Côté face, l'influence toujours forte des années 80, avec leur cortège de claviers affreux (un des claviéristes de l'album vient de SOFT CELL, vous voyez le genre) ou de rythmiques qui ont détruit des albums entiers à l'époque, même chez des géants comme GAINSBOURG ou BOWIE.

Côté pile, les guitaristes, toujours. Le fidèle Olivier Guindon est épaulé par des esthètes comme Jean-Marie Aerts (comparse du belge ARNO) ou Phil Manzanera de ROXY MUSIC.

De très belles pistes voient donc le jour : "Alcaline", noire et ample, aux guitares superbes. Lente, dense, elle habille merveilleusement les paroles t'aimes plus les mots roses que je t'écris, que Bergman adresse sans aucun doute à BASHUNG, qui est en train de lui préférer Jean Fauque (qui deviendra par la suite son parolier 'officiel'). Bergman, effectivement, cessera après Novice sa collaboration avec le chanteur. Outre "Alcaline", on note aussi la splendide "By proxy", ses guitares en avant, d'une grande classe, nappes et rythmes diaphanes, sombre et belle.

La facette rock de l'artiste se retrouve dans "Pyromanes" ou "Résidences", dont l'énergie entraîne à défaut de séduire entièrement. Cette batterie new-wave est limite, esthétiquement, mais l'ensemble est accrocheur et donne envie de suivre BASHUNG dans sa narration, ce bonhomme a un magnétisme confondant.

De là à considérer cet album comme réussi, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Il est hélas impossible de passer sous silences les douleurs engendrées par ces sons typés eighties, comme dans "Elle fait l'avion" (insupportable), ou "Tu m'as jeté" (trop moche). Le single de l'album, "Bombez!", possède son ambiance mais musicalement c'est trop crispant, trop monolithique. Le poum/tchak de "Légère éclaircie" doit lui aussi rester aux oubliettes.

"Etrange été" est symptomatique de ce disque : un morceau pas mauvais du tout, traversé de moments qui esquissent une beauté très personnelle, mais dont les claviers de bal populaire gâchent le plaisir.

Si on arrive à faire abstraction de certains sons et si on pense à "Alcaline", "By proxy" ou "Pyromanes", Novice mérite un détour. Mais c'est sur l'album suivant que notre Alain national va totalement décoller.