Album souvent considéré comme non essentiel, celui éponyme de David GILMOUR, sorti en 1978, mérite selon moi une certaine réhabilitation. Tout du moins pour les FLOYD's addicts, c'est un disque qui se révèle essentiel. Alors, certes, il ne s'agit pas d'un chef-d'œuvre, loin s'en faut. En effet, il souffre de certains défauts que l'on retrouve également dans le disque de Richard WRIGHT, sorti la même année. Parmi ces défauts, une certaine propension à produire des titres qui tournent un peu en rond. "So Far Away", par exemple, est sauvé par son refrain jusqu'au moment où GILMOUR nous l'impose en répétition à la fin du morceau. Et là, clairement, cela pourrait avoir tendance un peu à me gonfler.

Nous sommes en présence d'un disque qui utilise la boucle comme principe d'écriture ("Raise My Rent", "No Way", "It's Deafinitely"). Cependant, pour qu'il en devienne essentiel, il lui faut des titres qui se démarquent et, là, je vous invite à poser une oreille sur "Mihalis", la merveilleuse quoique simple "There's No Way Out Of Here", écrite par Ken Baker du groupe UNICORN*, 'Short And Sweet" coécrite avec son pote Roy HARPER, "Raise My Rent", donc, très joli blues lent instrumental et "I Can't Breathe Anymore" qui commence très lent et se termine un peu à la "Fat Old Sun". Des titres dans lesquels David GILMOUR utilise tout son savoir et sa palette de sons à partir de sa Black Strat, un peu rétro pour un disque de 1978, mais fort agréable à l'écoute.

La guitare est effectivement reine dans cet album, avec quelques nappes de claviers jouées par GILMOUR lui-même. Parfois, on a même l'impression que Richard WRIGHT est l'auteur de ces nappes et c'est peu de le dire. Et cette variété de sons qu'il utilise est incroyable, que ce soit dans le clean ou le saturé. C'est un album Floydien en diable, mais dans un style pré-D.S.O.T.M. Je rapproche cette ambiance de celle qui prévaut dans Obscured By Clouds. Des chansons sans prétentions, qu'il a concoctées pour son groupe mais ne correspondant plus à la direction prise par celui-ci. Des chansons qui ne peuvent coller avec les paroles de WATERS, hormis "Confortable Numb" qui a été intégrée intelligemment dans The Wall.
Enfin, des chansons produites avec deux des membres de son ancien groupe, les Jokers Wild, dont un certain Rick Wills, futur FOREIGNER, à la basse, ce qui entraîne une certaine osmose entre les musiciens. Un disque empreint de coolitude, un peu laid back, annonçant les disques post-WATERS pour le FLOYD de même que sa carrière solo.

Honnêtement, cela fait 45 ans que j'écoute cet album qui ne m'a jamais lassé. Très largement au-dessus de son successeur, About face, il traverse mieux le temps que On An Island. Avec son dernier Luck and Strange, je le place sans hésiter en haut de mes albums préférés parmi ceux dans lesquels David GILMOUR apparaît. Un bon 4/5 pour moi.

*David GILMOUR produisait à l'époque le groupe folk-rock UNICORN. Selon les confidences de Pat Martin, le bassiste du groupe, David Gilmour l'a produite (NDR "There's No Way Out Of Here" en 1976 dans l'album Too Many Crooks) mais N'A PAS CO-ÉCRIT NI JOUÉ dessus. La guitare slide était jouée par Kevin Smith et c'était son idée de jouer l'intro à l'envers. David n'était pas là la nuit où nous l'avons enregistrée mais l'a entendue le lendemain. et m'a téléphoné pour me dire qu'il l'aimait tellement qu'il allait le reprendre sur son album solo (NDR, dans une version finalement très proche. Ce qui la distingue de l'originale est cette partie solo guitare que je trouve fabuleuse). Ken Baker l'a écrite, jouait de la guitare, de l'orgue Hammond et chantait le rôle principal. Pete Perryer jouait de la batterie et chantait les parties hautes tandis que je jouais de la basse et chantais la partie à la tierce au-dessous de Ken. Quant à Chris Pidgeon, celui-ci jouait du piano Wurlitzer. A écouter également, même si, pour moi, la guitare manque.