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ARCHIVE - Axiom (2014)
Par SUNTORY TIME le 17 Octobre 2014          Consultée 3552 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Les mélomanes qui suivent le parcours de ARCHIVE depuis longtemps connaissent cette étiquette qu'on leur colle souvent, et à raison: leur musique est cinématographique. Ce n'est pas un hasard si leurs morceaux sont souvent repris dans des films, voire même des documentaires et des reportages ! La musique de ARCHIVE, que ce soit le Trip-Hop des début, l'électro rock progressif des années 2000 ou le grand melting pot des styles de Controlling Crowds, est urbaine, contemplative et souvent sombre. Elle invite à l'image, comme si elle était faîte pour être reliée au cinéma.

Bon, on ne peut pas dire que les films ayant utilisé la musique du collectif britannique aient marqué les esprit. Pire, le film Michel Vaillant, pour lequel ARCHIVE a composé une excellente BO (2003), est un pitoyable navet. Si cinématographique que soient les compositions du combo Keeler / Griffith, on ne peut pas dire que le 7ème art leur ait été bénéfique...

Alors, si ARCHIVE laissait tomber la musique de film pour le "film de musique" ? Sous cette expression barbare se cache Axiom, ce nouveau projet du collectif, que le binôme Keeler/Griffith qualifie comme son "plus ambitieux". Difficile de confirmer ces propos tant le double Controlling Crowds avait placé la barre très haut. Mais il est clair qu'Axiom est un disque à part dans la belle discographie d'ARCHIVE. Au départ, ce sont cinq chansons composées par l'ensemble des membre du groupe, ainsi qu'un long instrumental. Ne collant pas avec les maquette du futur grand album, successeur au réussi With Us Until You're Dead, les musiciens décident d'en faire un disque à part, plus court et conceptuel, avec l'idée un film par la suite. D'un collectif à l'autre, ARCHIVE rencontre NYSU, projet cinématographique espagnol dirigé par David Gambero. A partir des compos et des quelques pistes lancées par la bande à Keeler et Griffith, NYSU en tire un court métrage de 40 minutes, d'une photographie subtile, esthétique, et d'un noir et blanc de circonstance.

Car Axiom n'est pas un disque joyeux, on pourrait aller jusqu'à dire qu'il s'agit de l'album le plus noir d'ARCHIVE. Pour résumer le concept de la musique + le film (tâche difficile, le film n'a pas de sous titre et le disque ne contient pas de livret avec paroles...), Axiom est au départ une île contenant une sorte de cité Etat souterraine, dominée par une immense cloche qui semble décider du sort des habitants, eux-même sous le joug d'une dictature religieuse et policière. Vivant dans des bunkers individuels, les citoyens semblent triés sur le volet pour être confrontés, un jour, au son surpuissant de la cloche, au point de les rendre sourds, une cicatrice à l'oreille, et devenus désormais des "Deaf Angels", des anges sourds, parias de la société d'Axiom. Face à cette dictature abstraite et les prêches d'un prestidigitateur au physique déconcertant, une rébellion semble se mettre en place, par un inconnu vétu de noir et d'un casque de moto, connu sous le nom de Black Icarus.

Le film (dont le titre complet est "Axiom - Stories from the City") est construit en chapitres, chacun basé sur une chanson du disque. Difficile à décrire, ces "histoires d'une ville", tant elles mettent en avant une esthétique poussée. Pour faire simple, elles se focalisent sur des personnages différents, les fameux "Anges sourds", un résistant torturé à mort, une standardiste qui fomente un attentat, une femme qui soigne un autre "ange sourd", des manifestants face aux forces de l'ordre... En à peine 40 minutes, ARCHIVE et NYSU présente une vision pessimiste de l'humanité, surtout européenne, reflet de notre époque en proie aux doutes et à la montée des partis extrémistes un peu partout...

Musicalement, ARCHIVE ne révolutionne pas son (ses?) style(s). Toutefois, Axiom est le plus atmosphérique des albums du collectif. Taillé sur mesure pour le visuel, ce climat venteux et glacial qui souffle sur les sept titres est particulièrement intense. Les monumentales volées de cloches sur "Axiom" et l'épilogue "Axiom (Reprise)" nous emportent dans l'univers terrifiant inventé par NYSU, tétanisés par tant de puissance et d'oppression. Tantôt menaçant (le trip hop gothique de "Axiom", féroce (le rock "Baptism" et son chapitre filmique traumatisant et indescriptible), ou triste (le sublime et symphonique "Distorded Angles" ou encore le poignant "The Noise of Flame Crashing"), Axiom est d'une noirceur sans pareille, même pour ARCHIVE, habitué à ce genre d'ambiance. Toutefois, le titre "Shiver" vient apporter une conclusion plus enjouée, presque positive, comme si la fin du système Axiom était proche. On notera une très grande ressemblance entre la deuxième partie de cette chanson avec le final de "Funeral", titre qui concluait le premier disque de Controlling Crowds. Un clin d'oeil sûrement intentionnel tant les thématiques des deux albums sont proches.

Axiom est donc un disque très aboutît, sûrement l'un des plus cohérents du collectif. Véritable plongée dans un monde déshumanisé, Axiom est une oeuvre quasi parfaite qui s'écoute d'un bloc. Seuls réels reproches que l'on peut faire : la courte durée de l'album. Seulement sept titres, c'est quelque peu frustrant. Une chanson ou deux en plus aurait permis de densifier davantage Axiom sans pour autant le rendre indigeste. Je pense en particulier à "Mutilate", une chanson tirée des sessions d'Axiom, mais non retenue dans le projet final, et diffusée sur le net peu avant la sortie de l'album. Tout en crescendo, chantée par une Holly martin très inspirée, cette chanson aurait du avoir sa place dans Axiom. Espérons que cette petite bombe qu'est "Mutilate" trouvera une place de choix dans le futur album d'ARCHIVE, prévu pour 2015. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la bande à Darius Keeler et Danny Griffith est particulièrement active. Et quand de plus productivité rime avec qualité, on peut se dire que le monde n'est pas aussi sombre que celui d'Axiom. Encore heureux !

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- Darius Keeler (claviers)
- Danny Griffith (claviers)
- Dave Pen (chant, guitare)
- Pollard Berrier (chant)
- Maria Q (chant)
- Holly Martin (chant)
- Steve Harris (guitare)
- Steve 'smiley' Barnard (batterie)
- Graham Prescett (piano)
- Simon Loke (arrangement symphoniques)
- Supersonic Symphony Orchestra (cordes)
- Jon Noyce (basse)
- Greewich Bell Ringers (carillons)
- Nysu (axiom - stories from the city)


- axiom (archive)
1. Distorded Angels
2. Axiom
3. Baptism
4. Transmission Data Terminate
5. The Noise Of Flame Crashing
6. Shiver
7. Axiom (reprise)

1. Mutilate (bonus Inédit)

- axiom - Stories From The City (nysu)
1. Distorded Angels
2. Axiom
3. Baptism
4. Transmission Data Terminate
5. The Noise Of Flame Crashing
6. Shiver
7. Axiom (reprise)



             



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