Cinq années après l’excellent Sous les brûlures l’incandescence Intacte MADEMOISELLE K nous revient avec cet album éponyme qui a la redoutable mission de succéder à ce que je considère comme son pinacle artistique.

Dès la première écoute nous sommes rassurés. Et s’il est encore un peu tôt pour affirmer que Katerine Gierak est parvenue à renouveler le niveau de cette performance, on peut déjà dire que le style de ce nouvel album s’inscrit plus dans la droite ligne de Sous les brûlures l’incandescence Intacte que de celle de sa disgression anglophone de 2015, Hungry Dirty Baby, qui ne m’avait pas convaincu.
Ici, on retrouve ce mélange de Rock brut, de tendresse, de générosité, le tout, parfois constellé de petites sonorités Electro plutôt heureuses.
Le tendre et envoutant "Gaché" est indéniablement un des sommets de la facette la plus calme de cet album. Alors que "Vercors Hardcore", et sa voix trainante, est son pendant plus Rock. Ce sont deux titres magnifiques qui illustrent la large palette d’émotions et d’ambiances que MADEMOISELLE K est à même de nous offrir.
Car aussi bien lorsqu’elle fait parler sa sensibilité ("Les trains", "Gaché", "Sous mon pull"), que lorsqu’elle fait parler sa fougue et son côté torturé ("Chloroforme", "Nos intensités", "Gratin de tendresse"…) Mademoiselle Gierak se montre toujours convaincante et accueillante, tant ses morceaux nous enveloppent de leurs qualités avec une facilité qui semble toute naturelle.

Alors soit, il n’y peut-être pas sur ce dernier album en date la même rage à fleur de peau que sur Sous les brûlures l’incandescence Intacte, ni des singles aussi évidents que "On s’est laissé" ou bien "Sous les brûlures". Mais on retrouve le même plaisir d’écoute, la même facilité pour se fondre dans l’univers musical du groupe. Alors on ne peut vraiment pas parler de déception à ce niveau.
Surtout que la plupart des textes possède une musicalité séduisante, à l’image de l’entrainant "Garçon Bleu", une autre réussite de cet album. Au même titre que "Sous mon pull", un morceau qui est lui, inversement, tout en douceur et en tendresse.
Et puis, il y a toujours ces titres un peu hors normes, qui empruntent des sonorités à la scène Electro, et qui imposent leurs personnalités, après un premier contact un peu déconcertant.
Ici cela va être avec le lourd et sombre "J’rêve d’un CRS" et ses sonorités qui, sans aller jusqu’à l’Aggrotech, se font parfois bien pesantes, pour ensuite évoluer vers des passages plus aériens. Ou bien "Ta sueur" avec cette boite à rythme en introduction qui lorgne vers le "Enola Gay" d’ORCHESTRAL MANŒUVRES IN THE DARK, ce chant « parlé » et cette tension qui monte au fur et à mesure que le morceau avance. Le tout avec un côté hypnotique et cyclique particulièrement grisant.

Encore une fois MADEMOISELLE K nous propose un album personnel et envoutant, qui devrait ravir tout fan de Rock un peu original et organique.
Bon, puisque tout ne peut pas être parfait dans ce bas monde, il y a tout de même un petit « hic » : revers de l’indépendance, le disque ne sera pas disponible en boutique, mais uniquement en vente par correspondance.
Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire…