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CELTIQUE INSTRUMENTAL  |  STUDIO

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 Musique Progressive Bretonne (815)

Dan AR BRAZ - La Mémoire Des Volets Blancs (2001)
Par MARCO STIVELL le 9 Avril 2012          Consultée 5639 fois

A l'orée des années 2000, Dan AR BRAZ met fin à l'expérience de l'Héritage des Celtes qui aura su se faire une belle place dans le monde de la musique européenne des années 90. Exit donc le temps des grands succès, retour à des configurations plus simples, une musique toute personnelle. Pour cela, on sera loin de craindre un quelconque souci, puisque La Mémoire des Volets Blancs est non seulement une suite aux (déjà !) lointains Musique Pour les Silences à Venir et Septembre Bleu, mais en plus il est autobiographique.

Le mot "textuellement" prend ici de nouveau un sens figuré, puisque toute la musique est instrumentale. Mais il a un sens très fort pour Dan, puisque le guitariste nous convie à une exposition de quelques tableaux de sa vie. "Faces of Spain" parle du moment où il a découvert son langage et sa raison d'être grâce à un "guitarrista" sur une plage d'Espagne. "Kervel" et "Course Amère" sont respectivement dédiées au père et à un ami disparus. "Gwerz Rory" relate la première rencontre avec l'idole Rory Gallagher à Montreux en Suisse dans le courant 1974, et comme il est également décédé depuis le dernier album solo de Dan, c'est un nouvel hommage. "A Long Way" en est un autre, cette fois à toutes les dulcinées qui se sont succédées durant la vie de Dan. Enfin, "Le Mur de Pierres" est plus strictement adressé à l'enfance, aux enfants, ses propres enfants.

Cet album ne prendra pas le contrepied de Septembre Bleu, pas plus que de Musique Pour les Silences à Venir, non vraiment. Les années 80 sont désormais loin derrière (mais les instruments à vent redeviennent au goût du jour), et Dan a eu l'occasion de vendre dix fois plus d'albums que ce qu'il écoulait avant 1994. La Mémoire des Volets Blancs ne se fera pas plus "commercial" (Dieu que ce mot est laid), il bénéficiera juste de ce succès pour ceux qui ne lui reprocheront pas de trop s'en écarter. Dan choisit de conserver de la période Héritage la section rythmique on-ne-peut-plus efficace Ray Fean/Eoghan O'Neill, qui n'aura cependant pas spécialement la possibilité de faire chauffer ni briller ses instruments sur ce disque. Ils font simplement du bon travail, comme les autres musiciens. Martin Allcock, le bras droit fidèle de Dan durant les années 90-94 n'ayant pas été rappelé, il se voit remplacé par deux claviéristes, Patrick Péron et Rod Mc Vey qui dirige aussi l'Irish Film Orchestra. Richie Buckley, le célèbre saxophoniste de jazz de Dublin, n'est présent que pour un trio de morceaux. Dan est, lui bien sûr, omniprésent...

Si vous aimez tout ce qui représente la finesse du guitariste, mais pas dans un contexte rock (la hargne a bel et bien été mise de côté depuis The Earth's Lament, exception faite de quelques bribes sur Rêve de Siam et Theme for the Green Lands), ce disque est fait pour vous. Débarassée du cocon eighties, la musique renoue avec une vraie rythmique et des claviers modernes, un peu trop modernisés même parfois. Si les nappes sont toujours belles et soutiennent la musique de manière irréprochable, on peut regretter un ou deux effets programmés, à l'image des cuivres parsemés sur le dernier refrain de "Faces of Spain" par exemple. L'orchestre accompagne aussi, plutôt discrètement au point que l'on ne fasse plus la différence entre les vraies et les fausses cordes. Dan a vraiment choisi une softitude presque exclusive, jusque dans ses propres parties de guitare. Comme sur Septembre Bleu, il emploie un propos "clean" à un débit sans trop de pauses, donnant l'impression d'être constamment entre le thème mélodique et le solo. De cette dernière catégorie, il y en a des vrais bien sûr, et dans ce genre de musique, on obtient parfois les sommets d'un "Jesse Carpenter" comme sur "L'Ouest Perdu". Quant à Richie Buckley, il est un peu entre deux feux. J'ai particulièrement du mal avec son intervention sur "A Long Way", morceau qui parait du coup lui-même un peu hors-sujet dans cet album. Au ténor, Buckley s'en sort beaucoup mieux sur le fragile "L'Ouest Perdu" où il s'adapte parfaitement, tout comme au soprano sur le tout aussi triste "Kervel".

Ces deux morceaux sont typiques d'un Dan AR BRAZ mélancolique et touché par la grâce d'un point de vue composition. Petits ronflements d'orgue Hammond, batterie sèche, musique entre jazz et blues pour "L'Ouest Perdu" (le guitariste mentionne ses tournées en Ecosse et Irlande, quand il était entouré par la mer, notamment à l'est et qu'il finissait par "perdre l'Ouest"), plus feutrée sur "Kervel", l'ambiance se densifie constamment. Le solo de Dan sur "L'Ouest Perdu" et celui de sax soprano sur "Kervel" sont particulièrement émouvants. Pour le reste, La Mémoire des Volets Blancs est un album paisible, qui s'écoute agréablement et dont l'homogénéité ne permettra pas en revanche de distinguer beaucoup les titres des autres (d'autant plus que le matériau d'arrangement reste similaire à chaque fois). "Faces of Spain" a une rythmique un brin r'n'b, alors que "Course Amère" préfère une batterie nettement plus légère. Les nappes y sont oniriques et c'est l'un des plus beaux titres malgré tout. "La Route des Presqu'Îles" a un air de "Green Lands" sans bagad. "Au Nord Vers une Autre Lumière" rejoint un peu le ton jazzy de "L'Ouest Perdu". "Le Mur de Pierres", "Fenêtre Sur Mer" et "La Mémoire des Volets Blancs" sont de petites sucreries empreintes d'innocence, nécessaire pour la tonalité douce du disque. Ce sont tous de beaux titres, un peu "brisés" par la présence de "A Long Way", une version rock instrumentale de "A Long Way Leads to You Annie" (chanson de Songs, 1990), le saxo en faisant pour le coup encore une fois la reprise que j'aime le moins de "Dan par Dan".

Question purement idiote, le guitariste refera t-il du rock après cela ? Seul l'avenir nous le dira.

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   MARCO STIVELL

 
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- Dan Ar Braz (guitares acoustiques et électriques)
- Eoghan O'neill (basse)
- Ray Fean (batterie, percussions)
- Patrick Péron (claviers)
- Rod Mcvey (piano, claviers, arrangements et direction de l'or)
- Richie Buckley (saxophones ténor et soprano)
- L'irish Film Orchestra


1. Faces Of Spain
2. Course Amère
3. L'ouest Perdu
4. La Mémoire Des Volets Blancs
5. Le Mur De Pierres
6. Gwerz Rory
7. La Route Des Presqu'Îles
8. Gwerz Rory
9. A Long Way
10. Kervel (stories From The Shores)
11. Fenêtre Sur Mer
12. Au Nord Vers Une Autre Lumière...
13. Silent Heart In The Fall



             



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