pas aussi excellent, à mon sens, que les titres précédemment cités, il en demeure néanmoins tout à fait intéressant et constitue une bonne manière de conclure l’album sur une touche épique.

13) Ponthus & Sidoine : On finit enfin sur un morceau calme, avec pour seuls interprètes une viole de gambe et en arrière plan une flûte. Méditatif et paisible. Puis le rideau se referme, le voyage est fini et l’on redescend sur terre.

Voilà, vous l’avez compris, je suis un fan absolu de cet album, qui représente pour moi la quintessence de la musique celtique, ne reniant aucune influence et ne se cloisonnant pas dans son petit monde hermétique de vieilles traditions. Aucun titre n’est mauvais, plus de la moitié sont de purs joyaux. Si vous êtes sensibles à cette musique, courez donc découvrir ce merveilleux album, qui n’est pas seulement le voyage d’un Galicien en Bretagne, mais aussi celui de l’auditeur au pays des songes !

PS : N’oubliez pas le guide ! (J’accepte les billets, les chèques, les cartes bleues et même les commentaires…)

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1. Tro Breizh
2. Noite Pecha
3. Gavotte-pandeirada
4. Une Autre Fin De Terre
5. Karante Doh Doue
6. Polka De Karnoëd
7. An Hini A Garan
8. The Three Pipers
9. Saint Patrick's An Dro
10. Yann Derrien
11. Bretoña
12. Un Galicien Libre à Paris
13. Ponthus Et Sidoine



             



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