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METAL URBAIN - Tokio Airport (1980)
Par RED ONE le 9 Octobre 2011          Consultée 2989 fois

Au début de l'année 1980, les gens n'attendaient plus rien du tout de METAL URBAIN et tout le monde avait complètement oublié le projet du groupe totalement fumeux de trilogie electro punk prévue pour être publiée sous trois noms de scène différents : METAL URBAIN, METAL BOYS et DOCTOR MIX & THE REMIX.

Le premier album de cette trilogie, "Wall Of Noise", album signé DOCTOR MIX, était sorti en octobre 1979 dans une indifférence quasi générale, mais il faut dire aussi que son contenu ne l'a pas vraiment aidé : même si je ne pourrais personnellement qualifier cet album de mauvais, son contenu relevait plus de la bouillie inaudible que d'un véritable travail d'orfèvre avant-gardiste et constituait tout de même un ratage assez complet ... L'album studio des METAL BOYS était quand à lui déjà enregistré et n'attendait plus que d'être mixé. Mais devant les "divergences artistiques" qui se mettent inévitablement à apparaître au sein d'un groupe quand ses membres se dispersent dans leur processus créatif, le noyau dur de METAL URBAIN explosa : les deux frères guitaristes, Pat Lüger et Hermann Schwartz, quittèrent le groupe (ou les groupes diront nous) et partirent former les DESPERADOS, obscur combo punk aujourd'hui bien oublié ... Le groupe se transforma alors en un duo, celui d'Eric Débris et de Charlie H. Les bandes enregistrées pour l'album studio des METAL BOYS furent provisoirement abandonnées et sombrèrent dans l'oubli ... enfin, presque.

Mais il en faudrait plus pour décourager Eric Débris, leader incontesté du groupe, qui à cette époque jouit déjà d'une certaine réputation de grand gourou de la new wave dans le Paris branché et underground. Il décide alors contre toute attente de poursuivre son projet de trilogie et s'exile à Londres en compagnie de Charlie H. Tout en continuant en parallèle de donner des concerts dans les clubs londoniens sous le nom de DOCTOR MIX & THE REMIX, le duo s'enferme dans un squat en compagnie de la chanteuse britannique China et enregistre un tout nouvel album studio destiné à être publié sous le nom de METAL BOYS. Et c'est ainsi que sort en 1980 ce "Tokio Airport", censé être aux yeux du public le deuxième volet de la trilogie, mais qui n'est en rien l'album initialement prévu au départ.

Que nous réserve alors "Tokio Airport" ? Une bouillie sonore comme le fut "Wall Of Noise" ? Un déluge de feu électronique post-nucléaire comme le furent les premiers singles de METAL URBAIN ? Et bien ni vraiment l'un, ni vraiment l'autre ... Non, c'est à autre chose que nous avons affaire ici : le concept du side-project METAL BOYS était initialement de développer la face "old school" du répertoire de METAL URBAIN, de jouer des riffs de rockabilly à l'ancienne et de les saupoudrer d'une electro plus raffinée et moins rentre-dedans que celle de METAL URBAIN. Sans oublier des textes, qui, s'ils étaient encore quelque peu pervers et provocateurs, n'en étaient pas pour le moins plus recherchés voir poétiques. La contestation punk incendiaire et blasphématoire des premiers titres de METAL URBAIN n'avait pas lieu ici, METAL BOYS pratiquait un rock "synthétique et raffiné", plus évolué et en aucune manière contestataire (en apparence).

Les démos originelles de METAL BOYS, qui ne furent publiées qu'en 2008 au sein du coffret "Anthologie 77-79", traduisent bien cette ligne artistique. Cependant, lorsque le duo survivant s'attèle à l'enregistrement de l'album en 1980, le propos a beaucoup évolué. Les textes ont beaucoup muri et sont très travaillés ("Tokio Airport" et "Parlez Moi d'Argent" en sont de beaux exemples, leurs rimes sont assez recherchées), mais d'un point de vue musicale, nous n'avons plus réellement affaire à du rock'n'roll ici, ni même à du punk. Seule la chanson "Colt 45" peut véritablement être qualifiée de titre rock sur cet album et évoque encore le souvenir lointain du METAL URBAIN de la grande époque. Le reste, eh bien mesdames et messieurs, c'est de l'electro, tout simplement. La longue piste synthétique "Carbone 14", qui nous fait un instant craindre un ennui cybernétique digne des hasards brouillons de "Wall Of Noise", nous le confirme. Mais le morceau a plus d'intérêt que celà, rassurez-vous. Electro, synth pop, new wave, qualifiez celà comme vous voulez, toujours est-il que le projet d'Eric Débris prend ici une tournure radicalement synthétique et y perd en saturation rock. Le groupe n'a plus de guitariste et celà se ressent : les quelques notes de guitares entendues ici et là sur cet album semblent jouées par un musicien dont ce n'est évidemment pas l'instrument favori. Il est évident que Débris et Charlie H ont tout enregistré eux-mêmes ... L'album s'écoute au final relativement bien et on se surprend à apprécier les audaces textuelles de tel ou tel titre de même que certaines boucles électroniques assez intéressantes.

Soyons cependant clairs : cet album n'a absolument pas marché. Presque tout le monde l'a oublié peu après sa sortie et sa réédition en version deluxe en 2004 n'est due qu'à la motivation d'une poignée de rockers passionnés. "Tokio Airport" est un album méconnu de l'histoire du rock français, que l'on peut apprécier pour certaines de ses audaces ou bien détester ouvertement pour son manque de profondeur, mais dans tous les cas, c'est un album à redécouvrir. Ne serait-ce que parce qu'à l'inverse du très très médiocre "Wall Of Noise", on sent une espèce de sincérité émaner de cet album. Une envie de pondre quelque chose de moderne et d'avant-gardiste, de légèrement en avance sur son temps et surtout, de poétique. Par bien des aspects, "Tokio Airport" préfigure la French Touch des années 2000. Sauf qu'encore une fois, METAL URBAIN a été largement incompris à son époque.

Après avoir clôt le chapitre METAL BOYS, Eric Débris et Charlie H compileront et remixeront les différents singles de METAL URBAIN publiés dans les années 1970 et y ajouteront de nombreux inédits, afin de donner corps au dernier chapitre de la saga, à savoir l'album studio de METAL URBAIN. Cette compilation/album studio sortira en 1981 sous le nom "Les Hommes Morts Sont Dangereux", et constituera le testament posthume du groupe, qui splittera peu après la parution de cet album. Enfin, pas pour très longtemps, mais ça c'est une autre histoire ...

Note : "Tokio Airport" a été réédité de différentes façons dans le courant des années 2000.
- L'édition française, plus complète et plus luxueuse, est sortie en 2004 chez Seventeen Records (responsable des rééditions de METAL URBAIN) et comprend deux versions de l'album réparties sur 2 CDs : la version d'origine (qui m'a servi de base pour cette chronique) et une version remixée très intéressante à laquelle s'ajoute de nombreux bonus ...
- Une édition spéciale réservée au marché américain est sortie chez Acute Records la même année et ne comprend que la version remixée de l'album.

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   RED ONE

 
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- Eric Débris (programmation, synthétiseurs, chant)
- Charlie H (programmation, synthétiseurs, guitare)
- China (chant féminin)


1. New Malden
2. Parlez Moi D'argent
3. Carbone 14
4. The Pleasure
5. Café Salé
6. Love In Dub
7. Colt 45
8. Commando
9. Hurry Back
10. Tokio Airport
11. Un Petit Peu D'amour



             



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