En 1981, DALIDA fête ses 25 ans de carrière en revenant là où tant de chapitres de sa vie d’artiste se sont écrits, sur la scène de l’Olympia. Ce retour, enregistré en studio et édité sous le titre Olympia 81, se veut autant célébration que confession. Elle semble osciller entre fidélité à son art et tentatives d’adaptation formant un album inégal. Un disque entre éclats disco crépusculaires et testament sentimental.

L’ouverture est sobre, une mise à nu mature avec "Une Femme À Quarante Ans". C’est un joli titre de sa carrière tardive porté par une diction grave, posée, comme si chaque mot comptait plus qu’hier. Dans cette veine introspective, "Il Pleut Sur Bruxelles" vient ensuite convoquer la mémoire de Jacques BREL. L’écriture de Michel Jouveaux, toute en références délicates à l’univers de BREL, trouve chez DALIDA une interprète habitée. Cette chanson, avec son orchestration douce agit comme une révérence.

La musique contemplative de "L’amour Et Moi" emprunte sa mélodie au sublime slow "The Love Inside" de Barbra STREISAND. C’est joli, mais sans l’éclat espéré, pour arriver à la hauteur de son original.

Le moment d’exception de l’album se trouve avec "Fini, La Comédie". Ici, DALIDA touche juste. Il y a dans cette chanson une élégance, une intensité émotionnelle canalisée par une voix juste et un phrasé délicat. Tout est pesé, tout est à sa place, elle évoque la fin d’une relation et cela elle le dit avec une beauté désarmante. La ballade "Et La Vie Continuera", sans atteindre les sommets du titre précédent, propose un contrepoint plus ouvert, moins intériorisé. La musique s’y déploie davantage offrant à DALIDA un espace pour desserrer l’émotion, moins marquante tout de même.

L’album cherche ensuite une lumière plus solaire. "Marjolaine" par exemple convoque les accents méditerranéens chers à l’artiste. C’est une ballade douce presque naïve dans son ton, rappelant ses succès des années 60. Plus convaincante, "Je M’appelle Amnésie" joue sur un rythme à trois temps, valsé, dans une ambiance entre musette française et motifs orientaux. DALIDA semble libre vocalement, une jolie surprise. Dans un registre plus festif, "La Féria" renoue avec un peu avec la flamboyance et surtout les rythmes ensoleillés. Le titre, bien que rythmé, ne parvient pas franchement à décoller, on a connu plus inspiré dans ce registre.

Autre facette de l’album, une DALIDA qui regarde vers la décennie naissante, sans toujours réussir à s’y inscrire. L’on commence par le rythme binaire et mécanique du disco froid et tragique "Le Slow De Ma Vie". Le titre, dans sa lenteur hypnotique soulignée par une expressivité dramatique, a quelque chose de spectral, un slow qui n’en finirait pas de finir. Le titre "Chanteur Des Années 80" est rythmé pop disco, un beat de synthé mais une voix presque noyée. L’intention est là, l’audace aussi, mais le résultat désoriente. Cette impression persiste avec "Partir Ou Mourir". Le refrain accroche l’oreille mais le reste du morceau s’étire sur des arrangements lourds, DALIDA y perd un peu de sa vérité et l’on peine à la reconnaitre. Enfin, "À Ma Manière", clôt le disque sur une note à la fois grandiloquente et bancale. Les refrains discoïdes, trop chargés, étouffent l’émotion. C’est long, répétitif et peine à séduire.

Somme toute, c’est un album assez inégal que nous avons là. DALIDA n’a plus rien à prouver mais elle cherche encore, elle tente, explore, trébuche. Sans jamais être mauvaise, bien des titres ici, ne lui ressemble pas, et ça peine à séduire. Mais, quand elle se trouve, comme dans "Une Femme À Quarante Ans" et "Fini, La Comédie" ou la jolie découverte "Je M’appelle Amnésie", elle brille. Un disque plus introspectif que triomphant, traversé d’ombres et d’éclats.

Note : 2,5