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POP PSYCHéDéLIQUE  |  STUDIO

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- Style : Harry Nilsson , Oasis, Paul Mccartney , Sean Lennon , Jellyfish, The Lickerish Quartet

The LEMON TWIGS - Do Hollywood (2016)
Par LONG JOHN SILVER le 21 Novembre 2016          Consultée 2723 fois

Brian et Michael D’Addario (19 et 17 ans) sont ce qu’on peut désigner comme étant deux personnes à « fort potentiel », jugez par vous mêmes : enfants d’artistes, engagés sur scène ou à la télé très jeunes, ils maîtrisent tous deux les instruments dont ils ont besoin pour enregistrer un disque. Ils se débrouillent aussi en studio, ont déjà publié (sur cassette) un album auto-produit. Cela fait d'ailleurs longtemps que les deux gamins postent des vidéos sur YT, surtout des reprises, et qu’ils rongent leur frein, désireux d'être grands pour enfin être considérés. Par ailleurs, les LEMON TWIGS font partie d’une longue lignée d’artistes qui se réfèrent aux 60’s et 70’s, soit l’âge d’or de la pop et du rock, allant jusqu’à tenter d’en reproduire le son, utilisant des instruments et du matériel principalement « vintage ». Les frères D’Addario, outre le fait qu’ils s’inscrivent suivant le (pesant) modèle fraternel des DAVIS ou GALLAGHER, ne sont pas si éloignés non plus de celui des Lenny KRAVITZ et autres TTDA voire PRINCE, de par le fait qu’eux-mêmes enregistrent la quasi intégralité des notes et sons joués sur album. Toutefois, ils ont choisi pour leur véritable lancement de faire appel à Jonathan Rado* pour assurer derrière la console, celui-ci donne aussi un (petit) coup de main aux guitares.

Do Hollywood est parsemé de références aux BEATLES, aux KINKS, à Syd Barrett (plus qu’au Floyd) et ainsi de suite, dès le très Mccartneyien « I Wanna Prove To You » qui aurait pu figurer sur l’album Ram, ce qui ne constitue pas le moindre des compliments. Brian Wilson aurait pu enregistrer les refrains de « Hi+Lo ». Plus étonnant, le final sur « A Great Snake » rappelle furieusement « Delius » de Kate BUSH**. Tous les titres sont enchaînés sans respiration entre deux. La question qui prédomine après avoir écouté et réécouté cet opus fascinant demeure sans réponse : comment font les frères d’Addario pour s’en sortir avec autant d’aisance ? Ce qu’ils proposent n’a a priori rien d’original. D’autres ont essayé avant eux, on pense à Karl Wallinger, l’homme orchestre de World Party, à The Coral ou à Elliott SMITH, du côté des (belles) promesses restées dans l’ombre du gros succès, mais pourquoi pas – aussi - à Beck Hansen. D’autant que les frangins ne recherchent jamais la facilité. Même une chanson de moins de trois minutes peut contenir son lot de tiroirs, ainsi que brillamment démontré sur « Those Days Is Comin’ Soon » et « Haroomata », effets saltimbanques pouet pouet et psychés inclus. Du coup, on songe aussi aux MONKEES. Cependant, on sent clairement que les mecs ont envie de grandir, ne privilégient pas nécessairement les évidences, laissent fleurer quelques aspérités de production comme pour dresser un paravent à leur juvénilité.

« These Words », dotée d’une intro ingénieusement loufoque, est sans contestation possible la chanson la plus lumineuse du disque, alliant la maniaquerie des arrangements des meilleurs disques de Harry NILSSON, la limpidité (et le piano honky tonk) des grandes mélodies de Paul McCartney, l’emphase des productions emblématiques de Brian WILSON pour terminer très fort avec la grandeur et les apparats de QUEEN. Cette chanson est un pur régal, chaque écoute révèle une facette nouvelle. Notons itou que le son de la batterie évoque beaucoup celui d’un certain Ringo Starr. Ce qui est aussi le cas sur « As Long As We’re Together », encore plus alambiquée, parsemée de second degré. Dotée d’une instrumentation iconoclaste, de refrains balancés entre OASIS et les WHO, si ce n’est qu’ici la candeur juvénile se révèle mordante tandis que sur « These Words » elle affichait une forme d’irrésistible culot. Ces deux titres interprétés successivement par Brian puis Michael, sont placés au cœur du réacteur de Do Hollywood. Ils ont chacun bénéficié d’une vidéo très soignée, mais surtout – fait suffisamment peu commun pour être signalé : réussie. La splendide ballade piano voix (au pluriel) « How Lucky I Am !?» succède de fort belle manière à ce diptyque posté sur le net comme une carte de visite pleine de morgue.

Plusieurs morceaux laissent ouvertement s’installer puis se succéder les ambiances, c’est le cas de « Baby, Baby », à la nonchalance trompeuse, mais surtout des deux instants finaux de Do Hollywood, qui sont aussi les plus étendus, ce qui ne signifie pas automatiquement « progs ». « Frank » est doté d’une longue intro psychée où s’illustrent un piano de bastringue et des cuivres de péplum spaghetti, avant de muer en une ballade qui ne se mouche pas avec le coude, allez savoir pourquoi – une fois de plus – c’est bluffant. Le dernier titre, « A Great Snake » approche les sept minutes, cette chanson est sertie d’une exposition qui laisse le temps au temps afin de lancer une pop song des plus ciselées. Son pont central est aussi planant qu’appuyé, sa conclusion tranche nettement mais subtilement avec tout ce qui a précédé, chapeau les gars.

Cet album foisonnant ressemble à un empilement de pelotes de laine : chaque titre laisse déborder une foule d’idées, presque trop, les orchestrations sont toutes remarquables de précision et davantage, on se dit que les frérots en ont sous le pied. On ne les sent pas limités. Même à un style ou à une époque. On les (pres)sent open. Premier (excellent) point : ils sont crédibles tout en s'aventurant dans un registre hautement risqué qui surfe sur une forme de « revivalisme » très (trop) couru depuis un moment, en augmentant les risques car jouant de la pop. Rien n’est plus difficile que de faire de la pop, artistiquement parlant déjà. Les LEMON TWIGS savent écrire des chansons, ont le son, l’attitude, un look inénarrable mais avant tout : une fraîcheur et une forme de candeur captivantes, au point d’avoir réussi à nous pondre ce disque inespéré.

* Membre du groupe Foxygen
* Chanson de l’album Never For Ever publié en 198O

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   LONG JOHN SILVER

 
  N/A



- Brian D'addario (tout)
- Michael D'addario (tout)
- Jonathan Rado (production, guitare sur 4)


1. I Wanna Prove To You
2. Those Days Is Coming Soon
3. Haroomata
4. Baby, Baby
5. These Words
6. As Long As We're Together
7. How Lucky I Am !?
8. Hi+low
9. Frank
10. A Great Snake



             



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