Ayé, la machine est lancée. Toys in the Attics a converti l’Amérique au rock des comparses de Steven Tyler, qui partage dorénavant l’écriture sur tous les morceaux (sauf la ballade finale). Du rock qui roule des mécaniques, un son pour faire hurler la sono du camion sur les longues lignes droites du Midwest, et des refrains plus accrocheurs qu’à leurs débuts grâce à Joe Perry qui, on le disait, co-écrit de nombreux titres et ajoute cette fameuse deuxième voix qui rend AEROSMITH immédiatement reconnaissable – même si le timbre de Tyler était déjà une griffe assez unique.

"Back In the Saddle" décrasse bien les enceintes de la hi-fi d’entrée de jeu. Un riff dégotté par Perry, des paroles de cow-boy en rut, c’est lourd et gras et ça déménage. Autre excellent titre, "Sick As a Dog" est très bien balancée, une belle intro, des breaks bien intégrés, des claps et du riff qui décalque sa race. Les musicos ont échangé leurs instruments, ils se font plaisir et ça s’entend. Un must du groupe ! Quant à "Nobody’s Fault", c’est LA tuerie du disque (co-écrite par Whitford, souvent sous-estimé chez AEROSMITH). Sombre, brut, ce morceau est un des éléments qui donnent à ce disque (avec le premier titre) une tonalité très hard. Comme quoi, les Bad Boys de Boston sont meilleurs quand ils s’en tiennent à un blues-rock très dur (à la « Lord of the Thighs »). Le titre qui suit ("Get the Lead Out") le confirme. On s’attend à un boogie-rock classique, comme ils en pondent au quintal, mais ils nous enrhument sur le refrain et ses guitares diaboliquement malsaines. Du vrai, du bon, du costaud, du rock qui en a dans le slibard.

Les autres titres sont moins convaincants, ce qui n’enlève rien à la haute tenue d’ensemble du disque dont les moments faibles sont, finalement, peu nombreux. Tyler ne peut s’empêcher d’y aller de sa power-balad (pour rééditer le coup de "Dream On") en conclusion. Ce "Home Tonight", sans être un single imparable, réussit avec ses chœurs et sa mélodie à nous emmener béatement vers la conclusion d’un album qui assure grave.

AEROSMITH deviendra immensément populaire, sans pour autant devenir une légende comparable à d’autres grands noms. Pourtant, ce serait faire la fine bouche que de ne pas reconnaître que sur Rocks, ces 5 adeptes du "rock star lifestyle" (drogues, décibels et groupies) atteignent un joli sommet.