À l’écoute de ce nouveau WEEZER, deux réactions sont possibles. La première, évidente pour tout fan du WEEZER “canal historique”, est le rejet pur et simple en mode “mais c’est quoi cette merde !!!” La seconde, beaucoup plus difficile à défendre, est de dire “ils ont réussi leur coup, enfin”.

Je dois avouer que dans un premier temps, j’avais opté pour la première option. Le single “Feels like summer” avait tout pour me déplaire et m’avait mis dans d’assez mauvaises dispositions pour découvrir l’album. Mais au fil du temps, je me suis rendu compte que l’album revenait souvent sur la platine et qu’il faisait son effet. Pour en arriver finalement à la conclusion qu’enfin WEEZER avait réussi son album de pop mainstream. Qu’enfin, ils essayaient de nouvelles formules et que cela fonctionnait. Nous sommes en effet bien loin des ratages de Hurley ou de Raditude.

Car oui, ce Pacific Daydream a une cohérence d’ensemble, un fil conducteur. Il est d’ailleurs fièrement affiché sur la pochette. Son titre est un programme. Vous ne voyez pas? Ce rêve éveillé de pacifique? Cet album est une ode aux BEACH BOYS, ni plus ni moins. Du BEACH BOYS produit par KATTY PERRY, je le concède, mais les clins d’œil aux garçons de la plage sont légion. Vous croyez que je débloque?

Il est vrai que l’album s’ouvre par le titre le plus “weezerien classique”, le punchy “Mexican Fender”. Grosses guitares (ce sera d’ailleurs quasiment la seule fois de l’album), production maousse, refrain fédérateur. Introduction efficace sans être spécialement originale, d’autant que le son est assez lisse. Mais dès le titre suivant, la déclaration d’intention ne peut être plus claire avec le morceau “Beach Boy”. On voit alors tout le travail de remise en question qui a prévalu à ce disque : on ne garde pratiquement rien des formules de l’ancien WEEZER. Basse syncopée, accords en son clair crunchy gorgés de reverb, travail sur les chœurs, pas de solo. On retrouve la même recette sur le splendide “Weekend Woman”, morceau terriblement rétro dans l’esprit. On y note aussi l’ajout d’instruments peu présents d’habitude chez WEEZER : cloches, glockenspiel, xylophone, percussions diverses. Tout un univers musical qui renvoie directement aux productions des BEACH BOYS. Et que dire de l’orgue lointain et du roulement de batterie réverbérée de l’intro de “La Mancha Screwjob” ? Ca ne vous rappelle rien? C’est une citation directe de “Good Vibrations” !

Il faut donc prendre ce Pacific Daydream pour ce qu’il est  : une gentille récréation qui sait faire mouche avec des titres pop plutôt bien troussés. Car oui, il y a de très belles chansons sur cet album. Outre l’ouverture “Mexican Fender”, “Beach Boys” ou “Weekend woman” déjà évoqués, les doux “QB Blitz” et surtout “Sweet Mary” (cette reprise du refrain après le pont, avec tous les chœurs, quel pied !!!) sont tout à fait plaisants. Et “La Mancha Screwjob” est rigolote malgré son côté COLDPLAY sous les tropiques. Ce qui fait quand même une bonne grosse moitié de l’album tout à fait recommandable. Ultime crime de lèse fan de WEEZER, le seul solo de guitare a lieu sur le dernier titre à la guitare classique. Si ça, c’est pas un disque qui porte la trace d’une envie de s’amuser !

Alors on est d'accord, ça ne sera pas mon WEEZER de chevet, mais franchement, il ne mérite pas de se prendre un torrent d’injures comme on a pu en lire parfois.