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Rory GALLAGHER - Fresh Evidence (1990)
Par LONG JOHN SILVER le 13 Avril 2020          Consultée 4135 fois

Au moment où Rory GALLAGHER entame les sessions qui aboutiront à la publication de l’album Fresh Evidence, il commence à être sérieusement sujet à des soucis de santé combinés par une forte consommation d’alcool ainsi qu’une prise excessive de médicaments. L’homme à la tête (et la guitare) de bois semble ne pas en tenir compte, son planning c’est : concerts, concerts, concerts. Mais il faut bien sortir un disque de temps en temps, Fresh Evidence arrive dans les bacs en mai 1990. Ce sera le dernier album du maestro, Rory succombant des suites de ses addictions cinq ans plus tard. L’Irlandais n’aimait pas s’éterniser en studio, privilégiant la scène, pourtant les séances Fresh Evidence vont s’étaler sur pas moins de six mois. Autre caractéristique inhabituelle, c’est également l’album où contribuent le plus de musiciens extérieurs à son groupe de scène. Cependant, les hommes de base du guitariste demeurent Gerry McAvoy (basse) et Brendan O’Neil (batterie). Auxquels vient s’adjoindre l’harmoniciste Mark Felham, un musicien qui intervient très souvent en concert au côté du power trio, et cela depuis près de dix ans. Doit-on pour autant s’attendre à une surenchère de couches instrumentales ou encore à une production over the top ? La réponse est bien évidemment non. Et c’est même le contraire qui se produit, tant cet album semble pas mal frappé du sceau de l’épure. Ajoutons enfin que le matériel utilisé fut entièrement analogique, le bonhomme prenant à contre-pied l’emploi croissant des outils digitaux déjà en pleine expansion.

A priori "Kid Gloves", qui ouvre l’album, trace la ligne Blues Rock couillu empruntée par le guitar hero depuis ses débuts. Le titre fonctionne par ailleurs fort bien, d’autant plus qu’on a plaisir à réentendre le piano de Lou Martin. Indubitablement ce dernier est un super musicien, au style facilement reconnaissable, faisant vibrer son instrument à la manière d’un Jerry Lee LEWIS. On décèle des cuivres exposés en fond de mix, le solo de guitare n’intervient qu’en fin de titre, tranchant comme une lame de rasoir mais nullement prolixe. Tout le long du disque, Rory choisit ses notes, lacère les silences, le feeling prime sur la virtuosité. Tout aussi entraînant se fait "The King Of Zydeco (To Clifton Chenier)", empruntant au genre musical de l’accordéoniste chanteur cité dans le titre*, encore une fois aucune surenchère ne vient polluer le propos, la prod y favorise l’espace, laisse le chant délivrer sa mélodie. "Slumming Angel", qui clôture l’album, est assez caractéristique du style du guitariste, on ressent ses racines Irlandaises, soit un titre folk –certes- électrifié mais dont les accents ne trompent pas. Deux instrumentaux -éléments inhabituels dans la disco du bonhomme- sont là pour donner encore plus de respiration à l’ensemble. Il s’agit toutefois de passages enjoués, "Alexis" mixe la guitare slide, l’harmonica, les pêches des cuivres à une rythmique Soul/Funk énergisante alors que "The Loop", tout aussi entraînante, ressemble à une parade pour revue de cabaret. Oui, il y’a beaucoup d’humour là-dedans ! D’humour et de vie, tout simplement.

Fresh Evidence est également l’album où Rory renoue avec l’exercice guitare/voix, chose qu’il a très souvent pratiquée en Live ou lors de programmes audiovisuels mais très peu en studio, il faut remonter à ses tout débuts pour en trouver trace*. Ici, il reprend "Empire State Express", un Folk Blues qu’on doit à Eddie Son House, qui tourne sur un unique accord autour duquel le guitariste tisse ses licks. Plus roots que ça tu meurs mais comme c’est Rory qui joue, tu respires à travers les racines. S’ensuit "Ghost Blues", toujours en acoustique mais accompagné par une légère section rythmique et un harmonica. Là également, l’essentiel du titre tourne sur un accord unique agrémenté de parcimonieuses variations. Less is more. Et ce n’est pas fini car voici "Middle Name", un morceau qui fait pas mal penser à ZZ TOP à un moment où ce groupe ne produisait plus rien de bien inspiré, pulsé sur une note jouée en hammer. Efficacité maximale, ambiance sombre et pesante, montée d’un ton pour affirmer le propos, sans doute le moment le plus percutant du disque. Deux titres purement Blues complètent la collecte, "Heaven’s Gate", un mid tempo aux riffs accrocheurs ainsi que le plus posé et lourd "Walkin’ Wounded" au solo slide incendiaire et conclu par un saxophone qui évite les clichés trop faciles.

Fresh Evidence offre une variété d'instants propres à la pratique du Blues, c’est également le disque le moins Rock de Rory GALLAGHER or il démontre une fois de plus que l’Irlandais était capable de suivre tout un tas de chemins et influences liées à son style de prédilection. Eric CLAPTON dira, lors d’un hommage au guitar hero disparu, "qu’il l’avait ramené au blues". Après toutes ces années à tracer la route on se dit aujourd'hui que le Blues a toujours été bien plus qu’un abri pour Rory GALLAGHER, lequel ne se cachait jamais. Plutôt une valeur sûre. Une valeur refuge. "Nothin’ but the blues" comme le disait un certain Johnny WINTER… Rory a donné son ultime concert au Plan, à Ris Orangis, dont la rue porte désormais le nom. Fresh Evidence est la preuve ultime*** que sa musique reste bien vivante.

PS : cette chronique est basée sur l’édition originale du disque, il existe aussi des éditions contenant deux titres bonus ("Never Asked You For Nothin’" et « "Bowed Not Broken").

* Pour mieux connaître le Zydeco, musique populaire Louisianaise, je cous renvoie aux chronique du Kingbee et plus particulièrement à cette page-ci regroupant ses écrits consacrés à Clifton Chenier : http://fp.nightfall.fr/index.php?choix=1&idgrp=2536&letchoix=3
** "See Here" Sur On The Boards, deuxième album de Taste
*** Evidence en anglais signifie "preuve"

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   LONG JOHN SILVER

 
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- Rory Gallagher (guitare, chant)
- Gerry Mcavoy (basse)
- Brendan O'neil (batterie)
- +
- Mark Felham (harmonica)
- Geraint Watkins (accordéon)
- Lou Martin (piano)
- John Earle (saxophone)
- Ray Beavis (saxophone)
- Dick Hanson (trompette)


1. Kid Gloves
2. The King Of Zydeco (to Clifton Chenier)
3. Middle Name
4. Alexis
5. Empire State Express
6. Ghost Blues
7. Heaven's Gate
8. The Loop
9. Walkin' Wounded
10. Slumming Angel



             



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