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POP ALTERNATIVE/NEW-WAVE  |  STUDIO

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ALBUMS STUDIO

1984 1 The Smiths
1985 1 Meat Is Murder
1986 1 The Queen Is Dead
1987 Strangeways, Here We Come

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1988 Rank

COMPILATIONS

1984 Hatful Of Hollow
1987 Louder Than Bombs
 

- Style : The Chameleons , Kitchens Of Distinction, The House Of Love
- Membre : Johnny Marr
- Style + Membre : Morrissey

The SMITHS - Strangeways, Here We Come (1987)
Par COWBOY BEBOP le 23 Mai 2016          Consultée 5540 fois

Certains évènements ont été décisifs dans l'histoire de la musique anglaise moderne. La sortie du premier album des STONE ROSES. Le concert mythique des SEX PISTOLS au Marquee. La mort de Ian Curtis. Ou encore cette journée de mai 1982, où un jeune guitariste du nom de Johnny Marr frappa à la porte d'un certain Steven Patrick Morrissey. Tout semble les séparer : Marr est très jeune (à peine dix-huit ans !), un musicien ambitieux aux intuitions géniales. Quant à Morrissey, de presque cinq ans son aîné, il n'est alors qu'un pauvre loser écrasé par ses complexes. Pourtant de leur association naîtra l'un des plus grands groupes de pop anglaise toutes périodes confondues. Cinq ans et trois albums plus tard, les SMITHS ont atteint le zénith de leur popularité, et The Queen Is Dead les a définitivement inscris dans l'histoire de la pop comme un groupe exceptionnel.

Après une tournée début 1986 – qui se révélera être leur dernière, même si le groupe n'en a alors aucune idée – les quatre gars de Manchester enregistrent dans la foulée ce qui sera leur chant du cygne : Strangeways, Here We Come (Strangeways est une rue de Manchester, on peut d'ailleurs voir un panneau à ce nom dans le clip de « Stop Me If You Think You've Heard This One Before »). Les tensions n'ont fait que grandir au sein du quatuor, et Andy Rourke s'est fait virer pendant dans deux semaines à cause de ses problèmes de drogue. Le bassiste appelé pour le remplacer, Craig Gannon, passa à la guitare rythmique et enregistra quelques titres avec le groupe, gagnant ainsi le surnom de « cinquième Smith ». Des tensions apparaissent également au sein de la paire Marr/Morrissey, le véritable moteur de la bande. Marr quittera le groupe pendant l'enregistrement, les obligeant à embaucher un autre guitariste pour finir l'album, Ivor Perry, qui subit assez mal la mauvaise humeur du poète frustré qu'est devenu Morrissey.

Malgré cela, les SMITHS sont très inspirés et nous livrent ici d'excellentes chansons. Johnny Marr est toujours aussi doué pour tisser des riffs d'une subtilité élégante et discrète, sur lesquels vient s'enrouler la voix si particulière de Morrissey, qui grogne, geint et soupire pour notre plus grand plaisir. Il ne faut pas non plus oublier l'excellente section rythmique, tenue par Mike Joyce qui assure toujours autant derrière les fûts, et la basse d'Andy Rourke qui, grâce à la modernité de son jeu, a permis aux chansons du groupe de ne pas prendre une ride. Encore une fois, les SMITHS se révèlent être de véritables orfèvres de la pop, et les mélodies de Strangeway n'ont rien à envier à celles de ses prédécesseurs.

Strangeways est l'album préféré du groupe. Peut-être est-ce parce qu'il représente l'aboutissement du style qu'ils poursuivaient, tout en laissant entrevoir ici et là de nouveaux horizons musicaux. Les guitares lumineuses et carillonnantes sont toujours présentes, mais se teintent également d'une certaine rugosité sur « I Started Something I Couldn't Finish » ou « Death Of A Disco Dancer », donnant un ton plus sombre à l'album. Les arrangements sont riches et diversifiés : clavecin sur « A Rush And A Push », violons sur le refrain de « Girlfriend In A Coma », ou encore harmonica sur « Death At One's Elbow ». Ils font de nouveau appel aux synthétiseurs, mais de manière suffisamment discrète pour ne pas alourdir la musique. On voit également le groupe s'aventurer en terrain inconnu avec la fin apocalyptique de « Death Of Disco Dancer » ou le rock'n'roll de « Death At One's Elbow ».

