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PUNK-ROCK CELTIQUE  |  STUDIO

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- Style : Fiddler's Green, Mr Irish Bastard, The Moorings , The Stanfields , Flatfoot 56

The RUMJACKS - Gangs Of New Holland (2010)
Par GEGERS le 17 Novembre 2010          Consultée 2930 fois

J'étais jeune, très jeune, 8 ou 9 ans à peine. L'Australie s'appelait encore Nouvelle-Hollande. C'est pour te dire. Tu sais, c'est l'époque où tous ces navigateurs parrainés par leur roi faisaient le tour du globe et nommaient tout ce qu'ils découvraient New-Quelque-chose (généralement le nom de leur pays ou ville d'origine). Et ce bon vieux Abel Tasman était Hollandais... Peux-tu sincèrement me dire ce qu'il peut y avoir en commun entre notre noble nation et le minuscule pays de ces bouffeurs de gouda ? A la limite l'Irlande j'aurais compris, mais New Holland...

Mais je digresse et je m'égare. Oui, j'étais jeune donc. Et pourtant, je m'en rappelle comme si c'était hier. Tu sais, c'était une de ces matinées où l'on se demande si le ciel n'aurait pas fini par nous tomber sur la tête pour de bon. Mon père et moi, on naviguait à vue dans un brouillard à couper au couteau, sur notre petite barque de pêche. On y voyait goutte, mais mon père me répétait que ce temps étrange, oppressant, était idéal pour choper les meilleures bestioles que le Pacifique avait à offrir, alors...

On était en train de remonter un superbe barracuda lorsqu'on les a vu sortir du brouillard. Une vraie purée de pois, mais on les a bien vus. Ils avaient une embarcation faite de bric et de broc, principalement des tonneaux de vinasse et de whisky. Elle prenait à moitié l'eau mais ils n'en avaient visiblement rien à faire, eux-même semblaient être pas mal imbibés. Ils étaient bien une quinzaine à danser ou se servir de l'alcool en gueulant des choses incompréhensibles. Ils parlaient d'une façon si étrange, en roulant les « r » et en accompagnant leur paroles de grandes envolées d'un rire franc et gras qui a dû envoyer toutes les poiscailles du Pacifique se réfugier dans l'Océan Arctique ! Mais nom de dieu, ils semblaient vraiment s'éclater sur cette coque de noix à deux doigts de couler à pic. Ils battaient pavillon Irlandais : Drapeau vert, orné d'une tête de mort une pinte à la main et disant « Lovely day for a Guinness ».

Mon père m'a immédiatement caché les yeux de ses mains, comme pour me préserver de ce spectacle de beuverie et de débauche. Mais mes oreilles étaient toutes ouïes ! Quelques mètres seulement séparaient nos embarcations, et je distinguais chaque note, chaque parole, des mélopées qui suintaient du bateau de ces paillards pirates. J'entendais des guitares, des accordéons, des violons, des batteries, qui ne faisaient qu'un et s'accouplaient dans une orgie musicale envoûtante. Je tentais de contrôler les mouvements rythmés de mon genou gauche, qui bougeait frénétiquement en accompagnant la musique. On décelait à travers ces sons un sentiment de rébellion, une énergie brute, la marque de ceux qui ne jouent pas pour vivre mais qui vivent pour jouer. J'entendais le pas des danseurs frapper à intervalle régulier le bois vermoulu des tonneaux, comme pour invoquer une déesse païenne oubliée.

Et puis surtout, j'entendais une voix, cette voix ! Claire et puissante malgré un abus d'alcool évident, elle parlait du soulèvement de peuplades lointaines contre l'oppresseur, elle parlait de révolutions et de naufrages en mer, mais elle parlait surtout de faire la fête et de boire beaucoup d'alcool. Je n'en perdais pas une miette, et comme Ulysse attiré par les sirènes, je n'avais qu'une envie : rejoindre, à la nage s'il le fallait, cette bande de fous-furieux pour qui la vie ne paraissait être qu'un grand terrain de jeu, et qui la chantaient pied au plancher ! Je voulais être cette guitare, martyrisée et triturée par son maître, je voulais être ces peaux de bête sur lesquelles un batteur frappait comme si sa vie en dépendait, je voulais être ces chœurs gonflés de testostérone, fédérateurs et solidaires.

Puis le son s'est fait de plus en plus lointain, jusqu'à devenir un murmure dans l'immensité de l'océan. Plus tard, bien plus tard, j'ai appris que ce que j'avais entendu ce jour-là se nommait « punk-rock celtique » et que ces pirates qui roulaient les « r » étaient les descendants australiens d'anciens prisonniers britanniques envoyés de force construire des routes et bétonner ce pays grand comme un continent.
Mais il se fait tard, et mon bateau m'attend ! Ai-je bien tout pris ? Ma guitare, ma bière, je suis paré. Allez les gars, souquez ferme, l'évangélisation par le punk-rock n'en est qu'à ses débuts, et les RUMJACKS en seront le messie !

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   GEGERS

 
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- L-r Johnny (chant)
- Gabe (guitare)
- Frankie (guitare)
- Anthony (basse)
- Adam (batterie)


1. Big Man Down
2. Uncle Tommy
3. An Irish Pub Song
4. Jolly Executioner
5. My Time Again
6. Mclaughlin's Rant
7. The Black Matilda
8. The Terrible Sea
9. Green Ginger Wine
10. Mcalpines Fusiliers
11. Roll Away Alone
12. Pinchgut
13. Spit In The Street
14. Bar The Door Casey



             



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