Les Portes de l'Enfer, un beau jour de mai. Au milieu des suppliciés qui payaient de leur souffrance leurs nombreux péchés (vols, meurtres, achat du dernier Paris Match), deux ombres ourdissaient un terrible complot contre l'humanité :
« Alors mon cher esclave, avez-vous trouvé un nouveau plan pour les tourmenter ?
- Parfaitement, maître ! J'ai ouï dire que le peuple d'un pays en forme d'hexagone est grand amateur d'un certain Jean-Jacques Goldman. Son amour est tel qu'il ne cesse de réclamer de nouvelles musiques de cet homme.
- Hum, je vois. Je connais vaguement, c'est divinement horrible... pour nous... Et donc ?
- J'ai trouvé quelque chose de génial, maître. Puisque le peuple hexagonal réclame du Goldman, on va leur en donner... mais chanté par ce qu'il appelle la nouvelle scène française !
- Ah oui, cette merveilleuse invention de mon cru ! J'en suis encore fier, d'ailleurs. Ah ! quel plan génial ! Le désespoir et la consternation frapperont ceux qui n'auront pas été abrutis par cela. Esclave ! Va donc allier le répertoire de Goldman avec ces fameux chanteurs ! Pendant ce temps, je vais jouer au poker avec mes potes ! Mouahahahahaha !!! Que les Portes de l'Enfer s'ouvrent !!! »

Et voilà. Voilà une hypothèse du pourquoi du comment de Génération Goldman. C'est ainsi qu'en novembre 2012, ce collectif composé de has-been de la chanson française et de nouvelles têtes aussi honnêtes que douées (hum) a sorti un album entier de reprises de Jean-Jacques GOLDMAN. Ça a fait mal, très mal, entre les reprises en elles-mêmes, abominables, et certaines personnes déclarant « lol c tro b1 Envole-Moi, M Pokora é Tal son swagg 3 ». Consternant. Mais le pire, c'est le succès de cette mise à mort humiliante et surtout la sortie de Génération Goldman 2. Car oui, ils remettent ça, cette année. Dans l'absolu, cela peut se comprendre, dans le sens où le répertoire de Jean-Jacques est constitué d'un tube en puissance sur deux, objectivement parlant.

Côté interprètes, certains noms rappelleront vaguement quelque chose, un lointain souvenir tout au plus. Est-ce étonnant ? Allez, je suis mauvaise langue, Zaho, Tal ou encore Christophe Willem, ce n'est pas totalement de l'inconnu. Mais quelle importance au vu de Génération Goldman 2 ? Une fois le disque inséré, c'est parti pour une heure de souffrance ultime.
Une heure de souffrance et de désolation plus tard, le résultat prouve bien que Génération Goldman 2, c'est nul à chier. Le défilé des opportunistes défile, et la poésie de chaque chanson est anéantie au bulldozer. Cependant, miracle des miracles, tout n'est pas ridicule. Ainsi, "Sache que je", chantée par une certaine Judith, aurait pu faire une bonne reprise, si cette dernière ne se plantait pas aussi fort dans l'émotion. La version de "Il changeait la vie" n'est pas si dégueulasse non plus, à vrai dire. Mais cela ne relativise même pas l'horreur de la chose, même en ne comparant pas aux originaux de J-J;G. Et vas-y que je t'ajoute de l'émotion en carton ici, que je te remplace une instru géniale par des arrangements de variétoche tellement bateau qu'on devrait parler de supertanker à ce stade ! La palme de l'indécence revient à Leslie et Pauline dont la version de "La vie par procuration" me fait faire des cauchemars tant elle viole en puissance l'originale.

Une question nous brûle alors les lèvres : pourquoi Génération Goldman 1 et 2 connaissent-ils le succès ? Certes, les goûts musicaux sont de plus en plus dictés de manière à écouter n'importe quoi, pourvu que ça vende, mais à ce stade, c'est bien trop gros. Et puis, le nombre de gens pour qui Goldman sans Goldman ce n'est rien est assez élevé. Si quelqu'un a une explication plus logique que celle qui introduit la chronique, je suis preneur.

En attendant, Jean-Jacques, reviens !

Note réelle : 0,5/5