Voyez donc cette photo de couv ! Johnny, plus blanc que blanc, le regard déjà "absent" et énorme consommateur de substances en tous genre dés son plus jeune age, pose avec détachement pour assumer son rôle de bluesman aux yeux du monde entier après un premier album ou il restait caché aux yeux de la majorité. Durant le "summer of love" de 69, la révolution du son est à l'oeuvre. Le hard rock pointe avec insistance sous le psychédélique, mais le blues remit à l'honneur lors du grand boum britannique fait des émules. Johnny WINTER est à l'accouchement du phénomène en terre de l'oncle Sam. Sa réputation ne fait que grossir jour après jour, il joue avec HENDRIX, son style agressif et bavard devient une référence pour tous les guitaristes en herbe.

Plusieurs compositions de Johnny parsèment cet opus. On citera le « Leland Mississippi blues », joué sous hallucinogènes, qui débute en Blues crado pour se muer par instants en Hard rock agressif, vachement bien fichu. Il sait aussi devenir rural quand il le faut, voyez donc l’ode à « Dallas », une autre de ses compositions personnelles ou il choisit de mettre en scène la cité tentaculaire au son d’un Dobro... Quand on connaît la mégapole texane, il y a de quoi rigoler tant l’écart entre ce blues roots crasseux mais authentique est aux antipodes de la riche cité du pétrole toute de verre vétue ! Finalement, je suis moins fan du titre introductif « I’m yours and I’m hers » ou il narre la "simplicité" des rapports avec les femmes...

Et bien sur, comme à chaque fois avec notre Jojo, il y a de la reprise fondamentale. En excellente place , nous avons ici le « Good morning little schoolgirl » de Sonny boy WILLIAMSON. La chanson, sur un tempo assez remuant, est plein d’une énergie juvénile et fort entraînante. Comme le sujet le prévoit. les interventions lumineuses de la guitare sont plus hivernales que jamais ! Dans les up tempo, On signalera aussi le petit rock sur la reprise de BB KING « Country girl » ainsi que le chouette doowop sur « Two steps from the blues ». Le « Mean mistreater » de James GORDON est à peine plus évolué, lent mais super bon, les licks célébrissimes sont de bon aloi, même s’il sont archi connus, et l’harmonica dépote sa race !

Il repart avec son dobro pour les racines du blues avec l’esprit de Robert JOHNSON sur le standard « When you got a good friend ». Bien évidemment Johnny chante, et si dans un premier temps on se demande d’ou sort cette voix qui sonne parfois crécelle, on en vient à rapidement en redemander ! Ainsi que je vous le disais plus haut, notre artiste est un touche à tout, c’est pourquoi on retrouve ici en version très bluesy mais néanmoins orchestrale la « Drown in my tears » popularisée par Ray CHARLES quelques années auparavant, et sa voix passe fort bien. Et pour finir, du Lightnin HOPKINS ! Ca déchire grave avec « Back door friend », la slide y ouvre les espaces temps, comme souvent avec l’albinos de Beaumont.

Ce que j’aime beaucoup avec notre Jeannot Hiver, c’est cette propension toute personnelle qu’il a d’aller à droite à gauche, en haut en bas, emprunter au répertoire du rock, du blues, de la country de la soul, du hard ou du bluegrass. On part sans cesse dans tous les sens toujours avec le même bonheur ! C’est l’image qu’il va parvenir à imposer dans les années à venir. Pour l‘instant la plupart des fans du blondinet se contentent d’être à genoux devant son talent de guitariste. La carrière qui s’annonce sous les meilleurs augures se poursuit !