Reprenons nos esprits; Car les amérindiens de BLACKFOOT sortent aujourd’hui leur sixième production studio. Posons plus avant la situation : le triptyque animalier, chef-d’œuvre des pieds noirs, a assis leur réputation de compositeurs, le « Highway song live » a prouvé qu’ils étaient des bêtes de scène ultimes. Tout est en place pour faire du groupe de Jacksonville l’égal de LYNYRD SKYNYRD ou de ZZ TOP. Or, vous allez voir que tout ne se déroulera pas de cette manière enviable. Car en effet, nous assistons à l’arrivée de Ken Hensley ex clavier et compositeur de URIAH HEEP au sein des guerriers, armé de son légendaire Hammond. La démarche aurait pu s’avérer payante, avec un peu de bol….

Car Hensley n’arrive pas seul à bord du canoé de Medlocke et Cie, j’en veux pour preuve le titre ouvrant les hostilités sur ce skeud, il s’agit de « Send me an angel », ne passons pas par quatre chemins, cette compo est une véritable merveille de Hard rock traditionnel. Nous sommes résolument hors du champ d’investigation du southern rock cher aux floridains, mais la qualité est omniprésente, tout touche au sublime dans ce morceau, cavalcade rythmique, guitare solo incisive, chant agressif, mélodie imparable. Ca commence bien.

Sauf qu’à aller chasser sur des terres inhabituelles, les mecs investissent des terrains où les bisons ne sont plus les mêmes. On va signaler l’époumonante « Drivin’ fool » un hard rock de facture classique, avec à nouveau Hensley en première ligne à la slide. Seulement… Crossfire est un titre sympa mais banal. Le riff de « Sail away » semble sortir d’une session de VAN HALEN, Rick y chante bien, mais le calcul est casse-gueule. La mélodie de « Run for cover » est agréable, mais le refrain AOR laisse une impression étrange. Je préfère d’ailleurs l’esprit carrément FM de « Heart’s grown cold ». Un seul titre porte en lui un peu de l’identité passée, il s’agit du moyen « White man’s land ».

C’est à cette époque que les disputes entre Ricky et le bassiste Greg Walker se font de plus en plus fréquentes, querelles d’égo, orientation musicale plus FM, les argumentations tournent souvent au vinaigre. Jackson Spires et Ricky Medlocke continuent de composer l’essentiel des titres, mais dans une veine qui n’est plus sudiste. Quelle erreur ! Certes l’opus est de bonne qualité, mais l’esprit mystique, l’aura si spéciale des compositions de BLACKFOOT a carrément foutu le camp. Il nous reste néanmoins le chef-d’œuvre qu’est « Teenage idol » qui sortira en single assorti d’une vidéo rigolote. Ce titre est une tuerie, le refrain m’a personnellement marqué au fer rouge labellisé pieds noirs …

La musique est donc de facture agréable en général avec deux classiques intemporels. Mais on ne peut s’empêche de penser qu’ayant quitté URIAH HEEP deux années auparavant pour d’obscures raisons, l’anglais a souhaité utiliser BLACKFOOT pour réinitialiser le succès précédemment acquis… au détriment de l’âme musicale des amérindiens. Compte tenu du passé récent des BLACKFOOT, il est vrai que cette donnée provoque en moi une réaction de colère et d’incompréhension. Quel dommage ! Car vous verrez que cette nouvelle orientation va peu à peu détruire le mythique combo.

Bref, c’est avec un soupir de regret que je mets une note moyenne, la musique est assez chouette mais le groupe a perdu –vendu ?- son âme… Le grand esprit ne le supportera pas.