Après quatre albums studio de plus en plus intéressants, un live de bonne facture et une pluie de remixes (ahum), Ladytron peut se vanter en 2011 d'avoir sorti une discographie que bien des ratés de la pop lui envieraient. Le quatuor de Liverpool, qui mérite amplement d'être placé dans les hautes sphères de la musique actuelle, est ainsi capable de se livrer à un exercice souvent considéré comme ingrat, à savoir... le best-of !

*ahem*

*tousse*

Oui, dit comme ça, on imagine bien la chronique assassine et qui se termine par « et surtout, tournez-vous vers les albums studio, hein ». Sauf qu'il y a trois raisons majeures pour acquérir Best Of 00-10.
La première raison, c'est son contenu en lui-même, tout bonnement. La compile rassemble parmi ce que Ladytron a pu faire de meilleur à travers sa carrière, que ce soit lors de ses débuts synthpop ou lors des années 2005-2008, quand il a montré ce que signifiait un vrai bon alliage avec le shoegaze et l'electroclash. Les plus prévisibles sont bien sûr de la partie : "Playgirl", "Destroy Everything You Touch", "Ghosts"... En revanche, d'une part certains singles manquent à l'appel ("Sugar", "Evil"), et d'autres chansons font leur apparition sans qu'on puisse nécessairement s'y attendre, du moins en prenant une approche pessimiste. Ainsi peut-on admirer la voix bulgare et trafiquée de Mira Aroyo sur "Fighting in Build Up Areas", ou encore apprécier "Soft Power", long mais bon.

Une deuxième raison se trouve être le rôle d'ambassadeur de Best Of 00-10. En effet, et c'est triste à dire, mais Ladytron n'a pas réussi à être considéré à sa juste valeur. Dans un monde idéal, Marnie et ses amis rempliraient des stades, seraient considérés comme de nouveaux monstres sacrés, et chaque album serait reçu avec la masse de louanges qui va avec. Sauf que non : sans parler de groupe confidentiel, Ladytron n'est pas forcément un groupe des plus connus, et ne semble pour le moment pas revenir souvent dans les discussions. Dans ce cas, Best Of 00-10 revient tel une piqûre de rappel en mode « hé ho, c'est quand que tu écoutes du Ladytron, mon gars ? ».

Enfin, la dernière raison se trouve être la présence d'inédits, tout bonnement. Sur les 17 pistes de l'album, 3 n'ont jamais été éditées auparavant. Enfin presque : "Blue Jeans" apparaît à l'origine sur Light & Magic (2002), mais le morceau apparaît ici dans une version remixée, plus mordante. Ensuite, Ladytron tape directement dans la reprise, en allant chercher "Little Black Angel", à l'origine interprétée par Death in June. Du neo-folk à la synthwave, il n'y a peut-être pas un seul pas, mais les liverpuldiens les franchissent sans encombre, offrant ainsi un nouveau hit potentiel (seulement potentiel...). Enfin, "Ace of Hz" faisait office de nouvelle composition, mais n'était qu'un prélude à la sortie de Gravity the Seducer (2011). Mais il n'est jamais trop tôt pour découvrir cette merveille, sans doute l'une des meilleures chansons de Ladytron.

Best of 00-10 se fait donc un concentré du talent décidément superbe de Ladytron. Il s'agit également d'une compilation qui permet de faire le point sur toute une décennie riche en bon goût et en talent, à n'en point douter. Et le plus beau dans tout ça, c'est que la suite n'a pas été pour autant moins bonne. Oh que non.