En 1986, Klaus SCHULZE a publié Dreams, un album génial et extraordinaire, qui mérite amplement le statut d'œuvre culte. Mais il a aussi sorti un autre album la même année, sous le pseudo de Richard WAHNFRIED. Nommé Miditation (quel jeu de mots !), il présente le compositeur allemand explorant les terres du new-age, et tout seul. Presque tout seul, pour être précis, puisqu'il est accompagné du flûtiste Steve Joliffe pour le premier titre, ce qui donne l'occasion de retrouvailles. En effet, les deux hommes jouaient déjà ensemble avec Edgar Froese au sein de TANGERINE DREAM à la fin des années 60 avant que Joliffe ne se fasse remplacer par Conrad Schnitzler. Voilà donc K.S et Joliffe partis pour faire s'envoler l'auditeur dans un océan de calme avec deux morceaux de plus de 20 minutes.

Le premier titre, "Miditation", respecte toujours les codes plus ou moins établis dans la disco de Richard WAHNFRIED, à savoir une musique bien différente des productions habituelles de Klaus SCHULZE. Il montre également que si K.S sait s'y prendre en musique électronique, il a encore beaucoup à faire pour donner un bon morceau d'ambient. En effet, les 8 premières minutes sont tout simplement soporifiques. Oui, Joliffe sait jouer de la flûte, oui l'association avec SCHULZE n'était pas une mauvaise idée. Mais quelques flûtes qu'accompagnent des notes de claviers sans relief, ce n'est pas ce qu'on peut appeler du bon new-age, oh que non ! L'ajout de percussions électroniques au deuxième tiers du titre relève l'intérêt, mais pas de manière flagrante. L'impression générale en fin de compte, c'est d'avoir affaire à une démo à laquelle il aurait fallu ajouter des nappes de claviers. Le dernier tiers, introduit par un effet sonore du plus mauvais goût, se rêve bonne conclusion, mais à part la flûte qui joue toujours en roue libre mais plus lentement, il s'agit là d'un désert acoustique, sans une once d'intérêt. Pour résumer, "Miditation" est raté, sans aucune envergure ni ambition musicale susceptibles de le porter loin.

Un point doit cependant interpeller d'office : la structure en trois parties de "Miditation". Il s'agit là d'une structure schulzienne classique, et un constat s'impose de lui-même : Richard WAHNFRIED fait du Klaus SCHULZE. Tout simplement. Et si c'est dans la forme pour "Miditation", pour ce qui est de "Midiaction", c'est sur le fond. Ce morceau où K.S se retrouve seul avec ses machines contient ce qu'il manquait à "Miditation", à savoir des claviers inspirés qui construisent une certaine ambiance. Des séquences au synthé apparaissent çà et là pour donner du relief, et il faut admettre que pour briser la monotonie, ça marche très bien. Il ne faut pas pour autant sauter de joie puisque le morceau n'est pas génial, mais juste correct. De quoi faire passer le temps tout en lisant un bon livre, rien d'autre.

Miditation n'est pas une franche réussite de Klaus SCHULZE – pardon, de Richard WAHNFRIED. La faute à un titre avec Joliffe en invité trop lacunaire et un autre n'étant efficace qu'en musique de fond. Mais Miditation est surtout le dernier album publié sous le nom de Richard WAHNFRIED, étant donné que dans les années 90, K.S utilisera comme nouveau pseudo.. WAHNFRIED tout court. De plus, tout comme Dreams, il annonce de belles choses dans la carrière du musicien allemand.

Note réelle : 2,5/5