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MUSIQUE CONTEMPORAINE  |  LIVE

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- Style : Nobuo Uematsu , Joe Hisaishi , Yuzo Koshiro
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Koichi SUGIYAMA - Dragon Quest: In Concert (1987)
Par CHIPSTOUILLE le 20 Mai 2005          Consultée 6075 fois

J’imagine que pour bon nombre d’entre vous, vous venez de cliquer sur cette chronique par hasard, sans avoir la moindre idée de ce qui peut se cacher derrière un tel titre « Dragon Quest » ? « Ah mais si ! » se disent certains, c’est pas cette fameuse saga de jeux vidéo qui parait-il fait fureur au Japon mais dont on n’a jamais vu la couleur en Europe ? Si, c’est bien cela. En l’occurrence, l’album qui nous intéresse ici regroupe les réorchestrations des musiques des deux premiers épisodes ici interprétées en public accompagnés en supplément du « Carnaval des animaux » de Camille de St Saens.

En fait, en ce qui concerne la première suite tout de moins, il s’agit là du premier exercice de ce style (c'est à dire, les réorchestrations de musiques de jeux-vidéo), et comme toute personne initiatrice d’un mouvement « artistique » important au Japon, le compositeur Koichi Sugiyama est presque considéré comme un dieu vivant au pays du soleil levant.

Essayons de voir cela depuis notre point de vue de néophytes européens: Non, Sugiyama n’a pas révolutionné le monde de la Musique, son œuvre est parfaitement comparable à tout un tas de compositeurs classiques plus ou moins connus, la présence du « carnaval des animaux » sur la galette n’est d’ailleurs pas anodine. En ce qui concerne ces deux suites notamment, l’influence world music que Sugiyama adoptera par la suite n’est encore pas présente, on a donc à faire à du très classique…ou presque.

Commençons par la première suite, à mon avis la plus intéressante des deux, celle-ci pose les fondations de toutes les futures compositions de Sugiyama, car chacune de ses réorchestrations suit une (et une seule) structure assez rigide, et comprend même des thèmes récurrents. C’est d’ailleurs par le thème récurrent de la saga que cette suite débute la « Overture March » comme le feront donc toutes les autres suites. On assiste donc à dialogues de cuivres et cordes, le tout accompagné de tambours sur le thème principal, loin de se prendre au sérieux, on assiste donc à une suite démarrant sur un ton enjoué et entraînant, bien que pas forcément très original.

Viennent ensuite « Château Ladutorn », « People » et « Unknown world » qui continuent dans l’allégresse et nous propose du matériel 100% romantique, on sent que Strauss n’est pas forcément loin, bien que Vivaldi puisse parfois revenir en mémoire au niveau de quelques airs. Sugiyama utilise également sur ces passages le pizzicato, technique qui consiste à jouer du violon en pinçant les cordes. Lors de quelques échappées, on peut parfois percevoir quelques notes sur une tension dramatique, mais rien de bien méchant pour le moment.

C’est alors que surgit le thème « Fight », et c’est dans ces moments que Sugiyama dévoile tout son talent, on passe directement du romantisme au contemporain, du calme à l’inquiétude. Mais attention, il n’est pas question de pseudo Pierre Boulez et Olivier de Messiaen. Sugiyama utilise les ficelles de la musique inquiétante à la manière d’un Chostakovitch ou d’un Bernstein, mais parvient à mêler le tout dans une continuité romantique assez remarquable. Au fil des écoutes, les atonalités se font évidences, et Sugiyama touche là où ça fait mal, parvenant à faire d’un réfractaire de la musique contemporaine tel que moi quelqu’un de définitivement convaincu…Nobuo Uematsu aura beau essayer d’y faire, il ne parviendra pas à égaler son contemporain à ce sujet précis.

