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Bernard BENOIT - Prélude Englouti (1981)
Par MARCO STIVELL le 16 Juillet 2016          Consultée 1956 fois

Le quatrième disque de Bernard BENOIT, Prélude Englouti, est publié en 1981 chez Velia, label basé dans les Côtes d'Armor et qui a signé plusieurs artistes bretons déjà. Il cesse son activité un an plus tard, sans que le catalogue soit racheté, ce qui explique pourquoi les disques sont plus difficiles à trouver, plus chers aussi.

Ce qui explique également pourquoi Prélude Englouti est, à l'image de son nom, le trésor perdu de Bernard BENOIT, un de plus beaux diamants de la musique folk progressive bretonne. La pochette nous parle immédiatement, avec ses couleurs particulières, l'image du goéland et de la guitare acoustique couchée dans la tourbe...

BENOIT est, comme beaucoup de Bretons, toujours marqué par la catastrophe de l'Amoco Cadiz, sans précédent. Il écrit pour la première fois un poème qu'il met en musique, à l'attention des macareux, les oiseaux qui ont le plus souffert à ce moment, dans "les golfes mazoutés à reflets dorés". Le texte est à la fois poétique et cynique, étonnamment familier ("de toute façon, j'en ai assez de ces couchers de soleil romantiques !"). La voix est modifiée, semblant émaner d'un humain désemparé et qui est hanté par l'idée d'avoir tué la faune et la flore littorale...

La musique est aussi méditative que mélancolique, ce qui est une constante sur l'album, mis à part les deux titres d'ouverture de chaque face, "Hentoù" et "Mandol Jig". Les cordes folk résonnent gaiement, soulevées par des tempi gaéliques en trois temps et des mélodies lumineuses, un pur régal même si du coup, la suite peut surprendre ! D'abord, il n'y a aucune voix féminine, mais à la place, on peut entendre plusieurs chants d'oiseaux, si l'imagination est fertile...

À l'époque, Bernard BENOIT travaille beaucoup avec Gwendal Le Goarnig, joueur de claviers et de synthétiseurs qui vient donner à l'album cette couleur particulière perçue depuis la pochette. Les sons d'époque, ces nappes ondulantes, cette molette modulaire employée comme une baguette magique qui apporte et modifie les ambiances sonores à volonté. BENOIT, de son côté, utilise la guitare-synthétiseur et de la guitare électrique non-rock, un peu.

Si on retrouve les éléments bretons et traditionnels, Prélude Englouti, dont les thèmes sont tous courts (moins de 5 minutes chacun), lorgne vers le jazz et la musique électronique moderne, en amenant de la boite à rythmes sur "Ballade Pour Estelle", ainsi que des éléments fort communs avec ce que propose VANGELIS sur le magnifique Opéra Sauvage, deux ans plus tôt... Sur "Les Macareux", on entend à nouveau des influences bossa-nova et latino...

Il ne faut pas prendre ce disque pour un album folk, c'est un voyage sur une terre changeante, pleine de boue et de marécages, mais où le rêveur contemplateur de la nature et des oiseaux semble très bien s'en sortir, dirait-on... Il danse même dans le gadoue et à travers la brume, écoutez "Valse Boiteuse" et "Lanmor"... En tout cas, il est assez inspiré pour créer des moments magnifiques et procurant des frissons, comme "Nozado" avec son reflux de synthé, lame de fond surgie de nulle part.

On dirait que le Dan AR BRAZ d'Acoustic (sorti la même année) a déjà décidé sa tournure musicale du milieu des années 80, avec les airs doux et les symphonies courtes aux synthétiseurs : "À Fleur d'Eau", "Les Hauts de Kernabat"... En même temps, on se perd dans les arpèges de guitares entremêlées, les sons oniriques du morceau "Prélude Englouti". C'est la rencontre entre l'armor (pays de mer) et l'argoat (pays terrestre), les magnifiques côtes bretonnes, marée noire ou pas.

Oui, on peut s'autoriser à rêver largement et de façon naïve sur un album plutôt sombre, car en plus d'être étrange, incertain, il clame sous ses humeurs la sauvegarde de cette nature ô combien précieuse. C'est un concept romantique (nonobstant ce que dit le poème des "Macareux"), une oeuvre à part -y compris dans un domaine musical progressif breton déjà bien riche-, et qu'il est bon de révéler au grand jour de nouveau !

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   MARCO STIVELL

 
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- Bernard Benoit (guitares, mandoline, synthétiseur, vibraphone, voi)
- Gwendal Le Goarnig (synthétiseurs, piano, flûte)
- Dominique Le Bozec (batterie, percussions, piano, clarinette)


1. Hentou
2. Suite Flottante
3. Ballade Pour Estelle
4. Valse Boiteuse
5. Les Macareux
6. Raz-de-marée
7. Mandol Jig
8. Lanmor
9. Nozado
10. Les Hauts De Kernabat
11. À Fleur D'eau
12. Prélude Englouti



             



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