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Otis REDDING - The Immortal Otis Redding (1968)
Par LE KINGBEE le 9 Juillet 2018          Consultée 2070 fois

Ce second disque posthume apparaît dans les bacs des disquaires en juin 68, six mois après l’accident d’avion qui coûta la vie au chanteur et à la plupart des Bar-Kays. Si « The Dock Of The Bay », premier album posthume, a raflé une première place dans de nombreux pays, cet « Immortal » ne grimpe qu’à la 3ème place des classements R&b US. Curieux ce titre pour un disque dont l’auteur bouffe les pissenlits par la racine depuis six mois. Chez nous, le disque sort sous un pressage français avec une pochette différente sans titre mais communément appelée « Amen », nom de la dernière piste. Faut-il y voir une funeste prémonition tardive ?

Constitué de 11 chansons, dont 9 composées ou coécrites par Ottis REDDING lui-même, ce posthume porte encore la griffe du chanteur. Ce disque se distingue néanmoins par sa cohérence, 8 des 11 titres ayant été enregistrés à Memphis le 6 décembre, alors que « The Happy Song (Dum-Dum-De-De-De-Dum-Dum) » est issu d’une session du 10 décembre, le jour-même où le bimoteur du chanteur est allé se scratcher dans un lac glacial du Wisconsin. D’entrée, le profond « I’ve Got Dreams To Remember » nous emmène au cœur d’une Deep Soul presque religieuse en présence de chœurs, reprise près d’une trentaine de fois à toutes les sauces dans des versions infiniment inférieures à la puissance crépusculaire de celle de REDDING, superbement épaulé ici par la guitare de Steve Cropper. « You Made A Man Out Of Me », coécrit par Cropper et Deanie Parker employée à tout faire au sein de la Stax, résume à lui seul le son du label aux doigts qui claquent. « Nobody’s Fault But Mine » (titre homonyme au gospel song de Blind Willie Johnson et au blues rock de Led Zeppelin) dévoile un chant plus déclamatoire que relève efficacement un ensemble de cuivres.
Probablement le titre le plus connu, l’énergique « Hard To Handle » a récemment fait l’objet d’une cure de jouvence via l’interprétation de Courtney Hadwin, une gamine de 13 ans concurrente de « America’s Got Talent », une émission ampoulée dans le genre de « The Voice ». Le titre a été repris à toutes les sauces, des bonnes (Patti Drew, Tony Joe WHITE, Rustix, MAGIC SLIM) et des mauvaises (GRATEFUL DEAD, Toots & The Maytals, GAROU) mais comme on dit la première est souvent la meilleure.
Encore plus lent et velouté, « Thousand Miles Away » (rien à voir avec la purge doo-wop des HEARTBEATS reprise par Harry NILSSON et BOYZ II MEN) semble aussi collant qu’un papier tue-mouche. Il ne suffit pas de gueuler pour impressionner la gente féminine, susurrer s'avère parfois plus efficace, REDDING met l’adage en pratique sur « Think About It »⃰, le titre le plus faiblard avec « A Waste Of Time », peut-être parce que je ne fais justement pas partie de la gente féminine. « Champagne And Wine » s’oriente résolument vers une Deep Soul typique de son répertoire dans une version bien supérieure à celle d’ETTA JAMES. Otis délivre un clin d’œil à Ray CHARLES, l’une de ses idoles, avec « A Fool For You » tiré d’un single Atlantic de 1955. Le titre dénote légèrement du reste, le chanteur se faisant trop théâtral, forçant sur les intonations. Si la version du « Genius » peut sembler aujourd’hui un brin passée de mode, on conseillera aux lecteurs la version d’un autre Otis, RUSH en l’occurrence, axée sur le Chicago Blues tendance West Side. Les amateurs de Jazz Vocal se tourneront eux vers la version d’Harry BELAFONTE, beaucoup plus lisse, alors que les fans d’incendies devraient être comblés par celle du duo Ike & Tina TURNER.

L’album s’achève sur « Amen », gospel traditionnel que l’on retrouve dans la bande son du film « Lilies Of The Field » (« Le Lys Des Champs ») du réalisateur Ralph Nelson et qui vaut un Oscar à Sidney Poitier⃰ ⃰ en 1964. Si Ray CHARLES avait incorporé à son répertoire de nombreuses influences Country et si Sam COOKE n’a cessé de masquer sa conscience afro-américaine avec des titres de Soul bien lisses et bien proprets, à la limite de la variété Pop, Otis REDDING n’a jamais hésité à mettre l’accent sur ses racines Gospel et Blues pour s’immerger dans un répertoire Soul qui correspondait aux attentes d’un public plongé alors entre doute et contestation. N’oublions pas qu’enfant, Otis avait fréquenté les bancs de la paroisse baptiste dans laquelle son père militaire tentait aussi de répandre la parole de Dieu. Ce gospel issu des années 30 via un enregistrement des Wings Of Jordan a connu quelques bonnes reprises (Harry BELAFONTE, Johnny CASH) mais se voit popularisé en 64 par Les Impressions de Curtis MAYFIELD. Ici, l’interprétation débute par un bref passage a capela, Otis REDDING s’amusant à entremêler « Amen » avec « Hey Men », les cuivres et la guitare venant en aplomb. Probablement avec « The Dock Of The Bay » le meilleur album posthume de ce chanteur charismatique qui avait révolutionné la Soul. Ajoutez-y l’un des deux meilleurs orchestres de Deep Soul de la décennie et vous avez entre les mains un disque qui mérite une attention soutenue. Note réelle 3,5.

⃰ « Think About It » comprend deux homonymes : un premier des YARDBIRDS suivi d’un titre de James BROWN.

⃰ ⃰Sur le disque de la bande son, Jester Hairston, célèbre compositeur-arrangeur-chef de chorale et acteur, est accrédité au doublage de Sidney Poitier. Hairston, décédé en 2000 à 98 ans, a prêté sa voix à de nombreux personnages et demeure l’un des grands spécialistes du Negro Spiritual.

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- Otis Redding (chant)
- Steve Cropper (guitare)
- Donald 'duck' Dunn (basse)
- Al Jackson (batterie)
- Joe Arnold (saxophone)
- Andrew Love (saxophone)
- Wayne Jackson (trompette)
- Booker T. Jones (orgue, piano)


1. I've Got Dreams To Remember.
2. You Made A Man Out Of Me.
3. Nobody's Fault But Mine.
4. Hard To Handle.
5. Thousand Miles Away.
6. The Happy Song (dum-dum-de-de-de-dum-dum).
7. Think About It.
8. A Waste Of Time.
9. Champagne And Wine.
10. A Fool For You.
11. Amen.



             



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