Depuis The Fame, Lady GAGA est montée en flèche. Après la saison des hymnes à l’acceptation de soi sur Born This Way et la fresque délirante de Artpop, GAGA a fini par poser les perruques et les talons de 30 centimètres. En échange, un style plus dépouillé surmonté d’un grand chapeau rose, voilà Joanne, l’album où Stefanie commence à tomber le masque.

Cet album, c’est une mue artistique retracée dans son documentaire Five Foot Two sur Netflix. Cet album, elle le chante pour sa tante décédée trop tôt et pour elle-même, l’enfant de New-York qui rêvait de jazz. Elle s’associe à l’anglais Mark RONSON pour gérer la production du projet, ses morceaux délaissent donc son électro-pop pour se focaliser sur davantage d’instruments organiques

J’aime beaucoup "Diamond Heart" en ouverture percutante (Young, wild, American/Looking to be something) avec sa guitare rock et sa batterie qui balance bien sans jamais perdre la patte de la chanteuse ; mais aussi le titre "A-YO" sur lequel GAGA s’aventure dans une country-pop très cool remplie de frappements de main qui claquent comme des bottes de cowboy pendant une line dance dans un bar. GAGA nous entraîne dans une performance vocale digne d’un single et l’esprit de RONSON est totalement incarné dans ce beat au groove rétro.

J’accroche moins avec la ballade à coeur ouvert "Joanne". Evidemment, je ne suis pas insensible et moi aussi j’ai la gorge qui se serre en écoutant ce single au tempo lent qui porte le nom de sa tante et qui permet de panser doucement les cicatrices de ce drame familial qu’elle exorcise ici. Les riffs de "John Wayne" passent vraiment bien mais j’ai plus de mal avec le morceau co-écrit par BECK, "Dancin’ In Circles" ainsi que les singles "Million Reasons" et "Perfect Illusion", presque trop intenses. Dans "Sinner’s Prayer", GAGA emprunte des racines folk et blues alors que l’ambiance vire au motown orchestral agrémenté d’une touche jazzy sur "Come To Mama" ou carrément 70’s un brin psychédélique dans le joli duo avec Florence WELCH "Hey Girl".

Pas de paillettes dans tous les sens, Joanne se concentre sur la voix. Moins retravaillée, plus écorchée, elle permet à Lady GAGA de montrer qu’elle est véritablement capable de tout chanter, posant une nouvelle pierre dans la construction de son identité artistique et préparant le terrain pour son succès dans le film A Star Is Born. Un virage qui, même s’il ne me plaît pas complètement, sonne tellement juste.