Ne faites pas attention à l’introduction « Surprise », je vous promets, ce rassemblement de 2 mixtapes nommé NQNTMQMQMB est bon. Pour comprendre, il faut cerner l’artiste VALD. En voilà, un chantier ! Le garçon a commencé en faisant des vidéos parfois drôles, parfois dérangeantes sur Youtube, mais qui n’ont pas amassé beaucoup de vues. Il a fini par sortir tout de même un album, puis deux, des E.Ps, avant de décider de remixer pour les ressortir tous ses anciens titres et de nous proposer cette galette. Avant de se lancer dans la découverte de l’album, quelques mots clés pour cerner le rappeur : inattendu, intelligent, incohérent, marrant.

Le succès du rappeur est aujourd’hui plus que confirmé, mais il est passé lui aussi par des galères sur les réseaux sociaux. Je me souviens encore du jour où un pote m’a envoyé « Journal Perso », avec ce clip de VALD tourné dans sa propre fac. J’ai accroché instantanément au morceau. Le rappeur nous attire la sympathie avec ses textes bien pensés. Donc, il a fallu se pencher sur la mixtape NQNTMQMQMB (Ni Queue Ni Tête Mais Qui Met Quand Même Bien, vous l’aviez surement deviné, c’est simple). Et là, « Smiley » avec une production survitaminée nous prend aux tripes avec un rap formidablement bien géré où VALD nous montre toute sa technique. Les sons de qualités s’enchaînent, aussi bien en passant par un « CQFD » qui a vraiment gagné à être remixé, un « Elyxir » où GEORGIO vient poser sa voix pour donner un tout fort cohérent, ou encore un « Lune », instrumental lancinant volé à MOBB DEEP. VALD nous arrache même un sourire avec « Winston », clopes qu’il considère comme les meilleures car les moins chères, où il nous propose un couplet sympathique adapté à l’image d’un-étudiant-qui-ne-sait-pas-vraiment-s’il-veut-continuer-les-études-ou-pas. « J’ai rêvé d’un verre de sang » donne un coup de pêche. VALD nous parle de son esprit tourmenté que l’on aura l’occasion de découvrir assez régulièrement d’ailleurs.
Il y a un énorme aspect comique dans cet album, notamment dans les interludes, mais aussi les introductions de certains morceaux. « Gouaould » fait mollement sourire, tandis que « Lettre à Elise » est du même calibre que l’introduction « Surprise », tout dépendra de votre sens de l’humour. Ceci étant, « Interlude », outre quelques vulgarités, propose un couplet qui fera réellement sourire l’auditeur, je vous laisse découvrir. Pour le reste des morceaux, il y a du vraiment bon. « Evoluchienne » gagne en qualité grâce à sa spontanéité ( appréciez la technique du VALD qui, je le rappelle, quand il enregistre n’est encore qu’un jeune ne sachant pas s’il veut continuer ses études), « Pas grave » est un couplet censé sur les ruptures qui calme le rythme de l’album, tandis que « Guedin » nous redonne un couplet plein de rage, un peu inférieur au reste du projet. « Branleur » est d’une justesse surprenante et me fait vraiment sourire, mais cela dépendra de votre sens de l’humour encore une fois.
La fin de ce premier album est sublimée par « Metafion », titre à vocation comique qui réussit assez aisément ce qu’on lui demande de faire. De plus, l’apparition de son acolyte SUIKON BLAZ AD est fort appréciable. Encore accompagné du même collègue, « Deuspi » nous fait sourire assez facilement et se paye le luxe d’être interprété sur un instrumental venu tout droit de chez le NOTORIOUS BIG.

Place maintenant à la seconde mixtape, Cours de rattrapage. Ne faites toujours pas attention au premier morceau d’introduction « Mon Présent », encore une fois assez primaire, et ne fera pas rire tout le monde, j’en conviens. Cependant, foncez sur « Donkey Punch », avec un VALD au sommet de sa technique de rap pour l’époque, qui nous donne un couplet court mais intense. A contrario, « John Doe » paraît être un morceau assez mou sur lequel VALD et son pote SUIKON BLAZ AD donnent des couplets sur le fait d’être un inconnu. Mais le titre est un peu moins perçant que le précédent, alors que la bombe « Cylindrique » va être lâchée juste après. Un morceau en collaboration avec BAZOO et qui à la base n’était prévu que pour figurer sur la mixtape de celui-ci. Plein de fougue et de fraicheur, ce titre ayant pour thème principal la drogue s’inscrit parmi les meilleurs de VALD à l’époque où il n’était pas encore connu du grand public. Avec GEORGIO, il s’épanouit aussi, comme sur « La ive » dont instrumental est concocté par INCH, producteur préféré de notre rappeur d’Aulnay-Sous-Bois.
Plus sérieuse, cette mixtape propose de nombreux morceaux solides tels que « NQNT » doté d’une mélodie tout droit venue du catalogue classique, en samplant la marche Hongroise de BERLIOZ, et où VALD et son pote AD s’amusent, dominent la production et sont en pleine réussite. Sur l’ovni «Hippopotomonstrosesquippedaliophobie » (si j’ai réussi à bien l’écrire je gagne quoi ?), VALD en featuring avec GAB envoie une prestation dantesque. Si le premier déploie un flow que rien ne peut museler et sur-vitaminé, le second a une voix beaucoup plus posée qui ralentit le rythme effréné de VALD, le morceau gagne à avoir les deux facettes. Un « Encore » un peu moyen est effacé par le grand « Pour si peu » sur lequel RABAKAR sort un couplet lancinant mais maîtrisé et VALD une prestation dantesque et amusante à écouter.
Les titres « Ass Propos » et « Adulez moi » sans être similaires se ressemblent par leur esprit dérangé, voire déplacé, et finalement pas du tout sérieux. Le premier propose de jolies prestations techniques de VALD et AD, tandis que le second nous emmène dans un délire personnel de VALD qui nous refait vivre les années 80’s avec un instrumental digne des plus grands producteurs de ces années, le tout supplémenté par des paroles risibles mais assumées. « Bukkake » est un morceau un peu trop foutoir, tandis « Bad Trip » nous propose quatre rappeurs différents pour quatre flows différents et, finalement, quatre couplets réussis. Sur « Spirale » comme sur « V.A.L.S.E » le rappeur nous propose des instrumentaux à l'aspect joyeux pour critiquer la société. Ces pistes sont de fières réussites. VALD et AD se permettent de voler un instrumental à ICE CUBE sur « Que fait la police », tandis que sur « Poésie Moderne » on trouve l’un des morceaux les plus réussis du projet, le rappeur en pleine adhésion avec l’instrumental qui lui convient parfaitement. La force de « Nique le bordel » nous prouve toutes les capacités de VALD qui deviendra forcément grand un jour – bon ok, je ne me mouille pas tellement en disant ça.

Que retenir de ces deux mixtapes, rassemblées en un seul double cd nommé NQNTMQMQMB ? Déjà, on note que la pochette en dédicace assumée à GTO est tout simplement excellente. Et sinon, niveau musique ? VALD prouve qu’il a des qualités, mieux même, il nous montre avec ces deux mixtapes que même sous-produit et indépendant il peut nous sortir des morceaux d’une efficacité redoutable. Bref, quand on jette un coup d’œil sur sa carrière actuelle, on est obligé de classer ces deux mixtapes comme piliers.