Pris au piège, saison 2. Ne vous en faites pas, ce sera la dernière. À n’importe quel prix du moins. Avant de poursuivre sereinement. Enfin, si l’on peut dire…

Nous sommes en 1982 et HÜSKER DÜ vient tout juste de commettre son premier longue-durée, l’impétueux et tempétueux Land Speed Record. Cet enregistrement concrétisait les ambitions élevées assumées par le trio, se heurtant toutefois d’entrée à leur emplacement géographique, Minneapolis n’étant pas comparable aux grandes métropoles punk Londres, Los Angeles ou New York. Ce genre n’était d’ailleurs plus en odeur de sainteté dans la ville du Minnesota après la séparation des SUICIDE COMMANDOS, groupe le plus réputé du coin. Malgré tout, les HÜSKERS tinrent bons, aidés par leur famille et un noyau dur de fans passionnés par leur musique gorgée de décibels, une communauté grandissant même en dehors de la région.

Mais 1982 commençait aussi déjà à être une année de changement pour le jeune collectif. Malgré leur nom énigmatique qui leur permettait de s’extraire de la meute hardcore, les Américains se sentirent dans un premier temps obligés de clarifier les choses concernant leur supposé côté haineux qui ne constituait en réalité qu’une peur. MOULD expliquait ainsi : Nous sommes agacés par le fait que la plupart finissent ainsi – désespérés, vaincus. Nous-mêmes craignons qu’il nous arrive la même chose, et c’est cette peur qui s’entend dans notre musique.

Ils ont ensuite commencé à faire évoluer leur son. Et c’est exactement cette mutation à l’œuvre que l’on peut entendre sur In a Free Land, single sorti le 1er avril 1982 (pas de poisson toutefois… !) dont la pochette s’inscrit dans la continuité de celle ornant Land Speed Record, un drapeau américain chiffonné dont un côté est enflammé par la Statue de la Liberté. Cet enregistrement montrait un trio toujours sûr de ses forces – à savoir rapidité et intensité – mais adjoignant de plus en plus d’éléments pop et psychédéliques à ses sonorités (notamment sur la chanson éponyme occupant la première face et atteignant presque les trois minutes) en plus de renier les aspects moralisateurs qui caractérisaient le hardcore. Ils préféraient poser des questions, sans toujours apporter de réponses comme sur le désespéré et terrifiant "What Do I Want ?" où le narrateur en arrive lui-même à la terrible conclusion que rien ne peut le rendre heureux.

A l’instar du single Statues/Amusement, ces trois titres rageurs sont à retrouver sur les rééditions de Everything Falls Apart ainsi qu’en plus rare vinyle, fruit du Record Store Day de 2016.