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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : Serge Gainsbourg , Hubert Felix Thiefaine , Gérard Manset

Alain BASHUNG - Play Blessures (1982)
Par A.T.N. le 28 Janvier 2010          Consultée 6572 fois

Comme nombre de mariages dits 'de rêve', celui-ci est un échec.

L’affiche était belle : le plus grand parolier de l’époque, Serge GAINSBOURG, écrit un album pour le chanteur qui monte et dont les "Vertiges de l’Amour" et "Gaby oh Gaby" viennent de rencontrer un succès franc et mérité. Tout semble coller : BASHUNG a quelques points communs avec le maître (un chant parlé, une attitude désinvolte et un attrait marqué pour les jeux de mots, le surréalisme) ; le grand Serge n’a plus à prouver son flair ni son talent pour les trouvailles qui 'marchent'. Pour plein de raisons, cela ne va pas fonctionner.

Les paroles ne sont pas à mettre en cause, c’est surtout la musique qui pêche. Des textes comme "C’est Comment Qu’on Freine" (Cascadeur sous Ponce Pilate / J’cherche un circuit pour que j’m’éclate) sont dans la bonne veine et auraient mérité d’être mieux mis en valeur. Que ce soit avec son comparse Boris Bergman (qui a écrit "Junge Männer", "Strip Now" et "Bistouri Scalpel"), ou plus tard avec Jean Fauque, on reste dans le même univers parfois glauque : amours dans l’impasse, faux-semblants, petites vanités et règne de l’absurde.

Non, la faiblesse est musicale. Le compositeur se cherche. Entre variété et rock, entre chansons et essais, entre ambition commerciale et idéal artistique, l’Alsacien ne tranche pas. Il se retrouve du coup au milieu de la route, avec son personnage en bandoulière : voyou maniéré, petite frappe et dandy à la fois. Sa voix est forcée, son côté sombre sonne faux. Le chant est soutenu par des synthés qui ont très mal vieilli, par des boîtes à rythme affreuses, au sein d’ambiances qui sont plus pénibles que prenantes. On se désintéresse vite de ces 'plaies et blessures' car elles manquent de sincérité. On peut être désabusé et touchant, le chanteur nous le prouvera par la suite.

Même si ces orchestrations sont à mettre sur le compte d’une volonté de casser la spirale positive née des récents succès, elles sont symptomatiques de la variété française de l’époque, qui se sent tellement centrée sur les personnages, les attitudes ou les paroles, qu’elle en oublie le cœur : la musique. C’est valable donc pour BASHUNG, qui certes ne fait pas de la variété, mais reste très cheap dans son approche du son. Play Blessures commence par un gimmick de synthé qui reviendra sur "Strip Now", sur l’instrumental du milieu (une minute totalement creuse) et sur "Procession", instrumental de 14 minutes. Oui, 14 minutes sur un album de chanson française. Et ce gimmick de claviers est parfaitement inintéressant (on parle de deux notes, attention). Cela peut faire penser à la cold wave de JOY DIVISION ou THE CURE, mais on déchante bien vite. En plus, il faut se farcir l’horrible voix trafiquée de "Jünge Männer", l’absence de mélodies sur la plupart des titres, les intonations agaçantes de "Lavabo" et un long instrumental de fin, dans lequel on pourrait se laisser embarquer, mais on ne peut hélas ignorer ce son laid, ces rythmiques de prisunic, ces basses écrasées.

Si on a de l’indulgence, c’est pour le courage de la démarche, la noirceur, le refus de surfer sur le succès des deux simples de Pizza. Comme si la gloire, pourtant longtemps attendue, effrayait ce brun ténébreux.

Notre indulgence vient aussi du regard que l’on porte sur la carrière qui attend le bonhomme, et pour la relation intime qu’il commence à construire avec les guitaristes. Les instrumentations, on l’a dit, sont laides, mais les parties de guitare ont de la gueule, de la personnalité (bon travail d’Olivier GUINDON) et c’est un fil rouge qu’on suivra jusqu’à la fin, en cette triste année 2009.

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   A.T.N.

 
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   (2 chroniques)



- Alain Bashung (chant, guitare)
- Olivier Guindon (guitare)
- Roland Panza (guitare)
- François Delage (basse)
- Philippe Drai (batterie, percussions, harmonica)
- Manfred Kovacic (synthétiseur, piano, saxophone)
- Boris Bergman (paroles)
- Serge Gainsbourg (paroles)


1. C'est Comment Qu’on Freine
2. Scènes De Manager
3. Volontaire
4. Prise Femelle (instrumental)
5. Martine Boude
6. Lavabo
7. J'envisage
8. J'croise Aux Hébrides
9. Junge Männer
10. Trompé D'erection
11. Strip Now
12. Bistouri Scalpel
13. Procession (instrumental)



             



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