Changement d'air pour B-Movie. Après deux EP prometteurs, le quatuor britannique signe chez Some Bizarre Records, une institution de la new-wave, et se voit même honoré d'une place sur la première compilation de la maison de disques [1]. Le groupe, galvanisé par cette couverture, sort quelques temps plus tard un 45 tours qui fera quelque peu date, à savoir Remembrance Day. Déjà présent sur l'EP Nowhere Girl, la chanson se voit rejouée dans des conditions bien plus décentes, et avec un style différent qui lui sied bien. Ce « remix » sera d'ailleurs sanctionné d'une honorable 61e place dans les charts britanniques. En revanche, le single suivant n'aura pas la même destinée, puisqu'il sera un flop.

Et pourtant, et pourtant... sorti en 1981, le single Marilyn Dreams est une nouvelle démonstration de force de B-Movie, œuvrant toujours dans une new-wave nerveuse et dominée par les claviers. La chanson du même nom se veut un prolongement stylistique de Nowhere Girl, arbore vraiment de belles armes pour les charts : rythme entraînant, refrain simple et accrocheur, mélodies formidables... et de plus, citer explicitement Marilyn Monroe attire forcément l'attention, même de manière minime. Tandis que Steve Hovington interprète toujours ses paroles avec conviction et entrain, Rick Holliday s'impose décidément comme un élément incontournable de B-Movie, tandis que le guitariste Paul Statham imprègne la chanson par ses accords rythmiques. Assurément, la cohésion continue de marcher du feu de Dieu, ce qui peut bien mériter quelques applaudissements.

La face B du single, "Film Music Part 1", est pour sa part une face B des plus typiques, à savoir qu'elle permet de remplir les microsillons. Le fait-elle efficacement, c'est autre chose. Holliday joue une mélodie lancinante au piano, accompagnée d'une boîte à rythmes qui remplace ici le batteur Graham Boffey. Le résultat n'est pas mauvais, dans le sens où l'émotion est palpable, mais ce n'est pas du tout le genre de morceaux sur lequel on va revenir avec enthousiasme, loin s'en faut.

Alors pourquoi donc Marilyn Dreams n'a-t-il pas marché ? Au vu du contexte de l'époque, on peut citer une concurrence féroce, où bien des groupes de new-wave donnent le meilleur d'eux-mêmes et se surpassent. B-Movie n'aurait donc pas eu les reins assez solides pour assurer. Mais l'honnêteté intellectuelle impose également une vérité froide : le single n'était pas au point. Marilyn Dreams est peut-être attirant, mais n'est ni fédérateur ni d'une efficacité implacable. Retour à la case départ pour le groupe, qui va devoir fouiller de nouveau dans son passif pour continuer ses sorties discographiques. Mais cette fois, ça paiera de nouveau.