L'automne arrive, suivi de son funèbre cortège de mauvaises nouvelles. Ok, les arbres vont se parer de couleurs chatoyantes, mais les jours raccourcissent terriblement, les pulls remplacent les parures d'été et surtout, l'hiver approche. Mais cette année, l'automne risque d'être sensiblement différent, puisque Richie Blackmore, bien aidé par sa compagne Candice Night, ont décidé de nous faire apprécier cette saison mésestimée.

BLACKMORE'S NIGHT, c'est une histoire qui dure depuis maintenant plus de 12 ans. S'étant visiblement habitué à porter des collants en lycra, l'ex-guitar hero de Deep Purple s'échine depuis ce temps à publier des albums d'un folk médiéval généralement original et convaincant, plus rarement imbitable et désespérant (l'horrible album Winter Carols paru en 2006). Toujours est-il que le duo semble avoir à cœur d'offrir une musique sincère et de qualité, comme c'est le cas sur cet Autumn Sky. Grandiloquent et doté d'un côté commercial à faire grincer des dents les puristes du Pourpre Profond, ce huitième album met, dès le départ, toutes les chances de son côté : « Highland », enjoué et espiègle, vient cueillir l'auditeur pour l'emmener dans un univers accueillant et réconfortant. A l'image des couleurs de la pochette de l'album, les ambiances sont chaudes et apaisantes, invitant à la contemplation et à l'hédonisme. La voix de Candice Night, pure et toute en légèreté, sert parfaitement cette composition qui, bien que résolument folk, voit le père Richie dégainer de nouveau sa guitare électrique pour ajouter quelques touches néoclassiques à l'ensemble, apportant un petit supplément rock qui enrichit sensiblement la musique pratiquée par le duo.

C'est d'ailleurs la première fois que Blackmore utilise autant la guitare électrique sur un album de BLACKMORE'S NIGHT. Discrète d'abord, celle-ci prend peu à peu de l'ampleur et de l'assurance, offrant un solo par-ci (« Journeyman »), quelques harmonies éthérées par là (« Believe in Me »), jusqu'à ce morceau de bravoure que constitue « Keeper of the Flame », sur lequel la guitare électrique devient l'instrument principal et primordial. Doté d'un tempo rapide et entraînant, ce morceau doté d'un irrésistible violon introductif, constitue sans doute ce que Richie Blackmore a composé de plus « heavy » (toutes proportions gardées) depuis plus de 15 ans.

L'album poursuit son bonhomme de chemin, alternant titres instrumentaux faisant la part belle à la guitare acoustique (« Night at Eggersberg ») et ballades folk médiévales tendres et appréciables (« Vagabond », « Darkness », « Health to the Company »), sans que l'on ne s'ennuie une seconde. A mi-chemin entre un ambiances médiévales et celtiques, BLACKMORE'S NIGHT réussit le pari d'évoluer doucement vers des ambiances plus rock tout en conservant sa personnalité et son style si particulier. Seuls points faibles de l'album, « Celluloid Heroes », ballade bien trop niaise à la gloire des anciennes stars du cinéma hollywoodien, et « All the Fun of the Fayre », peinant à tenir la comparaison avec les autres compositions, ne parviennent pas à plomber un album fort appréciable dont on se surprend à fredonner les airs.

Si l'arrivée imminente de l'automne vous angoisse, investissez alors dans ce Autumn Sky qui, doté d'atouts certains, vous permettra de passer dans l'allégresse le cap de la chute des feuilles. Résolument plus rock que les offrandes précédentes tout en restant dans la plus pure tradition du folk médiéval offert par le duo depuis 13 ans, cet album témoigne de la constance dans la qualité atteinte par le duo depuis le début des années 2000. Les curieux seront séduits, les fans seront conquis. L'automne peut frapper à la porte !