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GRYPHON - Gryphon (1973)
Par MARCO STIVELL le 30 Octobre 2018          Consultée 1019 fois

GRYPHON, c'est une chimère des légendes et une histoire de surdoués. Ils sont deux : Brian Gulland et Richard Harvey, diplômés du prestigieux Royal College of Music, London, England. Ils jouent d'abord seuls, puis se voient rejoints rapidement par Graham Taylor (guitares) ainsi que le batteur David Oberlé qui vient du milieu hard-rock.

Cependant, même en tant que quatuor, et tout le talent des deux "nouveaux" n'y change rien, GRYPHON repose en priorité et de manière indéfectible sur l'empreinte Gulland-Harvey. D'un côté, un sage au timbre de voix baryton-basse et des instruments qui s'y accordent, basson, tournebout basse ; de l'autre, un lutin qui combine tournebouts plus aigus, flûtes à bec et claviers.

Le premier album de GRYPHON, avec une pochette déjà terriblement parlante et ancrée dans son époque (nous sommes en 1973), reste mieux marqué par la collectivité globale de son effectif que les suivants, en matière d'écriture et d'adaptation d'airs traditionnels. Même si le résultat n'est pas rock et prog (pas encore !) comme chez FAIRPORT CONVENTION, JETHRO TULL et tant d'autres, la fougue est la même et le groupe ne peut que recevoir un accueil chaleureux, alors que le Royaume-Uni rayonne au son d'un folklore musical, ici plus authentique que jamais.

Dès la "Kemp's Jig", on est plongés dans une ambiance hors du temps, et il en est ainsi de tout l'univers du groupe, prenant ses racines dans le bas Moyen-Âge et étendu jusqu'à la période baroque anglaise. La gigue est vraiment anglaise, binaire, à dissocier des "jigs" celtiques. C'est une sélection de quatre mouvements dans un format court, notamment une superbe mélodie de flûte à bec par Richard Harvey et soutenue par le tournebout de Brian Gulland.

Tournebout, c'est notre mot pour le krummhörn, instrument fabriqué en Allemagne de l'ouest (crumhorn en anglais), importé par GRYPHON et qui se termine en arrondi net - d'où son nom -, à dissocier du cromorne français qui ressemble plus au hautbois classique ; mes excuses pour ne l'avoir jamais compris auparavant ! Outre le clavecin et l'harmonium d'Harvey, Graeme Taylor et David Oberlé, aux arpèges fiévreux comme aux bongos, apportent un soutien sans faille. La "Kemp's Jig" est, en trois minutes à peine, révélatrice du potentiel du groupe, en style et qualité.

Les instrumentaux tirent leur épingle du jeu : le délicat "Crossing the Styles" de Taylor seul aux influences baroques claires, "Touch and Go" où ses arpèges forment une toile enivrante avec la flûte à bec d'Harvey, la musique royale de "Pastime With Good Company" (que l'on pense devoir à Henry VIII... et c'est effectivement le cas !), ou celle plus enfantine de "Tea Wrecks". Les plus importants restent "Juniper Suite" et son jeu sur les rythmiques impaires, un lien direct avec les accointances jazz des années 1970, ainsi que "Estampie", autre sélection élégante et réussie, solo de batterie (non rock) compris et accompagné d'autres instruments ; ça change tout, peu y pensent !

Les chansons, adaptations de traditionnels, ne sont pas en reste. David Oberlé se pose en vocaliste principal, avec un timbre très agréable. On peut l'entendre dans "The Astrologer" et surtout "The Unquiet Grave", histoire poignante d'un homme qui pleure sa femme morte pendant longtemps, laquelle, réveillée dans son sommeil définitif (le basson et les percussions se perdent dans le lointain, créant un effet de suspension), lui dit simplement de vivre.

"Three Jolly Butchers" est plus délirante, les autres membres y chantent aussi : une histoire de brigands qui s'entre-tuent après avoir voulu attaquer, un soir sur une route, des bouchers qu'ils ont attirés grâce à une jeune femme nue, leur complice. Les instruments à vent créent une superbe polyphonie et Gulland se dédouble lui-même pour "The Devil and the Farmer's Wife", autre comédie plus intéressante que mémorable. On sent que le format court est étroit pour GRYPHON, et la seconde face de ce disque premier demeure moins forte. Néanmoins, si on aime le folk-prog des années 70 dans son habit le plus médiéval, c'est à écouter de toute urgence !

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   MARCO STIVELL

 
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- Brian Gulland (basson, tournebouts, claviers, chant)
- Richard Harvey (flûtes, claviers, tournebouts, mandoline)
- Dave Oberlé (percussions, chant)
- Graeme Taylor (guitares, claviers, flûte à bec, choeurs)


1. Kemp's Jig
2. Sir Gavin Grimbold
3. Touch And Go
4. Three Jolly Butchers
5. Pastime With Good Company
6. The Unquiet Grave
7. Estampie
8. Crossing The Styles
9. The Astrologer
10. Tea Wrecks
11. Juniper Suite
12. The Devil And The Farmer's Wife



             



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