Vous l'avez bien compris si vous êtes un habitué de Forces Parallèles, les dernières offrandes publiées par les MERZHIN depuis le début de la décennie ne nous ont pas vraiment convaincus, la faute à une évolution vers un rock plus "classique" (qui a dit aseptisé ?), qui met de côté les sonorités celtiques qui faisaient la richesse et l’intérêt des trois premiers (et excellents) albums du groupe. Reste que le groupe, fort d'une carrière désormais longue de vingt ans, poursuit son bonhomme de chemin et ne semble pas décidé à lever le pied. Pour cristalliser cette nouvelle étape de son existence, les Bretons fraîchement signés sur le label Verycords proposent un album live aux allures de bilan. Etat des lieux.

Se concentrant naturellement sur ses dernières réalisations en date, le groupe propose une setlist qui ravira avant tout les amateurs des travaux les plus récents du groupe. Vous l'aurez compris, les amateurs de vieilleries peuvent ici passer leur tour. Celles-ci, lorsqu'elles sont interprétées, le sont sans grande conviction, comme s'il s'agissait d'un passage obligé, d'un passé désormais lourd à assumer. "Les nains de jardin", classique parmi les classiques, est interprété avec une certaine nonchalance de la part du groupe dans son ensemble et par le chanteur Pierre Le Bourdonnec en particulier, qui ne se foule pas beaucoup sur le refrain. Si "Pavillons kamikazes", seul extrait de l'album Pieds Nus Sur La Braise, est interprété avec plus d'envie, il est évident que l'esprit du groupe est désormais ailleurs, tourné vers ces sonorités rock plus sombres qui constituent désormais le coeur de sa musique.

A ce petit jeu, les nombreux extraits du dernier album en date, Babel, fonctionnent plutôt bien en contexte live. "A travers toi" et son refrain urgent, inspiré, apporte il est vrai une fraîcheur agréable, malgré des paroles plutôt sombres, une constante ces derniers temps chez les Bretons. "Babel" et "Muhammad Ali", ainsi que "Sous la Focale" donnent en revanche l'impression de taper dans le vide. Il n'y a ici que la bombarde qui trouve grâce à nos yeux. Se voulant intemporel, ce rock en constitué essentiellement de riffs plaqués nous semble bien moins durable que "Conscience" ou "Betti", pépites du passé dont l'impact est encore intact.

Globalement, "on s'y retrouve". C'est un peu bancal, mais il faut reconnaître que si MERZHIN peine à nous embarquer avec lui dans son navire, on apprécie l'écoute de ces titres somme toute variés. "Plus loin vers l'ouest", avec ses influences folk, se fait par exemple porteur d'une variété bienvenue, de même que cette reprise du "Take it as it comes" des DOORS. Au final, BABELIVE s'écoute avec plaisir, sans que l'impression de "célébration" se fasse présente, mais avec l'impression d'avoir dans ses enceintes la musique bariolée d'un groupe qui a traversé somme toute avec succès les époques, et a su se renouveler, quoi qu'on pense de son visage actuel. Un live intéressant pour prendre la pleine mesure de l'identité MERZHIN.

A noter que, en plus de l'album live, un coffret DVD présente plusieurs concerts de la tournée, des rétrospectives et l'ensemble des clips du groupe. De quoi faire plaisir aux amateurs.