Le confrère Long John Silver est un poil trop sévère, mais j’ai moi aussi un souci avec Done with Mirrors. J’aimerais l’apprécier davantage, mais je n’y parviens jamais vraiment.
À chaque nouvelle écoute, ça me fait le coup. "My Fist Your Face", "The Reason a Dog" et "Gipsy Boots" tirent leur épingle du jeu, mais l’écoute de l’album pourtant météorique (1) est plombée par des ébauches de morceaux qui traînent la patte ("Shela", "Shame On You" et surtout "She’s On Fire").
Dans son autobiographie (2), Ted Templeman avoue qu’il a raté le coche avec le combo de Boston, qu’il n’a pas pu enregistrer dans les studios de son choix et il lâche du bout des lèvres qu’il abusait de poudre tout autant que le groupe (qui bien qu'ayant levé le pied était loin d’être clean comme on a voulu nous le faire croire à l’époque). L’homme n’avait visiblement pas l’autorité nécessaire pour demander aux musiciens de retourner travailler.
L’entame très efficace de l’album avec le "Let the Music Do the Talking" du JOE PERRY PROJECT mettait d’ailleurs la puce à l’oreille. Si le morceau n’est pas un simple calque de la version originale (Tyler a réécrit le texte et modifié la ligne de chant des couplets), il trahit le manque d’inspiration du groupe en mode recyclage.
Au fond, il y a un malentendu avec Done With Mirrors. Cet album est moins la première tentative de renaissance du groupe avec les retour aux pénates de Perry et de Whitford que son avis de décès. La bande à Tyler qui revient aux affaires pour de mauvaises raisons (à part Hamilton, ils sont tous criblés de dettes) a perdu le mojo des grands jours. Jetez un œil aux crédits, c’est la dernière fois que les cinq composent seuls. La prochaine tentative de retour se fera avec l’aide de song doctors et ce sera certes le jackpot, mais c’est une autre histoire. Le groupe sulfureux et imprévisible que je vénérais était mort et la poudre aux yeux du Hair Metal des 80's flottant dans l’air dans un nuage de spray coiffant m’empêcherait de le comprendre avant longtemps.


(1) L’inutile "Darkness" ne figurait même pas sur le vinyle.
(2) Ted Templeman : A Platinum Producer’s Life in Music