1982 était une année de transition pour les HÜSKER DÜ.

Le mini In a Free Land avait dévoilé au grand jour les envies de grands espaces d’une musique se parant de reflets pop et psychédéliques, refusant parallèlement en bloc le carcan social et artistique caractérisant le hardcore. Il était cependant grand temps pour le trio de valider cette progression, et cela passait immanquablement via un inaugural longue-durée qu’ils n’allaient plus tarder à graver.

Après une tournée les menant jusqu’à Los Angeles, ils enregistrent ainsi sur place douze chansons en deux jours aux studios Total Access avec Spot. A cette époque, les studios étaient tellement nombreux et la récession si forte dans l’industrie du disque qu’il était possible d’en louer un à un coût relativement bas. Autre économie pécuniaire et temporelle réalisée : aucune prise supplémentaire. On comprend donc que le côté rudimentaire et brut de leur son n’était pas une pose mais une vraie nécessité.

Everything Falls Apart sort chez Reflex en janvier 1983, armé d’une imagerie énigmatique mettant en scène des tests de Rorschach, validant l’aspect d’un groupe laissant libre cours à son public de trouver les propres réponses aux questions qu’il met sur la table. L’album se vend dans tout le pays et plutôt bien, les 5000 premiers exemplaires s’écoulant en quelques semaines. MOULD pose indéniablement sa patte artistique en écrivant ou co-écrivant 80% des pièces d’un répertoire comportant une reprise acide du "Sunshine Superman" signé DONOVAN. Ainsi même si l’aspect véloce est toujours présent (supersoniques "Punch Drunk" ou "Obnoxious"), le tempo ralentit singulièrement, notamment sur un titre éponyme d’exception diablement pessimiste.

Et cependant tout n’avait pas commencé à dérailler pour les HÜSKERS. Bien que le chemin passe très bientôt via une casse automobile.