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ROCK  |  LIVE

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1989 3 Veuillez Rendre L'Ame A Qui...
1990 2 Du Ciment Sous Les Plaines
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NOIR DéSIR - Elysée-montmartre (2021)
Par RAMON PEREZ le 7 Septembre 2021          Consultée 2071 fois

Il parait que si tu étais à ces concerts, ce live t’en fait une retranscription d’une fidélité capable de te faire oublier les trente ans qui te séparent de cette époque. Retour vers le futur grâce à la maison de disques qui a fouillé ses armoires en préparant l’intégrale parue fin 2020. Elle y a retrouvé sous la poussière les traces du passage de Noir Dez à Paname en 91. Des bandes qui ont vieilli comme le bon vin et qui ont servi à assembler ce disque. Bonus fort appréciable de l’intégrale, le voici publié indépendamment quelques mois plus tard, affublé d’une pochette permettant aux connaisseurs de le remettre à sa place en un clin d’œil, c’est-à-dire juste à la suite de Du ciment sous les plaines (motif et lettrage similaire, seul le fond est différent avec cette photo du groupe sur scène).

Album très particulier que celui-ci, pour rappel. Leur premier avait trop bien marché, tiré par le médiatique "Aux sombres héros de l’amer" et son enfilade de calembours certes pas écrits par Raymond Devos. J’adore ce titre, c’est pas le problème. Le problème c’est que c’est le moins Noir Dez des titres de Noir Dez et que c’est celui qui a marché. Avec la belle gueule de Bertrand mise en avant en télé, le grand public n’est à cette époque pas loin de voir un boys band chez ces quatre bordelais qui, eux, ne sont pas loin d’en avoir la gerbe. Au moment d’envisager la suite, ils se résolvent à soigner le mal par le mal. Tant pis si le public ne suit pas (ce sera effectivement leur disque le moins vendu), l’album est leur plus radical histoire d’arrêter les malentendus.

La deuxième partie du traitement se passe sur scène. Pas de grande salle, pas de sombres héros, mais une onde tellurique à faire péter l’échelle de Richter. Repartis de la base, les bordelais allument les hauts-fourneaux pour un public certes limité mais qui les comprend, prêt à plonger tête la première dans le brasier. Cette tournée, en remettant les pendules à l’heure, fédère une assistance durablement initiée, premiers mouvements de houle en prémices de la vague qui emportera bientôt tout. Il parait que c’était dingue, je ne peux malheureusement pas le confirmer n’ayant jamais eu l’occasion de voir NOIR DESIR sur scène ; sans conteste mon plus grand regret musical. Quoi qu’il en soit, le groupe s’est arrêté une dizaine de soirs à l’Elysée Montmartre en mai 1991. Environ 1400 places, le four idéal pour leur musique.

Ce disque permet de se faire une idée relativement précise de ce que cela donnait et accroche-toi l’ami car effectivement Noir Dez était venu pour tout bouffer ! Ce groupe m’a toujours scotché par l’énorme intensité qu’il était capable d’envoyer. S’il n’a pas ici l’impeccable maitrise qui le rendra encore plus impressionnant par la suite, c’est peu dire que la tension est déjà là et bien là. L’album ne se relâche jamais vraiment, même dans ses moments les moins furieux. Il enchaine rapidement les morceaux, exigeant du public une implication et une vigilance de tous les instants, ainsi que cela était déjà le cas pour l’album studio. Une heure sur le ring au milieu de ces quatre musiciens engagés dans un combat permanent, quatre maitres d’armes évoluant au milieu des forges de l’enfer.

Chaque note de la basse de Vidalenc me fait penser aux gouttes d’eau chaude qui tombent du plafond sur ton dos quand tu pionces tranquillement dans un sauna. La batterie de Denis Barthe bûcheronne sans arrêt, structure de tout l’édifice. Toujours costaud et carré, sans trop en faire ; un feeling d’exception. Ensuite il y a Serge et sa guitare. Pour reprendre l’image précédente, lui c’est le type qui s’amuse à balancer des litres de flotte sur les caillasses puis à ventiler tout ça à la serviette. Toujours aussi transcendantal. Enfin il y a Bertrand qui est absolument dément sur ce live. Il avait alors 27 ans, un âge fort dangereux comme chacun sait. Doublant souvent Serge à la guitare, balançant des traits d’harmonicas assassins, il impressionne surtout bien-sûr au chant, tant il est à l’aise et habité. Difficile d’imaginer meilleur meneur pour cette cérémonie. Pour la petite histoire, il atteindra ses limites à la tournée suivante durant laquelle il s’est pété la voix, ce qui l’a ensuite obligé à revoir quelque peu son style et sa technique. On l’entend donc ici dans toute l’inconséquence de sa jeunesse, ce qui fait beaucoup de bien.

Le quatuor est soutenu de temps à autres par le violon d’un certain François Boirie, comme on l’entendait déjà dans Veuillez rendez l’âme. Mais autant cet instrument amenait alors plutôt de l’aération, un minimum de souffle, autant ici il en rajoute encore un peu dans le côté décharné, brûlé. Il n’y a qu’à écouter l’ambiance qu’il instaure dans "Holy economic war", la tension incroyable qu’il amène avec lui, pour saisir qu’ils ne l’ont pas engagé pour épargner l’auditeur. Inconfortable, à l’image de ce que fera plus tard Akosh avec son saxophone, il amène la touche bien particulière de ce live au regard des deux autres déjà parus. Un live parfaitement mené entre les moments tendus ou débridés, retenus ou explosifs. NOIR DESIR gère la température de main de maitre : on ressort de cette fournaise comme un poulet grillé. Je t’avais dit qu’ils étaient là pour tout bouffer !

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   RAMON PEREZ

 
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- Bertrand Cantat (chant, guitare, harmonica)
- Serge Teyssot-gay (guitares)
- Frédéric Vidalenc (basse)
- Denis Barthe (batterie)
- François Boirie (violon)


1. No No No
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