Fort de quelques singles et EP qui ont suffi à attirer l'attention, le groupe écossais CHVRCHES passe à la vitesse supérieure en septembre 2013, et nous offre leur premier album studio. Nommé The Bones of What You Believe, il permet de juger du réel potentiel du trio, dont l'une des marques les plus distinctives n'est autre que la voix de sa chanteuse, Lauren Mayberry. Ceux qui ont immédiatement accroché aux chansons "The Mother we Share", "Gun" et/ou "Recover" n'espèrent qu'un seule chose : que les espoirs suscités ne soient pas cruellement douchés, et d'avoir entre leurs oreilles une nouvelle référence à écouter, surtout en ces temps de morosité musicale.

Alors, ont-ils eu raison de croire en CHVRCHES, ce groupe de synthpop/électro pop prometteur ? La réponse ne se fait pas attendre après écoutes : The Bones of What You Believe est au moins un incontournable de l'année 2013. Mieux, on peut même s'avancer que sur les 12 chansons composant l'album ne comportent aucun temps mort (ou presque, mais j'y reviendrai). Si les précédents singles annonçaient de bonnes choses, l'album démontre que CHVRCHES ne serait pas une énième formation vaguement revival et moderne sans saveur.
Preuve en est avec les singles : si leurs structures ne cassent pas forcément trois pattes à un canard, il n'empêche qu'ils touchent leur cible en plein dans le mille, sans opposer une quelconque résistance. Cela tient en deux éléments. Primo, la musique jouée par les trois musiciens est gorgée de synthés qui sont puissamment crédibles, sans faute de goût, et qui créent un tout dynamique et entrainant. Secundo, la voix de la chanteuse Lauren Mayberry. Cette dernière possède un organe qui sied très bien à la musique, et arrive à transmettre les émotions nécessaires tout en retenue, sans verser dans un pathos ridicule. De plus, son originalité la fait largement surnager vis-à-vis de trop de chanteuses isomorphes.

Plus précisément, donc, il n'y a rien que du tube potentiel sur The Bones of What Your Believe. Enfin presque : si Mayberry s'impose facilement, elle devient indispensable, au point qu'on a presque envie de maugréer en écoutant "Under the Tide" et "You Caught the Light", étant donné que c'est une voix masculine qui s'y fait entendre. Cet élément mis à part, elles restent quand même de bonnes chansons, qui ne dépareillent pas tant que ça au final. A l'inverse, qu'est-ce qui élève The Bones au plus haut ? « Faites votre choix » est une réponse tentante, mais pertinente : chanson sensible qui ne lassera que difficilement ("The Mother We Share", "Tether", "Recover"), morceau rapide et nerveux ("Lies", "Science/Visions") ou assez léger ("Gun", "Night Sky"). Tout en gardant une patte musicale constante, CHVRCHES sait varier les plaisirs, sans répéter une formule magique qui s'épuiserait.

Il ne faut pas hésiter à le dire : si l'on est bien loin d'une référence absolue qui fera date à tout jamais, il est néanmoins possible de se dire que oui, The Bones of What You Believe est un album important à retenir en ce début de décennie. Le seul vrai reproche à faire concernerait la longueur de l'album, qui frôle les 50 minutes. On n'en est pas rendu à un double album, mais il s'agit du genre de choses à laquelle il faut faire attention, surtout en synthpop. Cependant, ce serait faire un piètre procès pour un détail, et mieux vaut utiliser son temps à espérer que CHVRCHES donnera suite à ses aventures discographiques.