Veuillez rendre l’âme ou l’album du malentendu. Ambiance enlevée, relativement légère et aérée. Textes pleins de jeux de mots approximatifs. Chanson de marin. Gros succès. Le groupe passe à la télé tandis que les musiciens passent pour de gentils garçons, même si sur les images on voit nettement qu’ils savent très bien qu’ils ne sont pas à leur place. NOIR DESIR soignera le problème au disque suivant, pourtant celui-ci reste largement culte. Le plus important, c’est qu’il y a de quoi.

C’est dans celui-ci que les Bordelais édifient sérieusement les fondations. La liste des classiques qui suivront le groupe à chaque tournée le montre bien : "A l’arrière des taxis", définition d’un style ; "Le fleuve" et ses expérimentations sonores exigeantes ; "La chaleur", premier exercice à très haute intensité ; "Les écorchés", celle qui resterait s’il ne devait y en avoir qu’une pour définir le groupe. Ajoutons à cette liste le classique qui ne suivra pas le groupe, pour les raisons indiquées précédemment : "Aux sombres héros de l’amer", d’une efficacité imparable.

Cette série de titres place haut le niveau de l’album et son importance, mais il convient également de signaler quelques autres morceaux moins connus comme le poignant "Sweet Mary", l’hyper-enlevé "What I Need" où le chanteur impressionne, et l’épilogue "The Wound" au cachet singulier.
Le problème du disque, c’est sa production légère, des paroles un brin naïves et une interprétation pas toujours intéressante. Autant de détails qui seront très vite gommés par la progression du groupe.
Pour le reste, c’est un premier album d’une qualité rare laissant entendre un talent brut, une somme d’intuitions qui ne demandent qu’à être amenées à destination. Et puis ce côté aéré rend malgré tout l’écoute facile. Le feu est allumé, il dégage ses premières grandes flammes, celles qui éclairent davantage qu’elles ne brûlent. Let them burn.