Aie ! Cette chronique est de celles que je ne me réjouis pas de faire. Et ce, pour une foultitude de raisons.
En premier lieu, car MADEMOISELLE K est un groupe que j’apprécie. Ensuite, parce que la démarche ayant amené celui-ci à nous offrir ce Hungry Dirty Baby, ne peut que forcer le respect. Et enfin, parce ce que je me dois d’être honnête en signalant que cet album a reçu un accueil critique globalement très positif, ce qui ne rend pas ma position très confortable.

Au regard de ce petit topo, vous devez bien vous douter que je ne vais pas m’extasier devant le quatrième album studio de MADEMOISELLE K. Et ce, alors qu’afficher sa déception dans le contexte que je viens de dépeindre n’est pas chose aisée. Mais voilà, cet album, chanté majoritairement en anglais, ne m’a pas séduit. Pire, il m’a ennuyé et est vite tombé dans mes oubliettes personnelles. Et, quelques années, et écoutes, plus tard le constat est toujours le même : cet album ne correspond pas à ce que j’attends de ce groupe. Ce Hungry Dirty Baby souffre de la comparaison avec son successeur et son devancier, les excellents Sous Les Brûlures (2017) et Jouer Dehors (2011).

Pourtant la genèse de ce disque est plutôt alléchante : suite à ses 3 premiers albums très prometteurs et une réputation scénique flatteuse, MADEMOISELLE K est, à l’aube de l’année 2013, une figure qui commence à peser dans la scène rock française. Son rock pêchu, entraînant, et légèrement insolent, allié à des prestations live tout en énergie marquent, à juste titre, les esprits et dotent le groupe d’une identité forte au sein du paysage rock hexagonal. C’est à ce moment, alors que le groupe semble atteindre sa plénitude, qu’il annonce la mise en chantier d’un album chanté en anglais et se démarquant de ce à quoi il nous avait habitué.
Et sur ce point, il n’y a pas tromperie, car Hungry Dirty Baby, représente une réelle prise de risque et un virage important en termes de carrière. Ce, à tel point que leur maison de disque ne les suivra pas dans cette aventure.

Au niveau du style, le rock assez direct et entrainant s’est légèrement effacé pour laisser de la place à des sonorités plus modernes, parfois plus électroniques, parfois plus pop. Le travail sur les compositions et sur le son, qui s’était déjà pourtant amélioré sur Jouer Dehors, est clairement encore plus fin, plus poussé. Il en résulte un son plus massif qui nuit à la clarté du propos et donne à l’ensemble un côté un peu trop homogène, un peu trop lisse. Comme au surplus, le chant en anglais ne permet pas de bénéficier de la « beauté ironique » dont le groupe était coutumier au travers de ses paroles, il va sans dire que l’adhésion peut être ardue.

Entendons-nous bien, nous ne parlons pas là d’un mauvais album, mais d’un disque qui peine à déclencher l’étincelle décisive, un disque à qui il manque ce petit supplément d’âme propre à tout emporter : notre cœur comme nos oreilles. Pourtant, avec "Watch me", aux accents ouvertement rock, et avec "C La Mort", ironiquement le seul morceau chanté en français, nous sommes assez proche de l’extase. Mais c’est bien peu. Et on sort des écoutes de cet album avec un sentiment d’insatisfaction, faute d’avoir trouvé la dose de fraîcheur et d’impertinence dont le groupe a fait sa marque de fabrique.

Une réelle déception donc, mais qu’il faut nuancer au regard de la réception globalement positive dont a bénéficié cet ambitieux Hungry Dirty Baby.