Comme à son habitude, Morrissey déroule des petits contes noirs et cyniques, et s'apitoie avec auto-dérision et ironie sur son sort. On retrouve ses deux thèmes favoris, la mélancolie et la solitude. Ainsi « Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me » fait écho à « Never Had No One Ever », et les thèmes évoqués dans « There Is A Light That Never Goes Out » sont repris sur « Girlfriend In A Coma », qui juxtapose amour et mort, espoir et haine, affection et dégoût. Probablement l'un des meilleurs textes de Morrissey, qui en quelques phrases toutes simples évoque avec brio le conflit intérieur du narrateur. Quant à « Paint A Vulgar Picture », elle rappelle l'acide « Frankly, Mr Shankly », mais s'attaque plus globalement aux vices de l'industrie musicale en général. Vu sous l'angle du dernier témoignage d'un groupe fracturé, les paroles reflètent également la déchirure de la paire Marr/Morrissey, déchirure qui se révélera fatale pour les SMITHS. Morrissey se sent abandonné : « Last night I dreamt that somebody loved me ». « Nothing changed, I still love you / Only slightly less than I used to », déclame-t-il sur « Stop Me … », et ses accusations prennent un ton presque puéril sur « Unhappy Birthday » (« I've come to wish you an unhappy birthday / Because you're evil […] From the one you left behind »).

Faire suite à un chef-d’œuvre est toujours chose difficile, mais Strangeways ne pâlit pas face à son illustre prédécesseur. Si ce n'était pour « Death At One's Elbow », qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, ainsi que l'introduction inutilement longue de « Last Night », Strangeways aurait frôlé la perfection. Peut-être lui manque-t-il tout au plus un titre phare, qui l'aurait élevé au statut de légende, comme « There Is A Light » le fit pour The Queen Is Dead. Mais Strangeways a pour lui sa diversité et les expérimentations d'un groupe qui est alors loin d'avoir atteint les limites de sa créativité. Jusqu'où auraient pu aller les quatre gars de Manchester ? Nul ne le saura jamais.

Las, les SMITHS se sépareront avant même la sortie de l'album. Joyce et Rourke partent jouer avec Sinéad O'CONNOR. Johnny Marr n'a que vingt-trois ans et un besoin irrépressible d'aller voir ailleurs. Quant à Morrissey, il continuera de vitupérer sur divers labels indépendants, avec plus ou moins de succès. Mais sans son autre moitié, ses mots n'ont plus le même poids, et résonnent tristement dans le vide. « Je ne te partagerais jamais », chante-t-il sur la dernière piste de Strangeways. Une déclaration d'amour tardive à celui qui le sortit de ses cauchemars et lui permet d'assouvir son désir maladif de chant ?

Les rois sont morts, vive les rois. La fin des SMITHS marque la fin d'une époque, et il est temps pour l'Angleterre de tourner une nouvelle page dans l'histoire de sa musique. Bien que leur règne fut court, les SMITHS ne seront jamais oubliés, et des dizaines de groupes les revendiqueront comme une influence majeure (les STONE ROSES et OASIS, pour ne citer que les plus célèbres).
Parfois égalés, jamais dépassés...

Note réelle : 4.5/5

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   COWBOY BEBOP

 
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- Morrissey (chant, piano)
- Johnny Marr (guitare, claviers, harmonica)
- Andy Rourke (basse)
- Mike Joyce (batterie, percussions)


1. A Rush And A Push And The Land Is Ours
2. I Started Something I Couldn't Finish
3. Death Of A Disco Dancer
4. Girlfriend In A Coma
5. Stop Me If You Think You've Heard This One Before
6. Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me
7. Unhappy Birthday
8. Paint A Vulgar Picture
9. Death At One's Elbow
10. I Won't Share You



             



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