Si « Fight » nous met sous pression, « Dungeon » nous hypnotise avec son thème qui décélère progressivement pour nous noyer sous des couches de noirceur, que « King Dragon » ne fait que renforcer à l’aide d’un thème très lent, mais tout en progression et montant en puissance et sur lequel les rugissement des cuivres viennent parfaitement justifier le terme de dragon dans le titre de l’œuvre. Le tout vient petit à petit mourir dans le silence, roulements de tambours et victoire, il est alors venu le temps de savourer l’achèvement de la quête avec un thème malheureusement un peu « bateau » et pas forcément très judicieux, seule réelle ombre au tableau pour cette première suite…

Comme je l’ai dit plus haut, la seconde suite suit un schéma rigoureusement identique à la première. Si les « suite Dragon Quest III et IV » savent parfaitement pimenter la sauce, cette suite là (comme l’ensemble du jeu vidéo d’ailleurs) ne fait que reprendre la première en l’agrémentant légèrement de surplus. Passé l’ouverture récurrente donc, le thème « château » est en fait plutôt triste (oui, j’ai dit que…mais bon, heureusement, ce n’est pas EXACTEMENT pareil…) et rappelle un peu le célébrissime « Air » de Bach. Le thème « Town » est lui beaucoup plus enjoué, dans la suite logique de l’ouverture.

Les thèmes plus glauques viennent ensuite, on note en plus du thème des « Dungeons » le thème des tours (« Devil’s tower ») qui vient s’apposer directement à la suite. Celui-ci se veut donner un ton plus vertigineux qu'oppressant. Sugiyama parvient par je ne sais quel miracle à mêler ces deux thèmes en un seul, le tout donnant une impression d’inquiétude, par un jeu d’atonalités simples, là encore réussit.

Passons le « Endless world » qui mêle les différents thèmes calmes et enjoués des continents que vous parcourez durant le jeu, « Beyond the wave » est une réelle nouveauté par rapport à la première suite, puisqu’il s’agit d’une valse (là aussi, on retrouve Strauss) pas forcément originale, mais permettant d’apporter le peu de variété qui manque un peu à cette seconde suite. « Deathfight » rejoint parfaitement le thème de la première suite, de même que « My road my journey » qui clôt le tout de façon quasiment identique (je le dit? Allez si, je suis obligé de lancer la comparaison, on dirait très sérieusement le thème des feux de l’amour…C’est à en vomir tellement c’est bourré de bons sentiments… C’est encore écoutable, mais c’est certainement la partie que Sugiyama devrait le plus repenser)

Je termine cette chronique bien longue sans parler du « Carnaval des animaux », chef d’oeuvre qui mérite très largement une chronique à lui tout seul. Ces deux suites ont pour principal intérêt d’avoir initié le « truc » des réorchestrations de jeux vidéo, ce qui nous a permis d’obtenir de fort jolies choses par la suite. Il n’y a donc rien de vraiment mauvais, ni rien de sensationnel non plus (mis à part la progression romantique-contemporain) L’interprétation est plutôt bonne, bien que l’on ressente le manque d’instruments et parfois peut-être quelques légers ratés. Pour Sugiyama en tous cas, le meilleur reste encore à venir! Je précise que l’appréciation finale ne tient pas compte du « Carnaval des animaux » de St Saens.



NB : Les deux « suites Dragon Quest » étaient déjà sorties sous un format indépendant de type studio, accompagnées de leur bande originale respective (en 1986 pour la première, donc oui, avec le bon vieux son ‘NES’ comme on l’aime...ou pas) Les deux suites sont également sorties sous leur forme studio réunies, mais comme ce ‘In concert’ comprend également le carnaval des animaux, j’ai décidé de chroniquer le CD le plus intéressant…Il existe également des versions « On Electone » qui sont juste des versions originales rejouées avec un synthé plus performant. Faites bien attention donc, en ce qui concerne ces réorchestrations, car de nombreuses versions circulent, et vous risqueriez d’être pris au dépourvu en cas d’éventuel achat (tout étant écrit en japonais sur ces albums…)

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- Tokyo String Ensemble
- Naohiro Totsuka (chef d'orchestre)


- suite Dragon Quest I
1. Overture March
2. Château Ladutorn
3. People
4. Unknown World
5. Fight
6. Dungeon
7. King Dragon
8. Finale
- suite Dragon Quest Ii
9. Dragon Quest March
10. Château
11. Town
12. Fright In Dungeon ~ Devil's Tower
13. Requiem
14. Endless World
15. Beyond The Waves
16. Deathfight ~dead Or Alive
17. My Road, My Journey
- suite Le Carnaval Des Animaux
18. Introduction Et Marche Royale Du Lion
19. Poules Et Coqs
20. Hémiones
21. Tortues
22. L'éléphant
23. Kangourous
24. Aquarium
25. Personnages à Longues Oreilles
26. Le Coucou Au Fond Des Bois
27. La Volière
28. Fossiles
29. Le Cygne
30. Final



             



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