Eminem, Slim Shady ou Marshall Mathers ? Notre surdoué natif de Detroit peut se faire appeler par ces trois noms. Eminem, c'est son blaze commun. Slim Shady, c'est le taré qui est dans sa tête et qui réveille son côté schizophrène et déjanté – en gros, c'est par le biais de cet alter-ego qu'il crache à la gueule de tous les artistes, genres ou choses qui ne lui plaisent pas. Quant à Marshall Mathers, c'est tout simplement le (vrai) nom du bonhomme. On peut donc considérer que son deuxième album, c'était pour passer un coup de gueule à travers son cher Slim Shady et que ce troisième album va être beaucoup plus personnel.

Et c'est le cas. Si c'est l'un des albums essentiels du rappeur, c'est parce qu'on en apprend pas mal sur sa vie peu commune. Il n'hésite pas à parler de sa mère – en mal, eh oh ! – sur le très atypique « Kill You » qui lance le bal de cet album un peu fou. Il traite aussi le sujet dans l'excellent « Marshall Mathers », même si elle traite plus en général de tous ces « haters » qui disent du mal de lui alors qu'il est 10 fois mieux. On appréciera le fait qu'il démonte Britney Spears : « These fuckin brats can't sing and Britney's garbage, what's this bitch retarded ? ». C'est pour ça qu'on l'aime, notre Eminem. Autre sujet abordé, son ex-femme, dans la chanson « Kim » qui lui est dédiée (ceux qui ont vu le film 8 Mile s'y retrouveront). Excellent titre, au passage.
Ça parle de drogue aussi – rappelons que, à l'époque, notre Marshall n'avait pas encore goûté aux joies des diverses pilules qui l'emmèneront plus tard en cure de désintox. Il s'amuse donc à se foutre d'eux sur « Under the Influence » (mortelle, l'intro!) et « Drug Ballad ».

Vous en voulez encore ? Pas de soucis, il y en aura pour tout le monde. Cet album est rempli de chefs-d'oeuvres. Qui a su passer à côté du mythique « The Real Slim Shady », un hymne de notre rappeur blanc, si bien maîtrisé et dosé pour en faire un tube au refrain à l'efficacité énergisante supérieure à un pack de Red Bull doublé d'un rail de coke. C'est dire. Impossible de passer à côté d'un des plus grands featurings du rap, « Stan », en duo avec la talentueuse DIDO. Un monument de mélodie et nostalgie, dans l'écriture de ces lettres après une engueulade de couple. Enfin dans les plus grands tubes de cet album on trouve « The Way I Am », morceau qui traite de la société américaine et de l'effet des rappeurs en général sur la jeunesse. Tout simplement magnifique.

Pour le reste, on trouve l'excellent « Bitch Please II », rassemblement des plus grandes icônes du hip hop américain à l'époque, avec à l'affiche notre doc' international, mais aussi Snoop DOGG, XZIBIT et Nate DOGG (toujours aussi efficace). Un morceau posé mais diablement efficace et bourré de bonnes choses – et de talent. Tout le reste est tout aussi bon, on passe par « Criminal » qui cloture l'album avec luxe et classe, « I'm Back » original et aussi spécial qu'innovant, « Remember Me » qui reprend les bonnes vieilles instru de hip hop où l'on voit 15 noirs avec pleins de meufs autour et un de ses voitures qui saute.

Cherchez, cherchez, vous trouverez très peu de faux-pas dans The Marshall Mathers LP. Cet album est complet. EMINEM a su faire mieux que The Slim Shady LP, en étant plus personnel dans les thèmes. Nul doute que de nos jours cet album est une pure référence dans le hip-hop, la majorité des artistes qui émergent actuellement citent EMINEM comme leur grande référence et une source d'inspiration importante. À classer donc dans la catégorie des albums « à ne pas rater ». Tout le monde – ou presque – y trouvera son compte.

Terminons sur une joyeuse note : « So you can suck my dick if you don't like my shit ! »