L'éternel regret du musicophile nostalgique, vieux ronchon, adepte du « c'était mieux avant », est de ne pas avoir connu ses artistes favoris à leurs débuts, de ne pas avoir vécu leurs balbutiements, leurs hésitations, puis leur accomplissement. La naissance d'un nouvel artiste voué à perdurer est ainsi une chance formidable de vivre avec lui tout cela. Suivre la carrière d'Amy MACDONALD est donc un véritable délice. De la petite Ecossaise, qui fit des débuts tonitruants avec son premier album, porté par le tube planétaire « This is the life », il ne reste plus grand chose. Une fragilité, une authenticité perdurent, tout comme le talent incroyable de la jeune artiste, dont le troisième album a des allures de véritable aboutissement.

On peut chercher la petite bête, s'attarder sur les détails, trouver que Life In A Beautiful Light n'apporte rien de plus dans la discographie de la chanteuse. Mais ce serait en réduire l'impact. Ce nouvel album est le Bridge Over Troubled Water de Simon & Garfunkel, le Born To Run de Bruce Springsteen : un album qui, sur les bases posées par ses prédécesseurs, vient installer Amy MACDONALD comme une artiste sûre de son fait et maîtrisant parfaitement ses forces. Des quelques faiblesses qui émaillaient A Curious Thing, il n'est plus ici question. De l'enjoué « 4th of July » qui ouvre l'album, jusqu'au final optimiste « In the end », en passant par la fragilité bouleversante de « Left that body long ago » ou le conscientisé « Across the Nile » et ses réflexions sur le printemps arabe, Life In a Beautiful Light s'impose dans son entièreté comme un chef-d’œuvre ne laissant aucune place à l'hésitation ou l'approximation.

La transcendance folk-rock, en gestation sur les deux précédents albums, prend ici sa pleine mesure. Doté d'un son chaud et envoûtant, ce nouvel album est le compromis parfait entre immédiateté des refrains, richesse des mélodies et profondeur du sens, qui lui confèrent un potentiel incroyable de progression. Life In A Beautiful Light se ressent plus qu'il ne s'écoute. Tout comme l'on frissonne à l'écoute de la voix d'Art Garfunkel sur « Bridge Over Troubled Water » ou au son de la guitare du Boss sur « Thunder Road », on fond littéralement tandis que résonnent dans nos oreilles l'acoustico-mirifique « Pride », la tendre « The game » et son piano prédominant, ou encore l'enivrante « Life in a beautiful light », dont l'incroyable force motrice se fait porteuse d'un hédonisme assumé.

On ne peut qu'aimer, forcément, la force et la conviction avec lesquelles Amy MACDONALD déclame ses vers, ainsi que les améliorations phénoménales en termes d'arrangements des morceaux, qui nous donne l'impression qu'enfin la jeune artiste parvient à se donner entièrement à nos oreilles et à nos sens. La marque des grands, c'est cette subtilité, cette retenue, qui nous laissent à penser que la chanteuse dispose encore d'une réserve d'émotions et de sentiments à nous faire partager, annonciatrice d'un futur que l'on espère radieux pour celle qui, avec Life In A beautiful Light, vient de livrer son plus grand album et sans doute l'un de ceux qui s'imposeront comme une des pièces majeures de la discographie d'Amy MACDONALD, lorsqu'elle se sera enrichie de nombreuses sorties supplémentaires. De quoi satisfaire au plus haut point les amateurs d'un folk-rock véritable et artisanal.