Ce second album des DAMNED est intéressant. Non par son contenu, parce qu'au fond cet album est réellement médiocre. Mais plutôt par la problématique qui se pose alors au mouvement punk-rock (qu'on appelait indifféremment new wave ou punk-rock aux origines).

Certains participants à ce mouvement avaient, dès 1976, année où les PISTOLS ont suscité tant de vocations, pressenti que cette nouvelle vague allait rapidement tourner en rond. On commençait déjà donc à s'interroger dès les débuts : allait-on jouer la même chose toute sa vie ? Cette musique basée sur trois accords jouée à toute vitesse dans un déluge de bruit, et de manière approximative, devait-elle être le destin de tous ces apprentis musiciens ? Certains jetèrent donc l'éponge immédiatement et se tournèrent vers d'autres horizons. Même s'il faut le dire, jouer des titres intéressants avec trois accords (pour le dire vite) n'est pas donné à tout le monde en réalité (les RAMONES n'ont pas duré sans raison).

D'autres continuèrent donc. Comme on le dit parfois, les DAMNED furent les premiers punks à sortir un single, puis les premiers à sortir un album, et même à enregistrer leur second album. Mais aussi les premiers à faire la preuve que les interrogations des débuts étaient à prendre au sérieux. En sus, des tensions particulièrement gênantes à l'intérieur du groupe se font sentir, ce qui n'arrange rien, avec notamment un Captain Sensible un peu trop fun au goût de James.

Ensuite, l'intégration d'un second guitariste, Lu Edmunds, est une décision carrément loufoque pour un groupe strictement punk. Le punk c'était mettre en avant une grosse guitare rythmique et l'expérience a largement montré qu'elle était suffisante pour faire un boucan d'enfer. Depuis quand a-t-on besoin d'une seconde guitare pour faire plus de bruit ? Cette intégration, qui ne perdurera pas, est également révélatrice d'un malentendu certain. En réalité, il se passe le contraire : quand les deux guitaristes jouent de manière complémentaire « One Way Love », la tension diminue sérieusement, et quand ils jouent de conserve, elle n'apporte rien, ce qui souligne la vacuité de ce choix d'un second guitariste. Par ailleurs, la basse est au final bien moins perceptible dans le mix. S'agissant de l'intégration du saxophone, il ne s'agit pas vraiment d'une innovation majeure, le groupe punk de filles X-Ray Spex étant déjà connu à l'époque pour son utilisation (majeure).

Le problème de Music For Pleasure est essentiellement de deux ordres : il s'avère être moins surprenant que le premier Damned Damned Damned ; mais surtout, et c'est là la principale critique, les compositions n'ont absolument pas la saveur des précédentes. Soyons honnêtes, la plupart d'entre elles méritent tout simplement le statut de filler, notamment à partir du 4ème titre, « Politics ». Allez, ils feront mieux par la suite.