Les frères d’Addario sont deux trublions qui n’aiment pas perdre leur temps à ne rien faire, le troisième album des LEMON TWIGS est par ailleurs déjà en boîte. En attendant, ils tournent le plus possible, en général dans des clubs, des salles de capacité moyenne, parfois ils s’affichent en festival. Justement, ce 29 avril, voilà qu’un disque en concert se présente. Disponible en téléchargement. Un témoignage pris sur trois concerts U.S, un produit dont les subsides sont destinés à financer une asso étasunienne en charge des sans-abris, population dont les conditions de vie s’aggravent encore davantage en cette période de pandémie. La pochette du disque, quant à elle, fait penser à celle d’un bootleg culte de groupe Punk hardcore, alors que les Twigs pratiquent un mix Pop/Rock souvent sophistiqué, qui ne dénigre pas les morceaux à tiroirs. Si ce n’est que sur scène, ils se déchaînent volontiers et ne craignent en aucun cas de faire du bruit.

En effet, le son de ce Live est très brut, cradingue au possible, on est loin du son soyeux édité en studio par les frangins. Dès le fougueux « Always In My Arms, Always In My Heart », on comprend que nos gaillards ne sont pas là pour arrondir les angles, ça flingue de partout. Oui mais ça chante juste aussi. « Foolin’ Around » laisse entendre les harmonies de son refrain par-dessus un groupe de musiciens qui envoient les watts dans le rouge. Alors oui, il y a bien des instants plus authentiquement Pop, notamment « The Lesson » ou le final « If You Give Enough », suaves mais pas trop tant se fait ressentir la volonté de ne rien embellir. Néanmoins, si tour de force il y a, c’est celui de parvenir à faire ressortir des arrangements périlleux dans ce maelstrom. « Small Victories » est ornée d’un solo de gratte digne d’un shredder, les chœurs sont au poil partout au milieu d’un boucan assez jouissif et d’effets pouet-pouet joués Live. Cependant, si nos frérots sont deux gros taquins, on n'est pas obligés d’apprécier absolument toutes leurs blagues. Comme celle qui consiste à faire accélérer la bande peu après le début de « This Words », d’y insérer des bruitages, puis d’y coller le final de « The Fire ». Pourquoi un tel massacre ?

Heureusement, cela s’arrête là, « As Long As We’re Together », l’autre titre phare de nos duettistes/duellistes décuple sa puissance, « I Wanna Prove To You » fait tout aussi plaisir, « Home Of A Heart » et « The Fire » sont aussi d’excellentes chansons, même enfilées avec un son aussi raw. « Hi+Lo » ne ressemble en rien à la version de l'album, elle se mue en jam qui sert de prétexte à une longue logorrhée verbale de Michael et à un autre solo de guitare héroïque de Brian. Il est vrai qu’on ne s’ennuie pas en écoutant cet enregistrement où on s’est bien gardé d’ôter les larsens ou même de les atténuer, on se croirait dans la salle ! Et on s'en prend plein la tronche.

Alors saluons le geste désintéressé des LEMON TWIGS qui oeuvrent pour la bonne cause, même si l’incompréhension est de mise sur un choix très discutable. Il n’empêche que ça donne tout de même comme une envie furieuse de sortir pour aller les applaudir en concert, là tout de suite maintenant (fuck les ausweis) ! Leur toupet impénitent le mérite. Avoir autant de talent, de désinvolture et de morgue, ne peut être qu’un gage de confiance en l’avenir. Justement, l’avenir s’offre à eux, plus que jamais. On se retrouvera dans le Monde d'après.

Note réelle 3,5