De toute manière, les FATALS PICARDS, depuis le passage raté à l'Eurovision (ridicule) et le départ d'Yvan (insurmontable), c'est plus ce que c'était. C'est votre avis ? Alors ce nouvel album live ne vous en fera pas changer. Enregistré en décembre 2011 à Rouen, Fatals Sur Scène se pose en successeur d'un premier opus en public, le justement nommé Public, en 2008. Contrairement à ce dernier, ce nouvel opus prend le parti de tourner la page pré-Pamplemousse Mécanique, en ne proposant quasiment aucun titre antérieur à ce formidable album. Une setlist actualisée donc mais qui, couplée à une prestation moyenne et un mixage approximatif, donne un album qui souffle simultanément le chaud et le froid.

« C'est le dernier concert de l'année, ça va être un peu décousu », nous annonce en préambule un Paul Léger, leader par défaut du groupe picard, qui met rapidement en pratique cette phrase, oubliant momentanément les paroles de « La sécurité de l'emploi », « 1983 » ou « Le retour à la terre ». La déconnade, lorsqu'elle est une finalité, doit être interprétée avec rigueur et exactitude, sous peine de tomber à plat. C'est ici que réside la principale faiblesse de cet album, les FATALS PICARDS donnant à plusieurs reprises l'impression d'un foutage de gueule assumé. Le délire à comme un goût amer, que les délires humoristiques entre les morceaux ne parviennent pas à faire passer.

Bien sûr, il n'y a pas mort d'homme, les FATALS assumant pleinement la fausse futilité de leur musique, à grand renfort de chambrage et de communication avec un public participatif, totalement acquis à leur cause. Si l'interprétation est un peu juste, elle est contrebalancée par une véritable envie de divertir les spectateurs rouennais, ce que ne manquent pas de faire « C'est l'histoire d'une meuf », « La sécurité de l'emploi », le parodique « Boum » ou « L'amour à la française », savamment placés. Plus inutiles, « Dans mon verre » et « Premier de la glace », tirés du mitigé Coming Out, auraient gagné à laisser leur place à « Chinese Democracy », mésestimé extrait du Sens de la Gravité, ou « La française des jeux », dont l'absence est fortement préjudiciable.

En interprétant majoritairement leur répertoire le plus récent, les FATALS prennent donc le risque de ne pas faire l'impasse sur les titres les moins intéressants de leur répertoire, à l'image des deux précités. Sans nuire réellement à l'efficacité du concert, ces morceaux permettent de prendre la pleine mesure de la baisse de régime du groupe sur album, et font que ce live peine à soutenir la comparaison avec son prédécesseur de 2008, bien plus hétéroclite et réussi.

Voici donc un live qui, sans être mauvais, n'apporte pas grand chose à la carrière des FATALS, qui devraient plutôt concentrer leurs forces vives dans l'écriture d'un nouvel album studio digne de ce nom. En attendant, les fans seront aux anges, et les réfractaires ne changeront pas d'avis. Voici qui est suffisant pour que le groupe et son rock « made in Picardie » poursuivent sans heurts leur petit bonhomme de chemin. Attention à l'abus de confiance en soi, néanmoins.