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Les FATALS PICARDS - Especes Menacees (2019)
Par GEGERS le 13 Avril 2019          Consultée 2190 fois

Les FATALS PICARDS sont un très bon groupe. Cela tombe sous le sens. Mais pourquoi, exactement ? Certainement parce que sous des kilos de second degré, sous des couches de nonchalance, derrière un voile de débilité assumée, le quatuor a montré à de nombreuses reprises qu'il était capable d'autre chose que de proposer "simplement" une musique potache, faite pour amuser les foules (nombreuses) qui applaudissent régulièrement le groupe en concert. Non, il y a aussi une dose de matière grise injectée dans ce rock débridé qui, depuis le départ d'Ivan Callot en 2007, se veut également plus structuré, moins dégingandé. En tentant des choses, les FATALS ne tombent pas toujours juste et proposent parfois des opus mal équilibrés ou qui voient le soufflet retomber rapidement. Néanmoins, les déconvenues sont globalement peu nombreuses comparées aux belles trouvailles que les quatre musiciens nous proposent depuis près de 20 ans.

Pour bien accueillir ce nouvel album des FATALS, il faut avoir l'esprit ouvert et ne pas s'attendre à un album orienté punk-rock. Si c'était déjà le cas sur les précédentes sorties du groupe, c'est particulièrement vrai sur ce neuvième opus. Le genre n'est pas absent. Le rock, adolescent mais rock tout de même, se retrouve sur l'introductif "Sucer des Cailloux", tire énergique et réussi, mise en bouche idéale, qui évoque les compromis alimentaires dans l'optique d'une relation amoureuse réussie. Sympathique entrée en matière. Mais pour entendre le groupe se faire mordant au niveau musical, il faut attendre la deuxième partie de l'album avec "Turlututu", qui narre la passion pour les barbecue des membres du Ku Klux Klan, "Dans Un Ciel de 1er Mai", pour sa part résolument punk, sorte de rencontre entre les WAMPAS (pour la musique) et les TAGADA JONES (pour le texte galvanisant). Un des meilleurs moments de l'album, plus réussi que "20 000 Lieux Sous les Polymères", punk passe-partout qui a pour principal atout de rendre plus énergique la fin de l'album.

Les FATALS, comme à leur habitude, varient donc les ambiances. Et à jouer surtout les tableaux, le groupe joue également avec le feu. Certains effets tombent ainsi à plat, à l'image de "Angela", parodie d'INDOCHINE et des groupes synth-pop des années 80, ou de "Banana Split", reprise de LIO enregistrée en duo avec la chanteuse, qui se fait bien moins convaincante que la relecture de Mylène Farmer ("Sans Contrefaçon") sur l'album Septième Ciel. Il y a bien mieux à découvrir : le rock mid-tempo de "Rebecca", qui traite avec nostalgie du triste destin des stars du porno des années 80, propose un refrain de grande classe, imparable et réussi. "Béton Armé", précédé d'un interlude sur lequel officient les piquants humoristes de France Inter Guillaume Meurice et Charline Vanhoenacker, est un folk-rock entraînant qui dénonce avec subtilité les collusions entre business et terrorisme, évoquant les criminels de Lafarge sans jamais les nommer. Bien vu. Mais pour prendre la pleine mesure de la qualité de cet album, il faut écouter la ballade "Mon Arbre", qui avec une insondable nostalgie et tristesse évoque le mal-être paysan, nous laissant ébahis face à ces mots si bien choisis et cette mélodie folk proposant un mariage heureux entre guitare folk et harmonica plaintif.

Paul Léger, véritable caméléon vocal, se fait figure de proue d'un album qui souffle ainsi globalement le chaud, dont certains titres audacieux (l'électro-rock slave surprenant et convaincant de "Nouchka" qui vient clôturer l'album) permettent d'élargir le champ des possibles d'un groupe qui ne se contraint à aucune limite. Il y a souvent deux niveaux de lecture qui permettent à l'album de bénéficier d'une durée de vie honorable et lui confèrent un intérêt réel même si le groupe a parfois recours à certaines facilités qui n'amoindrissent que très légèrement la qualité globale de l'album (le prévisible "C'est la fête médiévale" a tout de même le mérite de renouer avec le passé plus débridé du groupe, ou encore la mignonnette ballade folk "Morflé").

Les FATALS ont terminé leur croissance. A vingt ans, ça y est, ils vieillissent. Mais ils sont de vieux beaux, vigoureux, le genre à rouler en Golf avec la musique à fond et les vitre ouvertes pour oublier que les cheveux grisonnent. Toujours classe, le groupe ne déçoit pas et propose un album qui ne parvient pas à rivaliser avec son dernier grand classique (Le Sens de la Gravité, en 2009), mais qui propose suffisamment de très bons moments pour s'établir comme un très bon cru dans la carrière du groupe.

3,5/5

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- Paul Léger (chant)
- Laurent Honel (guitare)
- Jean-marc Sauvagnargues (batterie)
- Yves Giraud (basse)


1. Sucer Des Cailloux
2. Rebecca
3. Interlude : Jacques Et Martine
4. Béton Armé
5. Angela
6. Banana Split
7. Morflé
8. Interlude : Les Enfants S’ennuient
9. C’est La Fête Médiévale
10. Interlude : Michel Est En Retard
11. Turlututu
12. God Save The Kim
13. Dans Un Ciel De 1er Mai
14. Mon Arbre
15. 20 000 Lieux Sous Les Polymères
16. Interlude : Faites Entrer Le Complément D'enquête
17. Nouchka



             



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