MADEMOISELLE K est un groupe !
Cette précision liminaire est importante tant ce nom ambigu est, de ce fait, souvent uniquement attaché à la personnalité de Katerine GIERAK, sa chanteuse et guitariste.
Ceci étant dit, attaquons par leur genèse discographique. En 2007, celui qui est alors un nouveau venu sur la scène rock française sort Ça Me Vexe, son premier album d’une maturité et d’une personnalité déjà bien affirmées.
Dans un format résolument rock, qui pourrait évoquer P.J. HARVEY, le RADIOHEAD du début des années 90 ou bien les nantais de DOLLY, MADEMOISELLE K fait preuve d’une efficacité et d’une force de conviction impressionnantes.
Pourtant, avec son apparente candeur et la décontraction qu’il semble afficher, on pourrait dans un premier temps penser que le groupe se la joue dilettante. Sentiment qui peut se voir renforcé par des paroles qui flirtent avec l’ironie et un brin de provocation, ou tout au moins qui se la jouent un peu bravaches.
Mais il suffit de s’enfiler la triplette "Ça Sent L'été", "Ça Me Vexe" et "Le Cul Entre Deux Chaises" pour n’avoir plus aucun doute sur le sérieux de l’assise rock du groupe. Car si, lorsque MADEMOISELLE K déploie ses atours, il le fait avec une espièglerie et une nonchalance dans le ton qui créent un peu de mousse collatérale, le fond est lui des plus efficaces et bien construit.
L’entrainant aussi bien que convaincant "Ça Sent L'été", qui fait référence à l’échec de Katerine GIERAK au CAPES, suivi de l’imparable "Ça Me Vexe" et ses paroles mêlant autodérision et piques contre l’univers du showbiz, puis enfin "Le Cul Entre Deux Chaises" dont le rock est enrichi de petits gimmicks sonores du meilleur effet, cette triplette suffit pour asseoir la crédibilité et la légitimité du groupe.
Si l’on ajoute à cela les autres petites perles qui jalonnent l'album, on ne peut que s’incliner devant la qualité de ce premier essai. En premier lieu, on peut citer "Jalouse" qui, comme "Ça Me Vexe", est sorti en tant que single. Un titre moins unidimensionnellement rentre-dedans et dans lequel les vocaux se font plus tendres et plus fragiles par moment.
Mais également "Fringue Par Fringue", une histoire dans laquelle un effeuillage amoureux se marie avec un habillage musical. Plus les vêtements disparaissent, plus le son s’étoffe, monte en puissance jusqu’à l’explosion suprême. Et enfin, "Final", un morceau étonnant, recette idéale pour fin de concert, durant lequel le groupe dresse le bilan de sa relation avec son public. Une logorrhée qui ne semble devoir jamais s’arrêter où le groupe expose ses doutes et ses espoirs. C’est frais et heureux.

Toutefois, l’exhibition de tous ces excellents morceaux ne doit pas faire penser que les autres titres sont dispensables. Il n’y a en effet pas de réelles faiblesses dans Ça Me Vexe, tous les titres étant animés d’une flamme et d’une force contagieuses.
Le groupe s’expose tellement, se montre si touchant de naïveté et de naturel que notre cynisme naturel est battu en brèche. Et loin de voir dans les vocaux fragiles et les guitares énervées une posture rock bien huilée et réfléchie, MADEMOISELLE K parvient à nous ensorceler jusqu’à nous imprégner de sa sincérité et de sa passion.

Comme quoi, avec de l’énergie et de la passion, le rock peut encore être envoûtant.